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Projet de veille médiatique #Réveilleton

Les directions, les salles de rédaction et les pupitres perdent leur indépendance. Cote d'écoute oblige, l'information devient souvent spectacle. Des contractuels font à rabais une portion croissante du travail de bras requis pour relever l'information.
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Ce billet de blogue est cosigné par Réjean Beaulieu (Vancouver) et Pierre Allard (Gatineau).

Plusieurs solutions ont été proposées ces dernières années pour venir en aide à nos médias, à l'information véhiculée et à la démocratie sous-tendue, tous en déclin. Voici une modeste initiative de la part de quelques observateurs aguerris.

Grosso modo, le financement n'est plus là. Produire de l'information de qualité est coûteux. Le rôle de chien de garde de la démocratie en souffre. Les ordres professionnels, les conseils de presse, les ombudsmen, les organismes de réglementation et les chaires académiques, eux aussi sujets au nerf de la guerre - autrement dit le financement - risquent d'être réduits à l'impuissance. Mandats et codes d'éthique sont trop facilement évités.

Comment assurer un financement public indépendant alors que le secteur public est confronté à des obligations en hausse et une diminution de revenus? Comment éviter que tel financement additionnel, si accordé, ne soit détourné? Les puissants groupes d'intérêts semblent savoir se maintenir. Le citoyen se retrouve isolé, démuni et découragé devant ce bruit médiatique assourdissant. Beaucoup baissent les bras, renonçant parfois même à s'informer et à assumer leur rôle de citoyen.

Cote d'écoute oblige, l'information devient souvent spectacle.

En termes plus terre-à-terre, de plus en plus de choix de couverture et les angles de couverture sont cadrés par ceux qui contrôlent le financement: les bailleurs de fonds, les annonceurs et les puissants groupes d'intérêt, fussent-ils commerciaux, organisationnels (gouvernance, patronat, syndicat), ou politiques/idéologiques. Les directions, les salles de rédaction et les pupitres perdent leur indépendance.

Cote d'écoute oblige, l'information devient souvent spectacle. Des contractuels font à rabais une portion croissante du travail de bras requis pour relever l'information. Mais leur situation précaire d'emploi les rend vulnérables aux groupes d'intérêt. Un journaliste qui ne suit pas le script risque de se retrouver sans contrat ou dans les limbes, au point de devoir abandonner la profession.

L'industrie des relations publiques connaît un essor sans précédent. Elle tente de se charger du script, du message ou de «l'information» prémâchée à faire passer. Le citoyen décroche, il a aussi ses propres problèmes.

Dans de telles conditions, un collectif de veille médiatique peut-il réussir à mobiliser, à s'aligner vers une cible commune, puis à d'autres cibles? Une veille médiatique pourrait-elle, autour d'un mot-clic, cibler d'importantes dérives des médias? Un contre-pouvoir peut-il exister sur Twitter, malgré le «nerf de la guerre»?

Permettez-nous de proposer comme «importante dérive» des médias la couverture à peu près inexistante d'une consultation pancanadienne estivale (en cours) de Patrimoine canadien portant sur le plan d'action 2018-2023 des langues officielles au Canada, et ce, en dépit d'allocations de 1 milliard de $ sur cinq ans.

Radio-Canada et CBC ont été incapables de couvrir le lancement de ces consultations, ainsi que la première rencontre publique. La consultation de 2012 sous le gouvernement Harper avait similairement été négligée. Ce milliard n'a jamais été l'objet d'une vérification financière indépendante et mérite, dans le sillage du scandale des commandites, d'être scruté à la loupe. Il ne faudrait pas que le gouvernement libéral reprenne impunément le script de la dernière consultation.

Nous proposons donc, par la présente, le collectif de veille médiatique #Réveilleton et faisons appel à la twittosphère pour une mobilisation autour de cette consultation sur laquelle nos médias semblent fermer les yeux. Nous espérons contribuer à corriger cette dérive avec votre soutien et établir les lettres de créance d'une veille médiatique pour les prochains défis. Le feuilleton commence donc avec #LANG2016. Réveille-t-on?

Les premiers tweets ont été publiés et nous vous invitons à suivre, à partager et possiblement contribuer votre propre gazouillis (tweet) de veille, par exemple:

Le feuilleton commence donc avec #LANG2016, réveille-t-on? Le collectif de veille médiatique #Réveilleton

Comment (identifier les médias, p. exc. CBC, ICI, La Presse, etc.) ont-ils pu manquer le lancement de #LANG2016 et la première rencontre? #Réveilleton

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