Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le temps de l'ennui et celui de lire

Le temps de l'ennui se convertit profitablement en temps de lecture. C'est le début d'une vie multiple, la sienne entremêlée à celle de personnages auxquels nécessairement nous nous identifions.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Le temps de l'ennui, c'est celui où, pour quelque raison émotive, nous perdons contact avec le cours ordinaire de la vie. Ou celle-ci n'est plus nourrie par notre quotidien, chacun de ses moments nous laissant indifférents.

Je ne parle pas ici de cet ennui plus profond, plus fondamental, qui s'accompagne d'une révolte intérieure, souvent du rejet des autres et toujours d'un repli sur soi. Non: seulement de celui tout en douceur et qui ressemble à une velléité de paresse.

Il s'articule souvent autour de certitude que les autres n'attendent plus rien de nous, que nous sommes inutiles. Que nous ne soulevons plus d'intérêt, encore moins d'admiration.

Les gens qui s'ennuient s'effacent peu à peu.

Le flot incessant des événements du monde ne les frappe plus: tout semble du «déjà vu» usé et répétitif. Ils érigent ainsi un mur entre eux et la vie qui bat. Et perdent le goût de tout.

Nous avons tous connu, à un moment ou un autre, ces périodes de lassitude qui nous font répéter à satiété: «C'est plate!»

Comme en fin février, début mars, par exemple.

Il faut, bien sûr, en revenir. Avant d'atteindre le creux. Et cela ne se fait pas en jouant d'un coup les extravertis, en sortant de soi comme d'une boîte à surprises!

Non. C'est seul à seul que nous devons renouer avec l'aventure captivante de la vie quotidienne.

Comment? Pourquoi pas...en lisant ?

Sans grands moyens, gestes d'éclat ni esbroufe, sans nécessité de l'approbation des autres ou même leur concours, en nous isolant dans le cocon de notre nostalgie avec un bon livre.

Michel Dumont, le comédien connu, affirme que lorsqu'il a découvert la lecture, il a compris que l'infini s'ouvrait à lui, car jamais n'aura-t-il le temps de lire tous les auteurs, toutes les œuvres. Voilà ce qui ressemble à l'éternité: ne pas voir la fin d'un plaisir, d'une passion.

Les lecteurs passionnés connaissent bien ce bonheur particulier d'être entre deux livres: celui qu'on a lu et celui qu'on lira. Délicieuse anticipation, intermède savoureux!

La lecture est beaucoup plus que le retrait silencieux au-dessus des mots: c'est un voyage dans les âmes, les cœurs, les époques, les pays...Le tout nous reliant nécessairement à la réalité puisque les livres sont écrits par nos semblables et que leurs émotions sont souvent les nôtres.

Le temps de l'ennui se convertit profitablement en temps de lecture. Et c'est le début d'une vie multiple, la sienne entremêlée à celle des héros et autres personnages auxquels nécessairement nous nous identifions.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

L’Affaire Myosotis (Québec Amérique, mars)

Livres québécois à surveiller en 2015

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.