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Pourquoi les républicains vont conserver le Congrès

Si on ne se fiait qu'aux sondages, on pourrait croire que les carottes sont cuites pour Trump. Mais non, je suis convaincu que les républicains conserveront le Sénat et le Congrès.
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L'opinion favorable à Trump se manifeste par le phénomène des caravanes de migrants et par la capacité du pays d'absorber une telle vague. Trump représente l'homme fort capable d'y faire obstacle.
Carlos Barria / Reuters
L'opinion favorable à Trump se manifeste par le phénomène des caravanes de migrants et par la capacité du pays d'absorber une telle vague. Trump représente l'homme fort capable d'y faire obstacle.

Les paris sont lancés un peu partout et chacun y va de sa prédiction, selon l'humeur du moment, en ce qui a trait aux résultats de l'élection de mi-mandat aux États-Unis en ce mardi 6 novembre. Si on ne se fiait qu'aux sondages, on pourrait être tenté de croire que les carottes sont cuites pour Donald Trump. Mais voilà, je demeure convaincu que les républicains vont conserver le Congrès.

En septembre 2016, j'avais prédit la victoire de Trump grâce à son aptitude unique à rallier des votes de démocrates plus à droite et faire pencher certains États jusque-là très loin des espoirs républicains. La chose s'est passée notamment avec la Pennsylvanie, qui est tombée au combat en faveur des républicains. Tous les sondeurs avaient été mystifiés par la chute de la Pennsylvanie, terre de naissance du père de Hilary Clinton.

Lors de mes déplacements réguliers aux États-Unis, j'y ai bâti un réseau de contacts et développé cette expérience «terrain» qui vous permet de «flairer» la bonne affaire, voire même prédire les succès d'un client. Dans ce cas-ci, il y a beaucoup trop d'indices et de discussions à bâtons rompus avec mes amis américains pour douter de mon affirmation: les républicains vont conserver le Sénat et le Congrès le 6 novembre.

Pour vous vendre cette idée, je vous propose de vous la présenter en deux temps. Tout d'abord «les chiffres» pour les cérébraux, puis les «faits divers émotifs» ensuite, question de vous titiller mais surtout ramener tout le monde sur le plancher des vaches pour expliquer ce qui va se passer en ce jour d'élections de mi-mandat.

Les chiffres et les statistiques

Historiquement, le parti qui contrôle la Maison-Blanche perd des sièges au Congrès lors des élections de mi-parcours. On serait tenté de croire que ce sera le cas cette année, mais mon petit doigt me dit que ce ne le sera pas. D'abord voyons la réalité en face. Un sondage Gallup du 15-20 octobre 2018 donnait un taux de popularité de 44% à Donald Trump ce qui est, historiquement chez les présidents en mi-parcours, un score tout à fait acceptable. On se rappellera qu'en octobre 2010, Barack Obama obtenait 45%, Bill Clinton 44% aussi en Octobre 1994 puis Ronald Reagan 42% en octobre 1982. Rien donc ici pour terrasser la bête.

En y regardant de plus près, on se dit que si les démocrates disposent présentement d'un avantage de 5 à 6% en vue de l'élection, selon plusieurs sondeurs et selon les tendances historiques depuis 1942, on serait donc tenté de dire que ces derniers devraient bien performer et gagner le Sénat et même le Congrès.

Les démocrates doivent impérativement gagner des sièges déjà détenus par des républicains pour pouvoir faire basculer le Sénat. Rien de simple ici.

Mais non, pas si vite. En fait, on doit comprendre qu'Il faudrait une vague déferlante démocrate à la Jack Layton pour que ceux-ci remportent 25 des 33 sièges nécessaires qui sont en élection au Sénat. Et même si c'était le cas, le vote de Mike Pence pourrait s'ajouter pour briser une égalité. Qui plus est, la majorité de ces sièges démocrates sont dans des États dits républicains, ajoutant manifestement à la difficulté lorsqu'on inclura comme prime à l'urne, les raisons émotives de voter pour Trump à travers les républicains dans tous les districts.

Les démocrates doivent aussi impérativement gagner des sièges déjà détenus par des républicains pour pouvoir faire basculer le Sénat. Rien de simple ici. On a qu'à penser au Tennessee où un républicain prend sa retraite (Bob Corker) ou alors au Texas, où Ted Cruz se fait brasser (un peu!) par Beto O'Rourke. Mais encore là, rien n'est joué. Il restera le aussi le Nevada et l'Arizona. On parle ici d'États principalement républicains. Ce ne sont pas des États dits «mous» qui basculent selon l'humeur du moment.

Quant au Congrès, qui comporte 435 sièges, les démocrates doivent absolument en gagner 24 de plus pour reprendre le contrôle. Pas 2, ou 3, mais bien 24! En ce moment, les sondages donnent environ 46-48% de chances aux démocrates de reprendre le Congrès... Même avec une marge de 7 points d'avance, on parle des démocrates qui pourraient bien gagner le Congrès que par un seul siège. On est loin d'un raz-de-marée et d'une marche dans le parc pour y arriver.

Si on ajoute à la difficulté des démocrates de devoir composer avec des réajustements de districts électoraux, ce que l'on appelle aux États-Unis le «gerrymandering» (pour bien comprendre, disons qu'on peut grossièrement l'apparenter pour nous à une refonte de carte électorale partisane) et qui favorise ultimement les républicains. On dit là-bas que le «gerrymandering» a un impact sur les districts urbains, naturellement plutôt de tendance démocrate et surtout moins stables que les districts ruraux de tendance républicaine.

