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Plaidoyer pour l'école inégalitaire

Si Gabriel Nadeau-Dubois veut vraiment aider les élèves, il plaiderait pour l'abolition de l'école publique.
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Si l'école publique doit demeurer, elle doit favoriser (et non décourager) les programmes particuliers.
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Si l'école publique doit demeurer, elle doit favoriser (et non décourager) les programmes particuliers.

Profitant sans doute de sa prétention au poste de premier ministre, Gabriel Nadeau-Dubois se permet de supporter la première idée socialiste qui passe.

Sa dernière : la fin de la « ségrégation » scolaire. Au nom de l'égalitarisme socialiste, il voudrait entre autres l'abolition du financement des écoles semi-privées et de la sélection dans les programmes particuliers.

Abolir TOUTES les subventions

Il a en partie raison avec le premier point. Bien qu'il y ait des bénéfices pour le gouvernement de financer en partie certaines écoles dites privées, j'hésite toujours avant d'approuver que MON argent serve aux autres.

Il a raison qu'on devrait cesser de financer ce type d'école... mais aussi TOUTES les écoles.

Il a raison qu'on devrait cesser de financer ce type d'école... mais aussi TOUTES les écoles. Car le modèle actuel de l'école publique obligatoire est basé sur le même moule depuis son invention par la Prusse au 19e siècle : fabriquer des citoyens dociles en masse. Ça se voit au curriculum : les élèves doivent tous passer les mêmes cours selon les mêmes standards. Donc, même si mes talents en dessin se limitent encore aux bonhommes allumettes, je devais quand même perdre mon temps dans des cours d'art. J'ai également dû subir des cours de mathématiques 436 et 536 desquels, hormis l'intérêt composé, je n'ai retiré strictement rien.

Inégalité de talents évidente

Mais si tant l'école publique doit demeurer, elle doit favoriser (et non décourager) les programmes particuliers.

J'ai eu la chance de faire partie d'un programme de concentration linguistique - mon frère et ma sœur ont, de leur côté, participé à un programme sports-études. J'ai ainsi pu apprendre l'espagnol, ce qui me sert aujourd'hui avec ma belle-famille, et passer au travers du programme régulier d'anglais en trois ans au lieu de cinq. Quel bonheur, considérant que l'anglais scolaire m'était d'une facilité débilitante. Avide « gamer » et télévore à l'époque, j'ai appris l'anglais par moi-même.

Sans cette possibilité de passer plus vite ce que je maitrise déjà, j'aurais sans doute fait partie des statistiques sur le décrochage. En effet, il n'y a pas que les élèves en grandes difficultés qui décrochent. Les génies dont l'intellect n'est pas assez stimulé décrochent aussi. Si j'avais dû attendre après les élèves en difficulté pour passer le cours d'anglais de secondaire 1, j'aurais donc décroché.

Pourquoi forcer l'école?

N'allez pas croire que je dénigre ici les élèves en difficulté. J'en fus un moi-même en mathématiques. Je ne compte plus le nombre de soirées à m'arracher les cheveux de la tête pour tenter de comprendre, avec grande peine, le calcul différentiel et intégral. Ça s'est avéré une perte de temps monumental puisque je ne m'en sers pas le moindrement dans ma vie de tous les jours.

Doit-on, au nom de l'éducation « obligatoire », lui faire vivre le calvaire huit heures par jour à l'école avec de la matière qui lui rentre par une oreille et lui sort par l'autre?

Imaginez maintenant un élève qui peine à maitriser des règles de grammaire de base ou même l'arithmétique élémentaire... mais qui a le marteau ou le pinceau très agile. Doit-on, au nom de l'éducation « obligatoire », lui faire vivre le calvaire huit heures par jour à l'école avec de la matière qui lui rentre par une oreille et lui sort par l'autre? Ou devrait-on plutôt se concentrer sur sa ou ses habiletés et les exploiter au maximum afin qu'il les développe et vive de son art?

Il a très peu de chance que ça se produise à l'école publique. Comme tout ce qui vient des gouvernements, on uniformise le plus possible afin qu'on puisse en suivre la trace plus facilement. L'innovation y est sacrifiée au nom de la tradition et du tapage.

Prenez le métro de Montréal par exemple. Si vous pensez que ses pannes sont dérangeantes, vous ne connaissez pas New York. Son système (100 % public) a tellement été négligé que son système d'aiguillage date encore des années 30! Quant au tapage, on préfère allonger les trains au lieu de maintenir l'infrastructure du métro.

Tout ça pour dire que l'innovation et l'efficacité sont des antonymes du public. Que ce soit l'école ou les transports publics, l'amélioration du rendement y est plus lente que la décomposition du tellure-128.

Si GND veut vraiment aider les élèves, il plaiderait pour l'abolition, ou du moins une très sérieuse décentralisation, de l'école publique.

Si GND veut vraiment aider les élèves, il plaiderait pour l'abolition, ou du moins une très sérieuse décentralisation, de l'école publique. Tant qu'elle gardera son emprise actuelle, elle continuera de se scléroser et de produire des analphabètes fonctionnels qui ont peu de compétences pour fonctionner dans le monde d'aujourd'hui.

Mais il refusera, puisque ça sous-entend une plus grande concurrence, et les socialistes croient que tous les humains sont égaux en compétence.

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