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Québec Solidaire veut-il naviguer dans le sens de l'indépendance?

J'invite Québec Solidaire à voir plus loin, penser à notre bien commun et nous prouver le contraire le plus rapidement possible en rouvrant la porte des discussions.
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Ainsi toutes les forces souverainistes s'étaient entendues sur un mode d'accession à l'indépendance, dès le mois d'avril. Il faut saluer les personnes présentes de bonne foi et l'organisation des OUI-Québec ayant chapeauté tout ce processus, plus complexe qu'il n'y parait. Il s'agit là d'un moment historique marquant un changement de paradigme; un moment de relative unité, regrettablement gâché par des considérations partisanes.

Une grande déception

Malheureusement, il semble avéré que Québec solidaire (QS) a non seulement voulu taire le processus, mais a également désavoué son négociateur et sa propre parole donnée. Mais également, il semble que le parti de gauche, qui dénonce les vieux partis partisans et politiciens, s'est adonné à des jeux de coulisses pour manœuvrer son propre congrès, qui devrait pourtant être un exercice démocratique exemplaire au sein des partis; des informations essentielles ont été masquées à ses membres en vue des débats. Ami de la vertu plutôt que vertueux, disait un homme de lettres...

Non seulement le vote des membres de QS a représenté une déception pour bon nombre d'indépendantistes, mais la gestion de l'entente multipartite et son désaveu par QS est ressenti par beaucoup comme de la petite politique, de la partisanerie mal placée et un rendez-vous manqué avec l'histoire.

Dans ce contexte, je pense qu'on peut légitimement se questionner sur la position d'Option nationale et les velléités de fusion de QS. On en reparle d'ailleurs très vite dans le prochain billet.

L'entente de principe

Revenons sur l'entente à la table des OUI-Québec. Les quatre partis présents (ON, PQ, QS, Bloc) se sont entendus sur le mode d'accession à l'indépendance et sur cela uniquement; et c'est déjà beaucoup. La proposition revient à mettre en branle un projet de Constitution via une assemblée constituante, et, in fine, voter lors d'un référendum sur cette Constitution et sur le statut politique du Québec. Pas de dates, pas de questions d'échéances ou d'ententes électorales ou d'hypothétique gouvernement de coalition. Simplement une entente de principe sur la mécanique indépendantiste.

Il s'agit là d'un processus très proche du processus en cours en Catalogne, dont il s'inspire fortement. D'ailleurs, notons qu'il s'agit de l'option que préconise Option nationale depuis plusieurs années; d'où son rôle selon moi essentiel dans les réflexions que peut aborder le mouvement indépendantiste ces temps-ci.

Pour aller plus loin, il serait resté à fixer certains détails, à s'entendre sur des dates voir à discuter d'ententes électorales ou autre forme de discussion permettant de dégager une majorité indépendantiste et balayer le gouvernement libéral corrompu. Bref, tout était possible et le plus dur semblait fait.

C'était sans compter sur le comportement étonnant de la direction de Québec solidaire et le vote lors de son congrès; il était cela dit dans le plein droit de son assemblée de refuser des discussions sur des ententes électorales.

C'était surtout sans compter sur la volte-face quant à l'entente de principe ci-dessus décrite, dont la signature a été tout simplement reniée.

Convergence, union, feuille de route, entente électorale...?

Une union des forces souverainistes, qu'a préconisé longtemps Option nationale sous le nom de « refondation », aurait, un temps, été souhaitable. Il se serait agi de refonder tout le mouvement sous une seule bannière. Or, on semble bien loin de cette perspective aujourd'hui.

Option nationale préconise depuis quelques années déjà l'établissement d'une « feuille de route » indépendantiste commune, via laquelle tous s'entendraient sur un socle de principes communs pour réaliser l'indépendance.

Option nationale préconise depuis quelques années déjà l'établissement d'une « feuille de route » indépendantiste commune, via laquelle tous s'entendraient sur un socle de principes communs pour réaliser l'indépendance. Le rôle des OUI-Québec, organisation de la société civile non affiliée aux partis, est précisément de voir à ce que cette feuille de route voie le jour et l'entente sur le mode d'accès à l'indépendance en était le premier jalon. Selon moi, la convergence pourrait aussi s'appeler dialogue. Et elle n'est pas autre chose qu'une volonté de réaliser quelque chose en commun, quelque chose de plus grand que les partis; et à ce titre, QS a fait défaut récemment. Mon espoir est que la convergence reprenne, pour le bien de tous; car nous pouvons tomber d'accord sur certains fondements que nous partageons, l'entente de principe en est la preuve.

Pour ce qui est des ententes électorales, il s'agirait d'un « pacte de non-agression » dans certaines circonscriptions, qu'on peut imaginer à entre 30 à 35 d'entre elles, ou 2 partis se retireraient au profit du 3e afin de favoriser à la fois la chute des libéraux et l'élection d'une chambre majoritairement indépendantiste.

Il est clair désormais que l'indépendance se fera à travers plusieurs partis. Et il est clair que les chances pour le PQ d'avoir un gouvernement majoritaire sont très improbables. Donc, pourquoi ne pas travailler ensemble à la réalisation de notre indépendance dès maintenant? Imaginons que le PQ et ON se retirent de 8 ou 9 circonscriptions pour laisser la place à QS, que QS et le PQ laissent la place à ON dans 1 ou 2 comtés et que QS et ON se retirent d'au moins une vingtaine de circonscriptions pour laisser le champ au PQ. Chacun pourrait appuyer les campagnes des uns et des autres dans ces comtés, tout en se maintenant à 3 dans les 90 comtés restants. Ne peut-on pas imaginer une majorité d'élus souverainistes avec un tel scénario, menant à une réforme du mode de scrutin et au déclenchement d'un processus constituant (dans lesquels il ne serait pas exclu que la CAQ prenne le train en marche)?

Il revient effectivement à chaque parti d'approuver ou pas de telles ententes. Pour ma part, je suis absolument convaincu de la possibilité et même de la nécessité d'un tel scénario. Et je puis vous dire qu'en tant que membre, militant et officier d'Option nationale, dans un tel contexte, si on m'enjoignait à voter pour un candidat du PQ ou de QS, je le ferais sans aucune hésitation. Et je ferais campagne pour cette personne. Et je n'en attendrais pas moins de tous les indépendantistes à travers le Québec.

Rouvrir rapidement le dialogue

En considérant les événements récents, on peut nourrir des doutes sur les intentions du PQ en matière d'ententes électorales. Mais force est de constater que les mots entendus lors du congrès de QS en ont dit plus long, pour l'occasion, sur QS que sur le PQ.

Avec cet enchaînement de décisions discutables, non seulement QS a manqué une occasion en or de s'illustrer par son ouverture, mais le parti a arrêté net les progrès de tout le mouvement progressiste et indépendantiste. Il a par ailleurs attiré la suspicion quant à ses intentions voire la colère de certains. À ce titre, la réaction de Jean-François Lessard, candidat au poste de porte-parole, qui a dit voir dans le désaveu de l'entente multipartite « un sabotage de la meilleure chance de faire l'indépendance qui se soit présentée aux Québécois-es depuis 1995 », fut éloquente.

On est donc en droit de se demander, au vu de ces décisions et de son orientation électorale, si QS se pose en adversaire ou bien s'il est un allié peu fiable ou à tout le moins malhabile pour les forces progressistes et indépendantistes. Je les invite à voir plus loin, penser à notre bien commun et nous prouver le contraire le plus rapidement possible en rouvrant la porte des discussions.

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