Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Stefan Todorov, l'artiste rebelle de Sofia

Todorov ne partage pas mon amour pour Sofia ni pour la Bulgarie. Ce pays balkanique ne s'est jamais remis du communisme, selon lui. Le socialisme imposé par Staline a écrasé la vie artistique du pays.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Stefan Todorov est probablement l'un des artistes le plus en vogue à Sofia, en Bulgarie. Ses tableaux ont été vendus à la Cour Impériale du Japon, au roi du Maroc et même à Hillary Clinton. Stefan est une sorte de peintre-philosophe qui tente de dévoiler l'invisible sous différentes formes et couleurs. Il crée un espace devant lequel les gens deviennent libres de penser ; puisque la photographie saisit mieux les portraits et les paysages, inutile de les représenter.

Le plus fascinant est que cet homme génial mène son pinceau sans aucune hésitation. Représenter l'invisible est inaccessible à celui qui planifie. Todorov n'a aucun préjugé sur les couleurs, le noir n'a rien d'obscur, le blanc ne représente pas forcément le limpide. Toutes les teintes sont harmonieuses, seules les formes portent en elles une émotion, un sens, un sentiment ou même traduisent le subconscient.

Mais attention, l'humeur n'influence aucunement son travail, car les états d'âme n'ont rien à voir avec l'art, avec la composition des formes et des symboles géométriques ; à contrario, la forme peut influencer l'humeur. Todorov maîtrise ses hauts et ses bas dans le travail qu'il mène toujours au son de la musique liée à son dessein. Il ne cherche ni l'inspiration ni la méditation dans son ouvrage. Il y a le moment où il sent qu'il doit commencer l'œuvre qu'il compare à un livre. Chaque élément du tableau serait comme un chapitre. La réalisation de sa dernière toile a duré toute une année. Quand il peint, il le fait pendant douze heures d'affilée. Il m'avoue ne jamais se détendre ; sa relaxation est dans le mouvement.

Todorov ne partage pas mon amour pour Sofia ni pour la Bulgarie. Ce pays balkanique ne s'est jamais remis du communisme, selon lui. Le socialisme imposé par Staline a écrasé la vie artistique du pays. L'intelligentsia s'est enfuie ou a été éliminée brutalement. La nouvelle ère post-soviétique a cédé à une autre, celle du mauvais goût, du consumérisme ostentatoire, de la vulgarité si chère à la mafia qui aurait mis la main sur le pays.

J'ai l'impression qu'il y a comme une fatalité et une résignation dans la culture slave, mais Todorov est là pour me corriger, car la Pologne, la Slovaquie, la Tchéquie, la Slovénie et la Croatie, catholiques, ont su éviter ce cataclysme mafioso-orthodoxe dans lequel s'embourbent la Bulgarie, l'Ukraine, la Russie, la Moldavie, la Roumanie, la Serbie, la Macédoine, le Montenegro, la Biélorussie, l'Arménie et la Géorgie.

Comme beaucoup d'artistes talentueux, Todorov pense abandonner son pays pour s'installer en Italie. L'adhésion à l'Union européenne est certes utile au pays dans son objectif d'occidentalisation, mais elle le dessert avec la fuite des cerveaux et des artistes. La Bulgarie se dépeuple et s'appauvrit.

Quelques toiles de Stefan Todorov

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.