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Cette inexistante culture du viol

S'il est une culture qui existe vraiment, c'est celle du lynchage public dès qu'une personne est ne serait-ce qued'un crime sexuel. Même si l'accusation s'avère fausse, ou que les preuves se révèlent insuffisantes, la réputation de la personne est souillée souvent à jamais.
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Depuis quelques semaines, les féministes militantes sont aux abois pour dénoncer la supposée culture du viol qui ternit le Québec. Des présumées agressions à l'Université Laval à celle (aussi présumée) du député libéral Gerry Sklavounos, nous avons la preuve irréfutable que notre culture patriarcale machiste maltraite les femmes.

Une telle mentalité - à peine exagérée - est non seulement fausse, mais aussi très dangereuse.

Fausse parce que la culture du viol en Occident est un mythe. Non, la situation n'est pas parfaite et il y a encore un sérieux travail d'éducation à faire. Sans en venir à signer un contrat notarié comme certains le veulent, il est important de respecter des limites des autres et de communiquer s'il y a violation. La situation m'est déjà arrivée; lors d'un voyage d'échange, mon comportement (que je croyais anodin) a visiblement dérangé une collègue et elle m'a dénoncé au responsable du groupe. J'étais fortement étonné que mon comportement fût mauvais, mais j'ai arrêté par respect pour elle.

Oui, encore trop de gens pensent qu'une femme qui s'habille sexy « cherche le trouble », même du côté de la magistrature. Et les « discussions de vestiaire » (dixit Donald Trump) ne volent souvent pas très haut quand elles discutent de femmes.

Par contre, ce n'est comparé à une véritable culture du viol tel que l'on voit dans les pays gouvernés par la sharia (loi inspirée du Coran). Dans les histoires de viol, la femme est au banc des accusés, pas à la défense. Si elle veut éviter les châtiments corporels, elle doit demander pardon au violeur pour l'avoir « provoqué ». Plusieurs médias affirment que la supposée vague de viol qui se produit en Europe serait causée par l'influx de réfugiés (surnommés "rapefugee") venant de cette culture barbare.

Donc, d'ici à ce qu'une femme soit accusée d'avoir provoqué un viol devant nos tribunaux criminels, la culture du viol sera une fabulation.

D'ailleurs, si on se fie aux plus récentes statistiques (2014) du ministère de la Sécurité publique, les incidences d'infractions sexuelles sont en chute de près de 14,5 % sur l'ensemble du territoire québécois depuis les 10 dernières années. Il y a encore du travail à faire dans des régions comme l'Abitibi-Témiscamingue et à Laval, mais beaucoup a déjà été accompli.

La culture féministe du lynchage public

Par ailleurs, s'il est une culture qui existe vraiment, c'est celle du lynchage public dès qu'une personne est ne serait-ce que suspectée d'un crime sexuel. Même si l'accusation s'avère fausse, ou que les preuves se révèlent insuffisantes, la réputation de la personne est souillée souvent à jamais. Je me rappelle m'être gardé une gêne quand l'affaire Guy Cloutier a éclaté. C'était une accusation majeure, et je voulais attendre avant de porter un jugement définitif sur l'imprésario.

Par contre, les féministes (femmes et hommes) n'y sont pas allés de main morte dans les récentes allégations de crimes sexuels. Québec solidaire a sauté à pieds joints sur l'occasion et en profite pour propager des statistiques douteuses (aux définitions très larges) sur les crimes sexuels et parler de cette fausse culture du viol. Françoise David et Manon Massé ont immédiatement pris le parti des victimes présumées afin d'avancer leur agenda misandre.

Ces actions sont extrêmement dangereuses puisqu'elles portent atteinte à un très important concept juridique : la présomption d'innocence. Malgré les arrestations à Québec, encore aucune accusation n'a été portée contre les présumés agresseurs (hormis pour introduction par effraction). Sklavounos non plus n'a pas été arrêté ou accusé, ni même détenu pour interrogatoire par la police. Si elles en avaient le pouvoir, certaines sembleraient tentées par le lynchage, pratique infâme qui touchait le Sud raciste des États-Unis il y a 100 ans.

Y a-t-il eu crime de commis? Je ne sais pas. Est-ce que les présumées victimes disent la vérité ou mentent? Je ne sais pas. Il faut laisser la justice suivre son cours, car, pour le meilleur et pour le pire, c'est la façon la plus civilisée qui soit en ce moment pour traiter de crimes.

Alors pitié, cessez d'accuser et dénigrer quelque partie que ce soit. Sklavounos n'a encore été accusé de rien, alors sa démission est complètement injustifiée pour l'instant. Par contre sa récusation du caucus lui permettra un certain recul afin de ne pas attirer l'attention.

Et qu'Alice Paquet ait été (ou non) une prostituée ne change absolument rien. La prostitution, comme toute autre transaction de service, s'effectue seulement si les deux parties sont consentantes. Ce sera à un tribunal ou à un juge - si les preuves sont suffisantes pour se rendre jusque là - de voir s'il y a eu viol ou non.

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