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Messieurs, votre santé sexuelle ne doit pas être taboue!

À l'occasion de la Journée Internationale de l'homme du 19 novembre ,je souhaite apporter un éclairage sur un sujet encore trop souvent tabou chez les hommes: leur santé sexuelle.
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La journée internationale de l'homme est l'occasion de mettre en évidence la discrimination à l'encontre des hommes dans les domaines de la santé, du droit de la famille, ou de l'éducation. Or, au niveau de la santé, et notamment de la santé sexuelle, les inégalités hommes/femmes sont importantes. La santé sexuelle des hommes est bien souvent le parent pauvre du parcours de santé classique, et ce pour plusieurs raisons.

On considère d'abord que la santé sexuelle est une problématique mineure au regard des autres problèmes de santé considérés comme beaucoup plus importants parce qu'ils peuvent se révéler vitaux. De plus, on a souvent tendance à penser que la santé sexuelle relève de problématiques psychologiques bien plus que physiques, et qu'il s'agit donc de simples aspects de confort de vie qui n'auront pas de répercussion importante sur l'homme et sa santé. C'est totalement faux! Ces erreurs proviennent d'une méconnaissance des réalités des troubles sexuels, chez l'homme comme chez la femme, et de leurs impacts potentiels au sein du parcours de santé global d'une personne.

Les troubles sexuels chez l'homme peuvent prendre plusieurs formes, notamment la perte de l'érection, l'éjaculation précoce ou les baisses du désir. Ils peuvent entraîner des complications importantes dans la vie des patients. Ne pas les prendre en considération serait une erreur et il est tout à fait nécessaire de les traiter.

Prenons deux exemples avec la dysfonction érectile ou l'éjaculation précoce. La dysfonction érectile est l'incapacité d'obtenir ou de maintenir une érection suffisante pour l'accomplissement de l'acte sexuel. Que peut faire un homme qui ne parvient plus à avoir une érection suffisamment rigide pour faire l'amour normalement comme il le souhaite et comme il l'a toujours fait?

Quant à l'éjaculation précoce ou rapide, elle se définit par une éjaculation qui survient trop rapidement, sans aucun contrôle et qui provoque une souffrance chez l'un ou l'autre des deux partenaires du couple.

Dans ces deux situations, l'homme est touché au plus profond de son être dans ce qui constitue pour lui une part de son identité: ses capacités sexuelles.

Alors, comment peut-il faire face s'il n'en parle pas à son médecin? Comment surmonter ces difficultés sans l'aide d'un thérapeute? Bien souvent, seul face à son problème, un homme risque de se replier sur lui-même, de s'isoler dans sa souffrance, de ne plus communiquer normalement avec ses proches et sa famille au point, parfois, de devenir coléreux et irritable. Les liens avec sa compagne vont peu à peu se distendre, la relation de couple en sera durablement affectée. La peur de l'échec, le sentiment d'impuissance conduisent à une anxiété croissante et un évitement des rapports sexuels. Combien de patients, parfois même de couples, voyons-nous dans nos consultations au bord de la rupture, car un trouble sexuel a conduit à un délitement insidieux, mais profond du couple?

La recherche de solutions par lui-même peut conduire un homme souffrant de troubles sexuels à prendre des décisions néfastes pour sa propre santé: arrêt de ses médicaments, car il se persuadera qu'ils sont responsables de sa dysfonction érectile, recherche de réconfort dans l'alcool ou consommation de drogue pour ralentir son éjaculation...

Et quelles répercussions sur sa compagne? Elle se dira qu'il ne l'aime plus, qu'il n'a plus de désir pour elle, peut-être même que c'est de sa faute, qu'elle a vieilli, qu'elle n'est plus aussi attirante, ou qu'il en préfère une autre...

Des troubles qui peuvent générer tant de souffrance chez un individu, et plus largement dans un couple, une famille, peuvent-ils vraiment être considérés comme mineurs ou secondaires?

Définie par l'OMS comme "un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité [qui] requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d'avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque [...]", la santé sexuelle représente bien un enjeu majeur de santé publique qu'on ne saurait négliger.

Sans compter que bien souvent, la survenue d'un trouble sexuel peut être le moment de réaliser un bilan de santé, qui permettra parfois le diagnostic d'une maladie sous-jacente passée inaperçue. Ainsi une dysfonction érectile peut être le premier symptôme d'un diabète ou d'une sténose coronarienne... une éjaculation rapide peut révéler une infection génitale ou une hyperthyroïdie...

Consulter un médecin lors de la survenue d'un trouble sexuel permettra à un homme d'être examiné. S'il y a une maladie à l'origine du trouble sexuel, elle sera diagnostiquée et prise en charge tôt avant que les complications n'apparaissent. Son trouble sexuel sera aussi pris en charge et il évitera toutes les souffrances et les erreurs de comportement qui peuvent en découler.

Les troubles sexuels sont donc des éléments importants dans la vie des patients, et dans leur parcours de santé global. Il est donc fondamental de leur faire une véritable place dans ce parcours, tant au niveau des traitements que de la prévention de ces troubles. Aujourd'hui la prévention des troubles sexuels est embryonnaire. L'éducation sexuelle n'est quasiment pas organisée et bien des adolescents se tournent vers internet et la pornographie, faute d'interlocuteurs identifiés ou accessibles. Ils ont alors une vision complètement faussée et dangereuse de la sexualité ainsi que des rapports entre les êtres humains.

Il faut investir sur ces aspects dans les années à venir. Il faut organiser un dépistage et une prise en charge rapide des troubles sexuels. Une consultation auprès d'un médecin sexologue après avis du médecin généraliste doit être planifiée et inscrite dans le parcours de soin.

Il existe quelques initiatives dans le monde, mais malheureusement bien trop peu. On peut citer en exemple le Luxembourg qui vient de mettre sur pied une conférence interministérielle en charge de réfléchir et d'être source de propositions dans les trois directions que nous venons d'évoquer: l'éducation sexuelle, la santé sexuelle et l'aspect sociétal de la sexualité. Mesdames et Messieurs qui lisez ces lignes, il est important de parler de votre santé sexuelle à des professionnels qui sont en capacité de vous accompagner. Vous ne devez pas ranger ces éléments dans un coin de votre tête, car cela peut avoir des conséquences importantes sur votre vie. Il n'y a pas de moindres maux, il n'y a que des maux, et ceux-ci peuvent trouver des réponses: ne vous en privez pas...

La Fédération de Sexologie et de Santé Sexuelle vous donne rendez-vous le 19 novembre 2014 sur www.parlonssexo.com pour un tchat anonyme avec des médecins sexologues qui répondront à vos questions sur les troubles sexuels masculins.

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