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C'est le cœur brisé que j'ai réagi avec impulsivité et en m'éparpillant dans toutes les rumeurs qui ont balayé le Québec dans un crescendo d'hébétude et de spéculations à la suite de la décision-surprise de Pierre Karl Péladeau.
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C'est le cœur brisé que j'ai réagi avec impulsivité et en m'éparpillant dans toutes les rumeurs qui ont balayé le Québec dans un crescendo d'hébétude et de spéculations à la suite de la décision-surprise de Pierre Karl Péladeau.

Le choc absorbé, je me surprends à y réfléchir en toute quiétude. Et à tenter d'expliquer ma réaction irrationnelle et ma recherche sur les dessous de cette décision qui m'a semblé être celle d'un homme «qui avait le gun sur la tempe», comme je l'ai écrit sur les plates-formes internet.

Je me surprends à revenir dans le temps, plusieurs décennies ont passé, depuis ce jour de ma première rencontre avec Pierre Péladeau, fondateur de Québecor et père de l'ex-chef du PQ.

«L'important, me confiait ce disciple de Nietzche, avant de faire l'indépendance politique de notre Québec, est de contribuer par nos écrits à la libération de l'homme québécois qui a trop longtemps courbé le dos dans une société où il était soumis aux boss de l'establishment à majorité anglaise, aux curés omnipotents et à la société matriarcale devant laquelle il abdique face à la puissance de la mère qui gère et mène la maisonnée. Pour se réfugier dans le silence.»

D'où l'image de cet homme de l'ère industrielle, celui des tavernes, qui n'a plus qu'un refuge pour y soigner ses désillusions en s'enivrant un bon coup pour oublier sa condition d'éternel vaincu, soumis aux puissances dominatrices qui le dévorent à petit feu.

Pierre Péladeau en appelait donc à cette libération de l'âme et de la mentalité. Celle qui permettrait à l'homme québécois un retour à la source de ses fières racines dont on retrouve l'illustration dans l'image de nos anciens coureurs des bois canadiens et français qui, tels des Radisson ou d'Iberville, partaient en toute liberté à la conquête de l'Amérique du Nord. Image du surhomme qui n'a peur de rien et qui affronte avec détermination et courage tous les obstacles mis sur le chemin de sa vie.

Quand Pierre Karl Péladeau a décidé de plonger en politique et qu'il a lancé son cri de ralliement en faveur du pays du Québec, j'ai immédiatement été subjugué par le symbole flamboyant de l'homme québécois nouveau. Celui qui, sans cette peur qui ronge de père en fils les descendants de colonisés, tiendra tête jusqu'au bout aux forces dominantes qui ont réussi à faire plier la plupart de nos politiques qui s'y sont frottés.

J'y ai associé l'image du surhomme qui, tel un Moïse des temps modernes, allait permettre à son peuple soumis et indifférent de se libérer de ses entraves intérieures et extérieures en affrontant notre pire ennemi: la peur de l'échec et celle de connaitre le sort tragique des Patriotes et de tous ces malheureux exilés, victimes des «grands dérangements» qui ont suivi nos défaites. Une malédiction qui se transmet par la suite de génération en génération.

Quand j'ai vu à la télé cet homme fort, fier et décomplexé, espoir et symbole de libération pour des milliers de Québécois, dans cet état d'abattement total et de capitulation sur tous les fronts, j'ai réalisé à quel point cette tragédie humaine allait marquer l'histoire sans fin et souvent désespérée de la libération du Québec, de ses maladives dépendances.

On aura beau redire à tout vent que personne n'est irremplaçable, que c'était peut-être mieux comme cela, je crois que le symbole de la victoire et de l'indépendance, une fois de plus dans notre histoire de survivance, se retrouve vaincu. Terrassé par d'obscures forces qui, depuis la Conquête, ont mis fin aux merveilleux rêves de nos illustres coureurs des bois, ces grands libérateurs d'espaces, ces surhommes dont on a réussi à tuer l'esprit de conquête et de dépassement de soi.

Hélas, la défaite et la résignation tranquille semblent s'accrocher comme un poupon à sa mère à notre ADN national.

Je trouve que c'est triste à en pleurer toutes les larmes de mon cœur en deuil et en miettes.

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Pierre Karl Péladeau

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