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«Vers un chez soi»: un bon départ pour le fédéral

La fin du modèle unique permet de revenir à une diversité d’actions afin de prévenir et de faire reculer l’itinérance pour l’ensemble des personnes à risque.
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Julio López Saguar

À la mi-juin, le gouvernement du Canada précisait l'orientation de ses investissements annoncés pour la prochaine décennie dans son programme de lutte à l'itinérance renommé Vers un chez soi. L'augmentation des fonds a alors été confirmée, atteignant 2 milliards $, et une approche globale a été retenue pour leur allocation, telle que défendue par le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM)

Les lieux mêmes de ces annonces étaient significatifs de la diversité des actions pertinentes à soutenir. C'est d'abord à Toronto que le ministre Jean-Yves Duclos a fait une annonce, dans les locaux de Eva's Initiative, un organisme œuvrant en prévention auprès des jeunes. À Montréal, c'est à la Maison ronde du Square Cabot, un projet de réinsertion pour autochtones de l'Itinéraire que le ministre a tenu son intervention.

Comme le souligne le Plan d'action montréalais en itinérance 2018-2020, l'itinérance a différents visages. Ainsi, ce sont la globalité et la diversité des actions menées pour leur répondre qui améliorent et sauvent des vies.

Un plus pour la lutte à l'itinérance

Après des années de lutte pour faire reconnaître la complexité du phénomène de l'itinérance et défendre une diversité d'actions pour la contrer, le RAPSIM se réjouit que sa voix et celles de ses membres et partenaires aient été entendues. En effet, la pauvreté, le coût des logements, les problèmes de santé mentale, de toxicomanie, la faiblesse des réseaux personnels s'entrecroisent pour créer et entretenir l'itinérance. Les organismes doivent donc adapter leurs actions aux multiples réalités vécues et prendre en compte l'ensemble des dimensions de la vie des personnes.

En 2013, le gouvernement Harper avait forcé un virage dans la lutte à l'itinérance en imposant que 65% du budget soit affecté à une seule approche, le Housing first, qui passe par une aide en logement privé en ciblant l'itinérance chronique. Cette réorientation des fonds vers une approche unique avait grandement fragilisé la diversité des pratiques mises en place depuis de nombreuses années au Québec, avec des conséquences néfastes pour de nombreuses personnes en situation d'itinérance ou à risque de l'être, les privant de toute aide.

Avec son nouveau programme Vers un chez soi, le gouvernement Trudeau a choisi de ne plus imposer un modèle unique et ainsi de revenir à une diversité d'actions permettant de prévenir et de faire reculer l'itinérance pour l'ensemble des personnes à risque présentant des réalités et des besoins multiples. Il s'agit d'un gain important et le cap choisi par Ottawa se retrouve davantage en phase avec la Politique nationale de lutte à l'itinérance adoptée au Québec en 2014.

Une souplesse dans l'affectation

Depuis 1999, une des forces du soutien fédéral résidait dans les mécanismes d'octroi des fonds fédéraux via un plan communautaire. Ainsi, dans chaque communauté, les organismes communautaires, la ville et le réseau de la santé identifiaient les besoins, les priorités et recommandaient l'affectation des fonds fédéraux via cet exercice de priorisation régionale. Cette flexibilité permettait à chaque région de faire des choix adaptés et complémentaires avec les ressources en place. La nouvelle orientation globale et diversifiée s'inscrit donc en cohérence avec la souplesse et l'adaptabilité de ce type de mécanismes d'octroi qui ont fait leur preuve.

Afin d'atteindre l'objectif de réduction de moitié de l'itinérance chronique visé par le nouveau programme, il sera crucial de favoriser la sortie de la rue et des refuges, et également de prévenir que d'autres personnes ne s'y retrouvent. L'aide en logement est essentielle, au même titre que le travail de rue, le soutien à la sortie des centres jeunesse et du milieu carcéral, l'accès au chèque d'aide sociale et à la carte d'assurance maladie, l'accompagnement à la cour et d'autres ressources, tant pour aider les personnes à se stabiliser en logement que pour éviter que d'autres ne se retrouvent à la rue.

Il est aussi impératif que l'aide fédérale continue d'investir dans des solutions durables, via des dépenses d'immobilisation qui contribuent au développement de logements sociaux, à l'installation des groupes communautaires dans les locaux adaptés et l'amélioration des services et installations des refuges et des ressources d'hébergement.

Des fonds à investir rapidement

Une nouvelle Entente Canada Québec doit maintenant être rapidement entérinée afin que les fonds prévus soient effectivement disponibles dès la fin du programme en cours au 31 mars 2019. Comme l'annonce de l'orientation fédérale rejoint l'approche du gouvernement du Québec et réaffirmée par la ministre Charlebois, cela devrait aller promptement et ne peut surtout pas attendre après les élections du 1er octobre au Québec.

Des actions pressantes et nombreuses sont en attente de fonds pour faire reculer l'itinérance. L'aide annoncée par Vers un chez soi doit rapidement les soutenir.

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