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Le coupable, selon nous, c'est l'étranger qui nie nos valeurs; mais le seul coupable, c'est celui qui nie son passé.
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Partout au Canada, on subit les foudres de la majorité dominante anglophone et maintenant elle se manifeste par une haine de l'autre.
Perry Mastrovito via Getty Images
Partout au Canada, on subit les foudres de la majorité dominante anglophone et maintenant elle se manifeste par une haine de l'autre.

On ne compte plus les événements à caractère raciste ces temps-ci. D'ailleurs, c'est à se demander si ces actes de discrimination ne seraient pas liés à l'élaboration, par le gouvernement du Québec, d'un projet de loi visant à interdire les signes religieux à certains employés de la fonction publique.

Que ce soit Jonathan Diaby victime de racisme pendant un match de la LNAH ou encore TVA nouvelles qui retire un article sur la mort tragique d'immigrants syriens dans un incendie en Nouvelle-Écosse, il semble y avoir, ces temps-ci, une forme de récurrence d'événements à caractère raciste, discriminatoire ou islamophobe.

Un peuple dénué de repères?

Avec le report du projet d'indépendance du Québec par le Parti québécois ou encore la présentation de politiques plutôt axées vers la gauche par Québec solidaire, les indépendantistes et nationalistes québécois semblent présentement en manque de repères.

On peut le sentir, depuis 1995, le Québec subit les torts d'un référendum perdant, et ce, notamment par un discours tristement rendu célèbre par Jacques Parizeau et une citation qui demeurera à jamais marquée dans notre conscience collective. Le Québec francophone s'étiole: c'est la peur d'un nombre important d'entre nous.

En fait, ce n'est pas vraiment le Québec, de par ses valeurs, qui s'étiole, mais plutôt sa volonté insipide d'oublier son passé: de le reléguer aux oubliettes. Winston Churchill nous rappelle quelque chose d'important à ce sujet: «Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.»

C'est quoi, le malaise?

Ce qui fait peur au Québec, ce n'est pas l'Islam ou l'étranger, ni même celui qui est différent par son orientation sexuelle ou son identité de genre.

Ce qui dérange au Québec, c'est qu'on n'a plus aucun projet de société qui nous unit dans notre différence.

Tant et aussi longtemps qu'on sera divisé, on essaiera de trouver un coupable à nos problèmes. Le vrai coupable à nos problèmes, ce n'est pas l'Islam ou l'immigrant musulman: le vrai coupable selon moi, c'est le Québécois moyen qui refuse de s'éduquer et qui demeure dans son ignorance.

Le vrai malaise, c'est la francophonie qui s'étiole. Cette langue qui, jadis, était au cœur de notre métropole devient subitement confinée au second rang du parler, priorisant ainsi l'anglais. On le sent partout au centre-ville, bon nombre de commerçants s'adressent à nous avant tout en anglais ou utilisent encore la formule du «Bonjour/Hi». Il est là le vrai malaise, se sentir étranger dans sa propre ville.

Au printemps 1885, un certain chef métis nommé Louis Riel chapeaute une rébellion contre le gouvernement canadien dans les Prairies, il sera exécuté pour trahison en novembre. John A. Macdonald, alors premier ministre du Canada et l'un des pères fondateurs de la confédération, avait alors déclaré: «Il sera pendu même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur».

À une certaine époque, on pouvait être pendu pour défendre la langue de chez nous. Aujourd'hui: on accepte simplement de parler en anglais au centre-ville, parce que c'est plus facile; on en vient à diaboliser le multiculturalisme et le cours d'Éthique et culture religieuse, parce qu'on ne sait plus qui ou quoi blâmer; on se pâme devant un premier ministre francophone qui cherche ses mots dans sa langue maternelle; on brime les acquis de francophones de l'Ontario par des compressions budgétaires; on élit un gouvernement hostile à la francophonie au Nouveau-Brunswick (la seule province officiellement bilingue au Canada); et j'en passe.

Partout au Canada, on subit les foudres de la majorité dominante anglophone et maintenant elle se manifeste par une haine de l'autre. Qui ne dit mot consent, me dira-t-on. Je crois que c'est exactement ce qui se passe avec nous. On s'en fout totalement ou encore on met le problème sur le dos des autres: ce sont les immigrants qui refusent d'apprendre notre langue (je l'ai entendue souvent cette phrase).

Pourtant, cette masse immigrante et musulmane en majorité est ironiquement francophone. Tant et aussi longtemps qu'on acceptera que le français demeure une langue minoritaire en Amérique: le malaise subsistera, parce qu'il faudra trouver un coupable.

Ce coupable, selon nous, c'est l'étranger qui nie nos valeurs; mais le seul coupable, c'est celui qui nie son passé.

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