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Débat Clinton-Trump: peut-on prédire le gagnant dès l'entrée en scène?

Si le gagnant est prédictible, c'est parce qu'il détient l'assurance qu'il est le plus fort et qu'il va triompher. Il ne gagne pas à l'issue du combat, il gagne en entrant dans l'espace de la joute. Dominant dans son environnement, il traduit la victoire à venir par des signes subreptices identifiables.
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Certains sports de combat permettent de prédire le dénouement du duel dans des proportions supérieures au hasard, avant que la joute ne commence. Si le gagnant est prédictible, c'est parce qu'il détient l'assurance qu'il est le plus fort et qu'il va triompher. Il ne gagne pas à l'issue du combat, il gagne en entrant dans l'espace de la joute. Dominant dans son environnement, il traduit la victoire à venir par des signes subreptices identifiables.

Ainsi, dans la mesure où des signes prédictifs de la victoire sont observables dans le champ du sport, la question se pose de savoir si ces mêmes signes sont identifiables dans l'arène politique au moment des combats que sont les débats politiques.

En politique américaine, la prédictibilité du gagnant a été rendue possible grâce à une innovation apparue lors des débats Obama-McCain en 2008.

Le premier débat télévisé Kennedy-Nixon en 1960 avait scellé un choix éditorial : les deux candidats étaient assis face aux animateurs-arbitres au début de la diffusion. Ce type très formaté d'apparition à l'écran a perduré 48 ans. Mais à l'occasion du premier débat entre Barack Obama et John McCain, la poignée de main filmée et diffusée officiellement face aux caméras faisait entrer le candidat dans une nouvelle ère, celle de l'observation du « corps-à-corps » entre les prétendants.

Le dominant s'impose avant même d'avoir commencé à argumenter.

En 2008, Obama et McCain ont, par trois fois, débuté le débat en arrivant de l'extérieur du plateau pour se serrer la main au centre de l'arène; et par trois fois Obama a gagné. Les signes de sa victoire étaient chaque fois observables avant le début du débat. Les instituts de sondage validaient à l'issue des émissions des résultats déjà prédictibles sur des critères de langage corporel, dès l'entrée en scène.

Les débats Obama-Romney se sont déroulés selon le même scénario cinématographique. Les acteurs arrivant hors champ pour se rencontrer au centre de leur terrain de jeu et se serrant la main devant les caméras. Obama moins bien préparé que Mitt Romney perdit le premier de ces débats avant de gagner les deux suivants. Là encore le verdict donné par les instituts de sondage correspondait aux prédictions possibles. Et là encore, le gagnant pouvait être prédit trois fois sur trois en se fiant aux mêmes signes que lors des trois débats McCain.

Quels sont ces signes ?

Le dominant s'impose avant même d'avoir commencé à argumenter. Et son comportement dans le cours du débat finira d'objectiver une domination exprimée dès son entrée en scène. Le dominant peut d'abord être défini comme celui qui prend les initiatives. Formellement, dans un débat politique, c'est celui qui prend l'initiative de la poignée de main en amorçant le premier le mouvement. C'est ensuite celui qui desserre en dernier son étreinte avec son autre bras à la fin de la poignée de main. C'est enfin celui qui occupe le plus amplement l'espace. Les critères de proximité ne sont pas propres au champ politique. Ils s'expriment dans le monde animal et ils sont ritualisés dans la mise en présence des êtres humains en interaction.

Sur le critère du toucher, dans les débats Obama-McCain et Obama-Romney, le gagnant était prédictible dès la mise en présence des candidats. Sur la base de ces règles, le gagnant énoncé par les sondages correspondait six fois sur six à ces critères énoncés. Obama a perdu un débat sur six. C'est le premier débat contre Romney et lors de ce débat Obama a lâché le premier le bras de Mitt Romney qui a continué à lui serrer le sien.

Le débat Clinton-Trump

La domination est déterminée par l'occupation optimale de l'espace. Mais évidemment, lorsqu'un débat met en présence un homme et une femme, si les rituels restent les mêmes, ils doivent être aménagés pour prendre en considération la nature du rapport homme-femme. Ce rapport étant lui-même soumis à des codes stricts, intégrés et intériorisés et s'exprimant pour partie à l'insu des protagonistes.

Ainsi, l'un des critères observables lorsque deux hommes se rencontrent n'a plus cours si un homme et une femme ont à jouter l'un contre l'autre. Ce critère, c'est celui du toucher. Il prend une connotation différente dans le cadre d'un rapport homme-femme. Ce critère sera d'autant moins signifiant dans ces trois débats que le candidat masculin s'est vanté, puis récusé de s'être vanté, de « toucher » les femmes sans qu'elles ne lui résistent. Les deux leaders ne se sont d'ailleurs purement et simplement pas serré la main lors de l'entrée en scène au début du second débat.

Il n'en reste pas moins vrai que l'occupation de l'espace observable - aussi bien sur le critère territorial de l'ampleur de la poignée de main lorsqu'elle a lieu que sur le critère de l'occupation spatiale de l'espace - reste un facteur de prédictibilité du gagnant. Et sur ces deux critères visuellement objectivables, la domination d'Hillary Clinton s'est vue dès l'entrée en scène des deux débats. Les instituts de sondage lui accordant chaque fois la victoire a posteriori.

Dans le premier débat, elle a pris l'initiative de sortir la première des coulisses, son bras plus déployé obligea Donald Trump à s'effacer pour se placer non pas à côté d'elle, comme il aurait pu l'imposer s'il avait été dominant, mais derrière elle. Dès lors, il lui laissa la possibilité de prendre toutes les initiatives dans la gestion de l'espace, et ce jusqu'au début officiel du débat.

Dans le second débat, ils ne se sont pas serré la main, mais là encore, côte à côte face aux caméras, alors que Trump restait statique, figé, elle embrassait du regard toute la salle, se tournant d'abord à sa gauche puis à sa droite. L'espace d'une certaine manière lui appartenait. Les images ci-dessous le montrent.

En fait, lors des trois dernières élections présidentielles américaines, les critères synergologiques de territorialité ont permis, huit fois sur huit, de donner le nom du gagnant des débats. En tout état de cause, ils devraient nous permettre de donner, si les items sont suffisamment signifiants, l'indication du gagnant avant le début du troisième et dernier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump, ce mercredi soir.

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