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Ce n'est pas le numérique qui tue les librairies

Mais quoiqu'on fasse désormais untel achètera ses livres en renouvelant sa garde-robe, en attendant son train, son avion, ou tout simplement pendant que son pharmacien remplira une ordonnance.
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Mes billets (ou blogues) ne sont pas des éditoriaux. Non plus mes opinions, des dictats. J'extériorise mes cogitations intérieures et les exprime sans souci d'objection. Sans plus. On appelle ça la liberté d'expression.

Aussi, si le sujet que j'aborde aujourd'hui, et qui court depuis un bon moment dans ma tête, provoque un débat, c'est qu'on m'aura rejoint dans mon questionnement.

À la fin de mes propos sur la carence des livres québécois en librairie, dans un billet antérieur, j'avais annoncé que je parlerais de la vente du livre en ligne versus le déclin des librairies indépendantes. Il faut comprendre que j'entends par là les petites librairies, et non celles (même indépendantes) devenues de gigantesques complexes où, en plus de bouquiner, on peut prendre une pose café. Et ce que, plus précisément, je voulais dire, c'est que je parlerai du phénomène de désertion des petites librairies autonomes qu'à mon avis, on attribue à tort au numérique.

Des données publiées par le ministère français de la Culture révèlent que la part de marché des librairies est stable depuis 13 ans. Notre ministère québécois n'a pas, à ce que je sache, entrepris ce genre d'études sur l'ensemble des éléments qui affectent la vente des livres en librairie chez nous.

Mais avant même de monter semblables dossiers par moyens spécialisés, considérons tout simplement comment les changements de mœurs en matière de consommation survenus au cours des 20 dernières années ont modifié le commerce du livre.

Il y eut d'abord l'ouverture de vastes centres commerciaux en zones périurbaines au détriment de tous les genres de commerce ayant pignon sur rue au cœur des villages et dans les centres-villes. À l'intérieur de ces derniers, on vit apparaître de grandes surfaces qui ont créé ce que l'on pourrait qualifier «l'hypermarché» du livre.

Puis, voilà que d'autres et d'autres commerces se sont mis à en vendre aussi. Par exemple les pharmacies (378 Pharmaprix et 383 Jean Coutu), les Costco (Club Price), les Walmart et tout un tas d'autres grands bazars. Aussi les gares et les aérogares, qui offrent aux lecteurs des masses de livres qui ne pourraient tenir en librairies telles qu'on les a connues avant.

Enfin, la mise en marché de certains auteurs et de certains ouvrages a peu à peu fait du livre objet culturel un simple produit de consommation qu'on achète sur le tas et suivant les incitations la moins culturelle des publicités.

Les petites librairies, pour survivre, doivent donc offrir leur clientèle des livres à gros tirage écrits pour le marché et non pour la culture ; mais ces mêmes ouvrages se retrouvent tous en nombre et en pile dans les grandes surfaces où on s'arrête en passant comme on lèche les vitrines.

Et la littérature ? Elle niche, très humblement aussi en grande surface comme en petite librairie.

Alors ? Alors aller chez le libraire n'est plus un geste aussi noble qu'autrefois.

D'autre part, les vrais lecteurs, c'est-à-dire ceux qui achètent en moyenne une douzaine de livres par années, ne sont pas convertis à la lecture en tablette. Parce qu'ils ne lisent pas seulement : ils aiment les livres. Il a été également été démontré (dans une étude antérieure parue dans un magazine français) qu'en majorité les livres numériques achetés pour lecture avec, par exemple iPad, ne sont pas lus jusqu'au bout et que peu de lecteurs (véritables) y reviennent.

En fait, c'est que, tout simplement, les temps changent. Les habitudes des consommateurs - et les lecteurs en sont - aussi.

La situation des librairies indépendantes n'est pas un phénomène spontané, la modernité ayant depuis un bon moment débarqué dans nos vies. Et quand on prend une conscience exaspérée de certaines de ces transformations, rien ne sert de nier, ni de tourner retourner des interrogations, de remâcher l'insoluble. Il faut plutôt se faire créatif pour contrer ce qui s'est imposé dans un mouvement qu'on aurait dû anticiper.

Mais quoi qu'on fasse désormais untel achètera ses livres en renouvelant sa garde-robe, en attendant son train, son avion, ou tout simplement pendant que son pharmacien remplira une ordonnance.

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