Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'apprentissage du viol se transmet de génération en génération

On apprend aux hommes qu'ils sont assez forts pour violer, aux femmes, assez faibles pour être violées.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

«J'étais le sol sous vos pas et je ne le savais pas.» - Anne Sylvestre

Examinons ces deux photos officielles :

Le Conseil des ministres de Philippe Couillard

Le Conseil des ministres de Pauline Marois

C'est la première rangée qui nous intéresse. Philippe Couillard, jambes écartées, prêt à attaquer. Pauline Marois, jambes collées, vulnérable. Tous les hommes à part Carlos J. Leitão ont les jambes plus ou moins écartées. Toutes les femmes les gardent bien collées. C'est un cliché, une convention inévitable dans toutes les photos officielles.

Les photographes professionnels connaissent leur métier. Dans la première photo, les jambes des femmes penchent systématiquement vers Philippe Couillard. Ce sont des lignes féminines qui nous dirigent vers le chef.

Nous trouverions choquant que les femmes prennent la pose de Philippe Couillard. Même Pauline n'a pas osé. Il a fallu la mettre dans un fauteuil pour asseoir son autorité! Pourquoi est-il inconvenant pour une femme d'écarter les jambes en position assise? Pourquoi doit-elle se montrer faible et soumise dans une photo officielle?

Nous trouverions ridicule que les hommes ferment leurs jambes à la manière des femmes. Pourquoi est-ce convenable et souhaitable pour eux d'écarter les jambes? Pourquoi ne collent-ils pas leurs jambes comme font les femmes? Pourquoi doivent-ils paraître forts? Pourquoi évitent-ils comme la peste d'avoir l'air faible?

Il y a les chasseurs. Il y a les proies. Les rôles sont assimilés dès la plus tendre enfance. Les chasseurs sont prêts à attaquer. Les proies sont vulnérables. Ce qui nous ramène à l'actualité : toutes ces femmes qui dénoncent les abus sexuels dont elles ont été victimes. Elles auront beau dénoncer, rien ne changera tant qu'elles ne pourront pas écarter les jambes sans passer pour des salopes ou des gouines. Rien ne changera tant que les hommes ne pourront pas coller les leurs sans paraître efféminés ou se faire traiter de tapettes. Rien ne changera tant que les hommes et les femmes n'adopteront pas une attitude commune.

L'apprentissage du viol se transmet de génération en génération. On apprend aux hommes qu'ils sont assez forts pour violer, aux femmes, assez faibles pour être violées. C'est évident quand on regarde ces deux photos.

Dénoncer peut être utile quand cela ne va pas jusqu'à la délation. Ce qui nous amène à La chasse à l'homme de Pierre Foglia. J'ai lu son texte. Plusieurs fois parce que je n'ai pas tout bien compris la première fois. En le relisant, j'ai su que j'avais compris du premier coup l'essentiel de son propos : dénoncer le viol, c'est nécessaire; dénoncer mon oncle, mon prof ou mon curé, c'est dangereux. Si l'on a des comptes personnels à régler, il faut le faire en privé, pas sur la place publique. La dénonciation est vertueuse; la délation, vicieuse. Il ne dit pas autre chose. Mais son écriture est d'une violence telle qu'on peut facilement se méprendre.

Dénoncer le viol est certes nécessaire. Mais ce sera peine perdue aussi longtemps que nous élèverons nos filles dans la soumission et la vulnérabilité. Il est temps pour elles d'apprendre les vertus de la violence.

Merci à François pour l'étincelle.

Si vous aimez ce billet, cliquez sur «J'aime» et partagez-le. C'est en haut de la page. En fait, vous pouvez le partager même si vous n'aimez pas!

Un chef-d'œuvre d'Anne Sylvestre : Une sorcière comme les autres.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.