Cette saga entourant les hausses salariales des dirigeants de Bombardier m'a forcé à me questionner sur la place de la législation dans la rémunération des dirigeants d'entreprises privées.
Tel que mentionné précédemment, on pourrait croire que les salaires de dirigeants d'entreprises privées ne relèvent pas du tout du gouvernement ou du pouvoir public. D'ailleurs, cela semble le cas lorsque le premier ministre lui-même refuse d'intervenir pour exiger un recul des hausses salariales accordées aux dirigeants de Bombardier.
Aux États-Unis
En 2009, le gouvernement de Barack Obama envisage de plafonner les salaires des dirigeants d'entreprises recevant des subventions gouvernementales (article du New York Times en anglais). À l'époque, ce type de législation visait directement les dirigeants de grandes banques comme Citigroup ou Bank of America, entre autres, mais aussi pour les entreprises du secteur automobile essentiellement (Chrysler et General Motors).
En Suisse
C'est par référendum que les Suisses se sont prononcés sur un droit de veto aux actionnaires d'entreprises cotées en bourse. Ainsi, on approuve aux actionnaires un pouvoir discrétionnaire sur le montant des salaires, sur l'interdiction des primes d'entrée et des indemnités de départ pour les sociétés inscrites en bourse.
Au Québec
Chez nous, au Québec, on accorde plus d'un milliard de dollars en subventions gouvernementales pour la CSeries, mais on refuse de s'immiscer dans les décisions de Bombardier. C'est scandaleux. Si cette entreprise était soumise uniquement au libre-marché, je n'aurais rien dit quant à la rémunération des dirigeants de Bombardier. Quoi qu'on pense, Bombardier ne peut plus jouir d'un statut «d'entreprise privée», car l'implication du gouvernement du Québec dans la CSeries fait en sorte que cette entreprise appartient, entre autres, au secteur public.
D'ailleurs, la motion de Québec Solidaire va directement en ce sens: l'aide attribuée par l'État devrait être assortie d'un plafonnement de la rémunération des dirigeants. C'est un enjeu fondamental de notre société, car nos fonds publics ne devraient pas servir à l'enrichissement personnel et démesuré de dirigeants d'entreprises. C'est carrément indécent d'augmenter le salaire d'une personne qui gagne déjà des millions, ce n'est pas comme si cette dernière perdait son pouvoir d'achat à cause de l'inflation.
Un article du Figaro nous rappelle d'ailleurs que le Canada est le second (après les États-Unis) quant au ratio entre la rémunération moyenne des dirigeants et celle des salariés. En moyenne, au pays, les patrons du privé gagnent 206 fois le salaire de leurs salariés. Pour une société égalitaire, on repassera.
Bref, Bombardier et toutes les entreprises que nous finançons nous appartiennent collectivement. Il semble plus que normal que les Québécois aient leur mot à dire quant à la rémunération des dirigeants de cette entreprise. D'ailleurs, une quelconque entreprise subventionnée par le gouvernement devrait être soumise à ce même dictat.
Le gouvernement du Québec devrait envisager un projet de loi afin de plafonner les salaires de dirigeants d'entreprises recevant des subventions gouvernementales.
Le gouvernement du Québec devrait envisager un projet de loi afin de plafonner les salaires de dirigeants d'entreprises recevant des subventions gouvernementales. Cela va de soi, et ce, pour une société plus égalitaire, juste et soucieuse d'une saine redistribution de la richesse.
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