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Il est parfois étonnant de voir à quel point des symboles s'entrecroisent lors de grands événements religieux. Dans la foulée de l'inauguration du ministère du pape François le 19 mars, l'expression «frère André» fait partie de ces petits détails lourds de sens.
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Pope Francis waves to crowds as he arrives to his inauguration Mass in St. Peter's Square at the Vatican, Tuesday, March 19, 2013. (AP Photo/Gregorio Borgia)
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Pope Francis waves to crowds as he arrives to his inauguration Mass in St. Peter's Square at the Vatican, Tuesday, March 19, 2013. (AP Photo/Gregorio Borgia)

Il est parfois étonnant de voir à quel point des symboles s'entrecroisent lors de grands événements religieux. Dans la foulée de l'inauguration du ministère du pape François le 19 mars, l'expression «frère André» fait partie de ces petits détails lourds de sens.

Pour les Québécois, l'expression est familière. Le frère André - Alfred Bessette - est bien connu. Et ceux qui ne le connaissaient pas ont eu l'occasion de se rattraper en 2010 dans le cadre du battage médiatique qui a entouré sa canonisation. Figure simple et accessible, il frappe l'imaginaire et inspire la foi de milliers de catholiques, surtout en Amérique du Nord. Au cours de la dernière année, de nouvelles structures paroissiales ont même commencé à prendre son nom, et pas seulement au Québec.

Alors, quelle coïncidence que le pape évoque publiquement un «frère André» le 20 mars, puisque dans l'Église catholique, le 19 mars est la fête de saint Joseph. C'est l'une des grandes journées de l'année à l'Oratoire du Mont-Royal, lieu de prière justement fondé par le frère André. Cette date importante pour les catholiques était doublée cette année d'un autre événement important avec l'intronisation de François. Pour un initié, la coïncidence est frappante.

Or voilà que le lendemain de la fête de saint Joseph, le nouveau pape se met à parler d'un «frère André». Il ne s'agissait pas toutefois d'Alfred Bessette, l'ancien portier du Collège Notre-Dame. Car en disant «mon frère André», le pape s'adressait plutôt au patriarche de Constantinople, Bartholomée.

Le 20 mars, le pape recevait les délégations des diverses Églises et confessions chrétiennes. Bartholomée a évoqué au nom de ces délégations la nécessité d'«œuvrer ensemble à l'unité des chrétiens». Et c'est alors que le pape lui a répondu en l'appelant «mon frère André». Le pape est le successeur de l'apôtre Pierre, et le patriarche de Constantinople celui d'André, le frère de Pierre. D'où l'expression choisie par le pape pour s'adresser au patriarche.

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Avec tout l'espace médiatique que prennent la personne et le style de François, il est facile d'oublier que le simple fait que le patriarche œcuménique assiste à l'intronisation d'un pape à Rome est une première dans l'histoire du christianisme. Même avant le schisme de 1054, cela n'était jamais arrivé.

Dans une entrevue télévisée, Bartholomée a souligné qu'il voulait ainsi donner un signe tangible de l'importance qu'il accorde au dialogue entre les Églises catholique et orthodoxe.

Les férus d'anecdotes se rappelleront également une phrase semblable prononcée par le pape Jean XXIII en 1961. Devant des représentants du judaïsme, il avait lancé «je suis Joseph, votre frère». Il faisait ainsi référence à la fois à son prénom civil (Angelo Giuseppe) et à l'histoire de Joseph qui retrouve ses frères après plusieurs années, présente aussi bien dans la Torah que dans la Bible.

Bref, le «mon frère André» du pape François est un véritable feu d'artifice de symboles religieux qui s'entrecroisent et qui ont de multiples résonances dans diverses cultures, incluant la nôtre. Et qui dans ce cas-ci, évoquent la proximité à travers la fraternité et la réconciliation.

Au-delà des nombreuses images du nouveau pape qui circulent sur les réseaux sociaux, au-delà d'une adulation toute pontificale que des croyants vouent au nouveau pape (ironiquement, car François est tout sauf pontifiant jusqu'à présent), la rencontre de ce dernier avec les représentants des diverses Églises chrétiennes constitue déjà un signe concret qui donne vie à des symboles et des anecdotes.

Avant de quitter Rome, Bartholomée a invité François à le rencontrer à Jérusalem en 2014, une année qui marquera le 50e anniversaire de la rencontre historique entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras, une première depuis le 15e siècle. Un autre symbole qui pourrait, à son tour, être le signe tangible de ce que prêchent les Églises chrétiennes. Passer de la parole aux actes, des symboles aux faits, voilà l'un des grands défis du christianisme pour assurer sa crédibilité aujourd'hui.

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