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Quand on a l'humilité d'accepter qu'on ne représente pas le véhicule pour mener à une victoire aux élections, force est de constater que ce qu'habite M. Lisée est la volonté insatiable de faire du Québec un pays.
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Dany Turcotte devrait lire ce livre. Il y remarquerait, entre autres, que cet ouvrage se consacre avant tout aux autres.
KARINE DUFOUR VIA RADIO-CANADA
Dany Turcotte devrait lire ce livre. Il y remarquerait, entre autres, que cet ouvrage se consacre avant tout aux autres.

Dans le plus récent ouvrage de Jean-François Lisée, Qui veut la peau du Parti Québécois?, l'auteur tente de déceler les failles de la défaite historique du PQ aux dernières élections. En y exposant 50+1 leçons en politique, on reconnait, par sa plume, le chroniqueur tant apprécié qui nous présente son navire bourlinguant jusqu'en octobre 2018.

De prime abord, je dirais que Dany Turcotte devrait lire ce livre. Il y remarquerait, entre autres, que cet ouvrage se consacre avant tout aux autres. Quand on a l'humilité d'accepter qu'on ne représente pas le véhicule pour mener à terme une victoire aux élections, force est de constater que ce qu'habite Jean-François Lisée est la volonté insatiable de faire du Québec un pays. La patrie avant le parti, c'est une maxime qu'il a bien assimilée. Ça ne prend pas de l'égocentrisme pour vouloir le mieux pour le Québec.

La campagne électorale, une question d'image

Lisée revient sur l'idée que l'image du PQ devait changer, car elle n'incarnait plus désormais ce progressisme d'antan, et ce, notamment à cause des gouvernements Bouchard et Landry qui étaient davantage axés sur le déficit zéro. C'est tout de même une image qui a terni le regard qu'ont les Québécois envers ce parti, on l'a souvent qualifié d'avoir des penchants de néolibéralisme.

Il revient sur son vote de confiance précédant la campagne électorale, mais omet son élection à la chefferie du Parti québécois. S'il n'en demeure pas moins que Lisée a été élu démocratiquement comme chef du PQ, on se rappelle l'épisode où il avait lié Alexandre Cloutier à Adil Charkaoui.

À la suite de cet évènement, Lisée est sorti comme le Messie tant attendu par les militants péquistes. Or, cynisme au plus haut point, pensez-vous vraiment que les Québécois se sont réconciliés avec le discours diviseur du nouveau chef élu? Votre cote de popularité n'a certainement pas monté à la suite de cet épisode.

L'auteur refuse de parler d'échec lorsqu'il est question de vulgarisation du projet d'indépendance du Québec.

Il est vrai que le PQ a parlé d'indépendance lors de la dernière campagne, mais lorsqu'on relègue le projet à un second mandat, ça ne devient plus de l'actualité, mais une vulgaire rhétorique qu'on a trop souvent entendue, du moins selon les médias.

D'ailleurs, il constate, notamment, que la forte présence des sondages a une préséance importante dans l'espace médiatique, reléguant ainsi le message du PQ à une 3 place aux élections. Il serait d'ailleurs pertinent d'interdire les sondages lors des campagnes électorales, à mon avis, mais c'est un autre débat.

Le Québec ne veut pas de projet de société?

Selon moi, le peuple n'est pas réfractaire au projet de société, il est seulement réfractaire à l'idée d'un parti qui cherche à gagner le pouvoir et non à présenter ses idées.

«Pourquoi la CAQ n'a-t-elle présenté aucun "projet de société"? Parce que, comme nous et probablement les libéraux, elle a constaté que les électeurs de 2018 étaient plus que jamais allergiques aux projets collectifs, cyniques envers les promesses ambitieuses, intéressés par ce qui pouvait leur être utile, immédiatement, dans leur vie personnelle. [...] Ils sont extrêmement individualistes. Utilitaristes. Méfiants. [...] Voilà d'ailleurs le point de tension très visible entre notre base militante, qui carbure au projet collectif et au projet de société, et les électeurs qu'il faut convaincre, qui n'en ont rien à cirer. Le défi est de concilier les deux.» (p. 101-102, Qui veut la peau du Parti Québécois?)

Lorsque l'auteur fait référence à ce qui peut leur être «utile, immédiatement», comment peut-il prétendre qu'en promettant un référendum dans un 2 mandat on peut être utile à la population? Ce n'est tellement pas palpable que l'on comprend difficilement comment appuyer un parti qui pense déjà se faire élire dans un second mandat. En plus, si on reporte l'article 1 du programme, le PQ ressemble davantage à un parti qui tente de gagner aux élections, qu'un parti qui tente de présenter quelque chose de tangible aux citoyens.

Et si le PQ faisait rêver plutôt que de vouloir gagner?

Il ne va pas sans dire que cet ouvrage se veut aussi un règlement de compte envers Québec solidaire. En même temps, l'auteur a raison, la division du vote souverainiste ne peut être que fratricide à long terme, et ce, que QS le veuille ou non. Que vous aimiez Jean-François Lisée ou pas, le voir basculer de stratège à politicien nous offre une perspective peu enviable à quiconque souhaite porter les chaussures de chef de parti, mais il n'en demeure pas moins que Qui veut la peau du Parti Québécois? est habilement ficelé.

Cet ouvrage est parsemé d'anecdotes et d'enseignements du fonctionnement du portrait médiatique / politique québécois. Il nous livre des informations essentielles sur la politique, les médias et la démocratie, et on y décèle une tendance idéologique à la Noam Chomsky. En tout cas, moi j'aime ça!

Quand on y pense, je ne sais pas si le départ de Catherine Fournier est regrettable, mais je respecte sa décision. À la fin, je ne sais pas plus qui veut la peau du Parti québécois. Quand on y pense, ce n'est pas que les idées du PQ ne se valent pas, mais en essayant de toucher à tout ce qui est populaire dans l'opinion publique, on finit par noyer le poisson. Cette citation de Pierre Bourgault me semble de circonstance, encore aujourd'hui:

«La respectabilité, ce n'est pas une image, c'est ce à quoi on arrive quand, après des années, on se retrouve fidèles à ses objectifs du début, fidèles à ses principes du début et fidèles à ses rêves du début.»

Au fond, peut-être que le PQ a perdu une partie de cette respectabilité. Qui veut la peau du Parti québécois? est disponible en prévente sur www.Laboitealisee.com.

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