Qu'on le regarde sous tous les angles, arithmétiquement, le Parti libéral du Québec est condamné à exercer le pouvoir en raison de la concentration géographique de ses appuis traditionnels. Cela lui confère, minimalement, une cinquantaine de circonscriptions électorales.
D'un système politique à deux formations principales, les Québécois ont migré vers le multipartisme depuis quelques années, concrétisant une offre politique variée. La montée de l'Action démocratique du Québec en 2003 et 2007, l'arrivée de Québec Solidaire en 2006, le mariage entre l'ADQ et la Coalition avenir Québec en 2012 et la naissance d'Option nationale, sans oublier les Verts, illustrent ce multipartisme, dont l'une des conséquences est de favoriser une réélection pratiquement systématique des libéraux.
Depuis le dernier scrutin de 2014, la convergence des formations souverainistes tente de jeter les bases d'une éventuelle collaboration.
Or, l'important fossé idéologique entre les partis souverainistes rend précaire une telle convergence sur la perspective d'un mandat complet de gouvernement, surtout en l'absence d'une perspective référendaire à court terme.
Si René Lévesque a réussi avec la naissance du Parti Québécois à rallier des acteurs de l'ensemble du spectre politique, force est de constater qu'un tel résultat est aujourd'hui illusoire.
Un constat similaire se confirme entre le PQ et la CAQ. Outre certains objectifs communs en matière d'identité, d'intégrité et de nationalisme économique ; la social-démocratie péquiste se butte au conservatisme fiscal caquiste.
Si René Lévesque a réussi avec la naissance du Parti Québécois à rallier des acteurs de l'ensemble du spectre politique, force est de constater qu'un tel résultat est aujourd'hui illusoire. Battre les libéraux ne semble pas être un objectif assez fort pour concrétiser, dans l'immédiat, une convergence des forces d'opposition au Québec ; tous ayant espoir de faire croître ses intentions de vote afin de devenir l'alternative naturelle au gouvernement en place.
Ce souhait commun de remplacer les libéraux à la tête de l'État québécois ne passe cependant pas le test de la réelle politique. Alors que les libéraux font le plein de circonscriptions à Montréal, à Laval, en Estrie et en Outaouais ; les partis d'opposition se divisent l'essentiel des autres circonscriptions.
La question est donc de savoir si un projet rassembleur et névralgique pour la démocratie québécoise, pourrait concrétiser un rapprochement des partis d'opposition.
Corriger le déficit démocratique lié à l'actuel mode de scrutin, qui ne permet pas une représentativité précise des résultats électoraux, peut devenir ce projet rassembleur.
Les libéraux n'ont jamais dépassé la majorité absolue des voix depuis 1985 et l'appui de l'électorat francophone envers le PLQ dégringole constamment. Une réforme du scrutin électoral, afin de passer à un véritable système parlementaire proportionnel, permettrait de mettre fin à la mainmise des libéraux sur le gouvernement du Québec et ainsi refléter la volonté démocratique des Québécois au chapitre de la composition de l'Assemblée nationale.
Pour y arriver, les principaux partis d'opposition doivent définir une entente temporaire sur un mandat, afin d'occuper le pouvoir et exécuter une telle réforme démocratique et certaines autres priorités gouvernementales préalablement identifiées, pensons à un véritable plan de lutte à la corruption.
À l'élection de 2022, le multipartisme s'incarnerait définitivement et un nouveau visage démocratique prendrait forme à l'Assemblée nationale.
Si les partis d'opposition souhaitent véritablement chasser les libéraux et ainsi mettre en branle l'un des plus importants chantiers démocratiques de l'histoire du Québec, ils doivent absolument s'entendre le temps d'un mandat réformateur.
René Lévesque a fait du Parti Québécois le principal instrument du renouveau politique, continuons à suivre ses traces.
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