Et à ceux qui y verraient un scandale, on comprendra que les républicains ont fait le coup aux démocrates en Pennsylvanie, tout comme les démocrates ont fait le coup aux républicains au Maryland, selon que l'on ou l'autre partie contrôle l'État.

Les faits divers émotifs

Quant à ce que j'appelle les faits divers émotifs, on verra cette année qu'ils vont marquer plus que jamais la prime à l'urne qui risque de favoriser Trump et les républicains. Qui plus est, on constatera que plusieurs éléments se croisent et que, tout comme ici au Québec, les Américains sont préoccupés par les mêmes enjeux que nous à peu de chose près.

En premier lieu, le contexte dans lequel se tiendra l'élection du 6 novembre est frappant. L'économie, les statistiques d'emplois et les salaires qui augmentent aux États-Unis sont les trois éléments les plus importants aux yeux des Américains et qui très rarement se sont retrouvés parfaitement alignés comme les astres pendant une campagne de mi-parcours. C'est le cas aux É.U cette année et tout ceci favorise Trump.

La population se rappelle son slogan voulant rendre à l'Amérique sa grandeur («Make America Great Again») et force est d'admettre qu'il se matérialise aux yeux de la population sur le terrain par cette conjoncture économique particulièrement favorable. L'alignement de ces trois grandes préoccupations des Américains soit l'économie, l'emploi et les salaires est clairement favorable aux républicains d'autant que les démocrates peines à trouver un élément négatif dans ces trois thèmes et sur lequel ils pourraient attaquer Trump.

Les démocrates doivent aussi vivre avec la symbolique des «déplorables», ce malheureux concept mis de l'avant par Hilary Clinton en 2016 et qui dépeignait les sympathisants de Trump comme des personnages sans culture et sans valeurs.

En fait, plusieurs électeurs, tant démocrates que républicains, se disent qu'ils ont enfin un président qui se tient debout devant le monde, un président qui n'as pas la langue dans sa poche et surtout, qui ne fait pas dans la dentelle durant des négociations avec les autres grands de ce monde. Cette notion d'un président fort en gueule est un élément fondamental de la vision qu'on les Américains du protecteur, ce fameux Oncle Sam qui a besoin de vous («I need you!»). Les Américains nourrissent encore dans leur for intérieur le mythe du gros, grand et fort gaillard, qui se tient debout et protège son peuple. Pour les Américains, Trump représente cette image et ça fonctionne dans l'opinion publique.

L'opinion favorable à Trump se manifeste par le phénomène des caravanes de migrants et par la capacité du pays d'absorber une telle vague. Trump représente l'homme fort capable d'y faire obstacle.

Par ailleurs, les démocrates doivent aussi vivre avec la symbolique des «déplorables», ce malheureux concept mis de l'avant par Hilary Clinton en 2016 et qui dépeignait les sympathisants de Trump comme des personnages sans culture et sans valeurs. D'ailleurs, plusieurs Américains tournent en dérision, la tournée organisée par les démocrates où les Clinton vont sillonner le pays jusqu'au 6 novembre. Plusieurs y voient ici une forme de déroute des démocrates, qui auraient probablement dû préférer les Obama aux Clinton pour raviver la flamme.

Dans la même ligne de pensée, l'opinion favorable à Trump se manifeste par le phénomène des caravanes de migrants et par la capacité du pays d'absorber une telle vague. Un peu comme chez-nous, la crainte existe dans la population et en cela, Trump représente l'homme fort capable d'y faire obstacle. Que l'on soit d'accord ou pas, cette image persiste, les républicains et la Maison-Blanche la nourrissant à grands coups de discours populistes, mais qui ont un impact majeur dans l'opinion publique.

Ces symboles, et particulièrement les crises migratoires, façonnent en ce moment les discussions autour des machines à café des Américains exactement comme cela a marqué l'imaginaire ici, lorsque la CAQ et les libéraux s'échangeaient les répliques à propos des seuils annuels d'immigrants ou de réfugiés à accueillir. Ces thématiques deviennent des éléments sensibles durant une élection autant ici qu'aux États-Unis.

Encore à l'avantage des républicains, il va de soi que les démocrates ont grandement tardé aussi à se trouver un ou une vrai(e) leader et n'ont donc personne pour vraiment mettre Trump au défi pendant la présente campagne qui culminera en soirée. Tout ceci a un impact et devient une prime à l'urne pour Donald Trump.

Les Américains nous le disent constamment, il n'y a personne —à part Bernier Sanders —qui peut galvaniser un tant soit peu la base démocrate, mais ce n'est certes pas suffisant pour ratisser plus large et convaincre les démocrates de centre-droit plus durs de ne pas voter républicain même en se fermant les yeux.

En terminant, et pour illustrer encore mieux la situation, notons deux exemples près de nous: Phil Scott, gouverneur républicain du Vermont et Chris Sununu, gouverneur républicain du New Hampshire. Ces deux gouverneurs, qui sont dans la foulée des modérés républicains, vont quand même être réélus. Ces deux gouverneurs du Vermont et du New Hampshire, qui ont battu des législations démocrates aux élections de 2016, ne sont même plus à risque cette semaine. Cela en dit beaucoup sur l'opinion américaine en ce moment. La prime à l'urne favorise Trump bien au-delà des républicains, et c'est là où se jouera cette campagne 2018.

Pour toutes ces raisons, je demeure convaincu que les républicains vont conserver le Sénat ainsi que le Congrès le mardi 6 novembre.

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