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Plaidoyer pour la légalisation de toutes les drogues

Je ne peux m'empêcher de voir la guerre à la drogue que comme une énième tentative du «gouvernemaman» de tout contrôler dans nos vies.
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Dans des États comme le Colorado et Washington, qui ont légalisé l'utilisation récréative de la marijuana, on n'a noté aucune hausse appréciable de la criminalité, des accidents avec les facultés affaiblies ou de dangers à la santé publique.
Towfiqu Photography via Getty Images
Dans des États comme le Colorado et Washington, qui ont légalisé l'utilisation récréative de la marijuana, on n'a noté aucune hausse appréciable de la criminalité, des accidents avec les facultés affaiblies ou de dangers à la santé publique.

Ce qui aurait dû être fait depuis des lunes s'est finalement réalisé: le cannabis est maintenant légal d'un océan à l'autre. Bien sûr, la très lourde réglementation sur la drogue peut nous amener à nous demander pourquoi elle a été légalisée, mais c'est un pas dans la bonne direction. Et considérant l'échec misérable de la prohibition des drogues, en légaliser ne peut qu'être bénéfique. C'est pourquoi, éventuellement, les gouvernements devraient aussi songer à légaliser toutes les drogues, de l'héroïne à la cocaïne, en passant par les métamphétamines.

N'allez surtout pas croire que je suis un drogué. En fait, je suis l'un des plus farouches partisans antidrogue qui soit: je n'ai jamais ne serait-ce qu'inhalé une «poffe» de cigarette et je bois à peine de l'alcool (travail avec Uber et «régime» obligent) – les abus regrettables étant loin derrière. Les drogues les plus puissantes que j'ai assimilées l'ont été sous anesthésie ou sous prescription.

Et pourtant, je ne peux m'empêcher de voir la guerre à la drogue que comme une énième tentative du «gouvernemaman» de tout contrôler dans nos vies, avec des conséquences négatives nettement plus importantes que les positives. Pensez simplement à l'engorgement du système de justice causé par les drogues et les coûts qui s'y rattachent.

Aux États-Unis seulement, où de meilleures statistiques sont disponibles, le gouvernement fédéral doit dépenser plus de trois milliards de dollars annuellement pour l'incarcération des gens violant les lois (anticonstitutionnelles, si on considère de Xe amendement) fédérales antidrogue. Parmi toutes les arrestations liées à la drogue, un peu plus de 85% concernaient la possession simple.

Il a été estimé que les différents paliers de gouvernements économiseraient au bas mot sept milliards de dollars en coûts divers si on légalisait complètement le cannabis – et ne on parle que de cette drogue.

Une politique raciste à peine voilée

Toujours chez l'Oncle Sam, la prohibition des drogues (nonobstant l'alcool) avait des intentions explicitement racistes. En effet, la prohibition de l'opium visait explicitement les hommes d'origine chinoise, qui attiraient supposément les pauvres femmes blanches sans défense dans leurs fumeries pour s'envoyer en l'air.

Le racisme contre les Noirs a attisé la prohibition de la cocaïne, puisque les attaques contre les pauvres femmes blanches dans le sud étaient supposément causées des Noirs ayant inhalé la drogue. Quant au cannabis, il donnait supposément aux Mexicains d'origine (au Texas surtout) une force surhumaine et les rendait violents.

N'allez pas croire que le Canada est blanc comme neige. Bien que le fond raciste du bannissement de l'opium soit discutable, le racisme anti-chinois a visiblement motivé Ottawa dans l'expulsion de Chinois naturalisés dans les années 20 s'ils avaient été reconnus coupables de crimes reliés à la drogue.

L'exemple du Portugal

En lisant mon plaidoyer, plusieurs personnes pourraient être portées à déclarer: «Mais si les drogues sont légales, il y en aura partout dans les rues!» À ce que je sache, on ne retrouve pas (hors des réserves autochtones, du moins) de cigarettes ni d'alcool à chaque coin de rue.

De plus, ne serait-ce que décriminaliser les drogues – ce n'est pas un crime d'en posséder, mais une amende peut suivre – pourrait avoir un effet plus que salutaire sur les personnes. Et ce n'est pas une création de mon «monde fantaisiste» anarchiste. Un pays a véritablement tenté l'expérience en 2001: le Portugal.

Le résultat? La consommation de drogue a chuté pour tous les groupes d'âge, et les morts par surdose se chiffrent (en 2017) à trois par million. Aux États-Unis, la mortalité est à 185 par million, soixante fois le taux portugais. Au lieu d'être traitée comme un crime, la dépendance aux drogues est vue comme un problème de santé, et les gens arrêtés doivent consulter des spécialistes afin qu'on puisse évaluer leur problème et, éventuellement, les aider à se sortir de cet enfer.

Quant aux États comme le Colorado et Washington, qui ont légalisé l'utilisation récréative de la marijuana, on n'a noté aucune hausse appréciable de la criminalité, des accidents avec les facultés affaiblies ou de dangers à la santé publique. Qui plus est, l'utilisation juvénile de la cocaïne et de l'héroïne a même diminué.

Bref, le Canada et le Québec ont tout à gagner en légalisant le cannabis et toutes les drogues. Considérant que l'alcool et le tabac, qui n'ont aucun usage médical ni aucun bénéfice pour la santé, sont vendus légalement, il n'y a aucune raison expliquant pourquoi le cannabis, qui a des usages médicinaux et autres reconnus, ni toute autre drogue que ce soit, soit prohibé.

Toutefois, il faut se méfier de la supposée alléchante manne fiscale qu'une telle légalisation pourrait produire. Tout comme l'alcool et le tabac, la vente de drogue apportera sans aucun doute de nouveaux revenus. Mais si les taxes sont trop élevées, le marché noir continuera d'exister et d'être rentable, et la lutte à la contrebande amènera de nouveau un gaspillage de ressources.

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