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Le PQ aura-t-il une autre chance de faire une première impression?

Cette élection sera-t-elle l'équivalent d'un troisième référendum perdu sur la souveraineté? Depuis le débat des chefs, Pauline Marois essaie de recentrer son message sur les enjeux gagnants : son programme économique; l'identité et la charte de la laïcité; l'intégrité et le grand nettoyage. Y parviendra-t-elle?
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Cette élection sera-t-elle l'équivalent d'un troisième référendum perdu sur la souveraineté? Depuis le débat des chefs, Pauline Marois essaie de recentrer son message sur les enjeux gagnants : son programme économique; l'identité et la charte de la laïcité; l'intégrité et le grand nettoyage.

Y parviendra-t-elle? De la réponse à cette question dépendent son avenir politique et celui du Parti québécois.

À ce jour, le point tournant de la campagne demeure l'entrée fracassante de Pierre Karl Péladeau dans la mêlée, et particulièrement l'image forte de sa profession de foi indépendantiste, poing levé à l'appui.

Pour plusieurs, cet événement a transformé l'élection en campagne référendaire et bousculé le plan de match du PQ.

Car, dans l'esprit des péquistes, l'appui potentiel à la souveraineté existe, dissimulé sous plusieurs couches de peur, d'indifférence et d'hésitation. Il s'agit de faire mûrir l'opinion et de laisser émerger les circonstances, encore indéfinies, qui seraient favorables au Oui. Mais le chemin vers cet objectif passe par des débats déchirants et des choix difficiles. Plusieurs, même s'ils pourraient être sympathiques à l'idée de la souveraineté, ne ressentent pas l'urgence qui justifierait ces difficultés.

Comme le patient qui remet toujours à plus tard l'angoissante chirurgie qui lui permettrait de soulager un mal auquel il s'est habitué, plusieurs Québécois préfèrent pousser en avant le moment de la décision et garder la souveraineté en réserve comme un dernier recours, un idéal d'autant plus réconfortant qu'il demeure abstrait et distant. Plusieurs Québécois aiment l'idée d'indépendance, mais pas celle de payer le prix pour en faire une réalité.

En 1995, les « conditions favorables » avaient été offertes sur un plateau d'argent par Robert Bourassa et par le reste du Canada, après une décennie de mélodrame constitutionnel. Ça n'arrivera plus.

Pour voir émerger les conditions d'un référendum gagnant, le Parti québécois doit avant tout gouverner la « province », et le faire exceptionnellement bien en y mettant le temps qu'il faut. Gens trop pressés s'abstenir.

On note que, lors des deux scrutins qui ont précédé des référendums, les slogans péquistes reposaient sur le thème du « bon gouvernement » : en 1976, René Lévesque soulignait le « besoin d'un vrai gouvernement »; en 1994 Jacques Parizeau promettait « une autre façon de gouverner ».

Les leaders souverainistes qui projetaient de mener le Québec aux portes de l'indépendance comprenaient bien qu'il fallait d'abord promettre - et surtout livrer - un gouvernement exemplaire.

C'est ce qui a cloché avec l'arrivée de Pierre Karl Péladeau. Imaginez la scène suivante : au moment d'annoncer sa candidature, PKP lève le poing non pas pour manifester sa foi indépendantiste (avait-il vraiment besoin de le faire?), mais pour proclamer sa conviction qu'il faut donner au Québec le gouvernement péquiste dont il a besoin pour mobiliser son esprit d'entreprise et stimuler son économie pour le bien de la société. Évidemment, on aurait bien fini par lui faire admettre que cela serait le prélude à une indépendance qu'il souhaite depuis belle lurette, mais un tel scénario aurait donné un ton tout autre à la campagne.

Il est difficile de remettre le dentifrice dans le tube, mais pour le Parti québécois, la clé de la victoire réside dans sa capacité de se servir de ses nombreux atouts - dont PKP - pour démontrer qu'il peut gouverner le Québec efficacement et le sortir de la morosité.

Certes, on a rarement une deuxième chance de faire une première impression. Il doit y avoir des stratèges péquistes qui aimeraient bien rembobiner la pellicule et réécrire le script de l'entrée en scène de PKP.

Quoi qu'il en soit, deux semaines en politique, c'est long. C'est long surtout si la victoire dépend d'une tranche très mince de l'électorat dont certains des électeurs qui la composent sont parmi les moins engagés, les moins informés et les moins prévisibles.

D'ici au 7 avril, le défi pour le Parti québécois est de redresser son message et de convaincre ces électeurs mouvants qu'ils sont seuls à pouvoir former un gouvernement en qui les Québécois peuvent faire confiance en ces temps difficiles.

Depuis le débat, Pauline Marois répète à tout vent qu'il « n'y aura pas de référendum sur la souveraineté tant que les Québécois ne sont pas prêts à le faire ». Cette formule lui permettra-t-elle de rediriger sa campagne vers l'objectif nécessaire du « bon gouvernement »? Peut-être, mais si ça ne fonctionne pas, le souvenir d'une occasion manquée de donner le ton à la campagne laissera un goût amer.

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