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Les tartuferies électorales: l'illusion des promesses

Comment les différents partis politiques arrivent-ils à créer l'illusion que de telles promesses peuvent s'avérer réalisables?
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Oui, les candidats méritent que les électeurs les écoutent, mais ces derniers ont le choix de décider de la faisabilité des promesses qui leur sont soumises.
Anna Wagner / EyeEm via Getty Images
Oui, les candidats méritent que les électeurs les écoutent, mais ces derniers ont le choix de décider de la faisabilité des promesses qui leur sont soumises.

«En politique, une absurdité n'est pas un handicap»Napoléon Bonaparte

Les millions de dollars pleuvent sur cette campagne électorale comme jamais auparavant: le Parti libéral du Québec veut ajouter près de 3 milliards $ au budget de l'éducation sur quatre ans et injecter 400 millions $ de plus par année, afin de rénover les écoles du Québec, une promesse sur 10 ans. Ce parti a été au pouvoir pendant presque 15 ans et rien de concret n'a été constaté sur le terrain, outre les coupes budgétaires.

Ensuite, le Parti québécois souhaite implanter un service de repas sains dans les écoles primaires à faible coût afin de «libérer» les parents des lunchs. Un tel service est déjà offert dans 70% des écoles au Québec. La Coalition avenir Québec veut, quant à elle, cesser la construction de CHSLD et construire plutôt des «maisons des aînés» - des unités climatisées où les aînés auraient au moins deux bains par semaine. Il s'agit ici du projet d'une génération, espérons que ce projet n'aboutisse pas sur une tablette ou dans un bac à recyclage; les aînés méritent toute la dignité possible. Finalement, pour Québec solidaire, bien... la réalité d'un gouvernement solidaire se reflète dans la fiction de leurs propositions.

Bienvenue dans le monde des tartuferies électorales

Un peu partout en ce moment au Québec, plusieurs citoyens se questionnent. Comment les différents partis politiques arrivent-ils à créer l'illusion que de telles promesses peuvent s'avérer réalisables? D'emblée, les citoyens veulent se voir offrir quelque chose avant d'arrêter leur choix lorsque viendra le temps d'aller aux urnes. Cependant, est-ce qu'au préalable les promesses des partis s'acquittent des critères suivants: sont-elles mesurables? Sont-elles réalistes et réalisables? Sont-elles faites avec une estimation des coûts? Et est-ce que la source des revenus est clairement identifiée?

Il recycle aujourd'hui une proposition vieille de 15 ans; eh oui, l'absurdité n'est pas un handicap.

Or, certaines de ces propositions peuvent nous sembler parfois recyclées, voire même loufoques. Prenons par exemple le Parti libéral du Québec qui désirait, en 2003, rendre l'Internet accessible partout en région. Il recycle aujourd'hui une proposition vieille de 15 ans; eh oui, l'absurdité n'est pas un handicap.

Québec solidaire, quant à lui, veut nationaliser l'Internet. Cherchez le ridicule en tout, vous le trouverez. Et le Parti québécois qui, à une certaine époque, brandissait l'espoir d'avoir un passeport québécois offre désormais un passeport culturel d'une valeur de 50$. Il faut savoir en prendre et en laisser.

Les politiciens réalisent-ils leurs promesses?

Arrive-t-il parfois que les politiciens parviennent à réaliser ce qu'ils ont promis au cours d'une campagne électorale? Selon l'auteur Michael Krukones, dans Promises and Performance: Presidential Campaigns as Policy Predictors (1984), celui-ci a établi que, aux États-Unis, près de 75% des promesses faites par les présidents de Woodrow Wilson jusqu'à Jimmy Carter étaient tenues. Et dans Presidents and Promises: From Campaign Pledge to Presidential Performance (1985), l'auteur Jeff Fishel a considéré les campagnes de John F. Kennedy jusqu'à celle de Ronald Reagan.

Il a trouvé que les présidents tentent invariablement de tenir leurs promesses. La principale raison pour laquelle certaines promesses ne sont pas réalisées est l'opposition du Congrès, et non pas en raison d'une volte-face présidentielle.

D'ailleurs, le président Barack Obama, lors de sa campagne électorale pour sa réélection en 2012, a fait 508 promesses distinctes pendant la campagne. Parmi celles-ci, il s'est acquitté de 158, soit un peu moins d'un tiers. Selon Politifact, il a rompu 54 promesses, soit un peu plus de 10%.

Plus près de nous, selon l'équipe de chercheurs Poltext qui a mis au point le polimètre, le premier ministre Justin Trudeau a, quant à lui, réalisé 42 % de ses promesses et 39% sont en voie de l'être, 15% sont en suspens et finalement il en a rompu 4% sur un total de 353 qu'il a formulées.

S'éloigner du débat d'idées

De plus en plus, les campagnes électorales nous éloignent des débats d'idées où les candidats peuvent inculquer une vision de la société, afin de rendre celle-ci plus juste et équitable pour tous. Cependant, les arguments économiques tiennent toujours le haut du pavé, car les citoyens, comme des consommateurs, en veulent pour leur argent.

Dans une certaine mesure, les politiciens respectent leur parole.

Ce qui fait en sorte qu'en chiffrant des promesses électorales à coup de millions de dollars, nous pouvons observer quels sont les politiciens qui tiennent réellement leurs promesses. Et comme les exemples ci-dessus le démontrent, dans une certaine mesure, les politiciens tendent à respecter leur parole. Malheureusement, beaucoup d'entre nous ne retiennent que ce qui ne s'est pas matérialisé.

Ainsi, les candidats tenteront de charmer les électeurs en leur faisant miroiter les vertus idéologiques de leur parti, en leur démontrant tout le bon sens de leur cadre financier et en leur communiquant des slogans de moins de trois mots dans le but d'abasourdir les indécis. Oui, les candidats méritent que les électeurs les écoutent, mais ces derniers ont le choix de décider de la faisabilité des promesses qui leur sont soumises. De plus, la population a toujours le meilleur sens politique pour concevoir la société qu'elle mérite, et ce malgré que les promesses soient tenues ou non.

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