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Le PQ a peur que vous appreniez l'anglais

Ayant maints astres alignés pour être potentiellement favori le 4 septembre prochain, mais ne sachant pas capitaliser sur des idées substantives pour notre société, le PQ y va ces jours-ci de sonmoderne qui a mené de grands esprits comme Jean-Martin Aussant à quitter ce parti: le populisme de peur. Je fais référence ici, entre autres, à la proposition du PQ d'étendre la loi 101 au CÉGEP pour empêcher les étudiants francophones de fréquenter un CÉGEP public anglophone. La grande société, Mme Marois, on la bâtit derrière des barbelés?
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Ayant maints astres alignés pour être potentiellement favori le 4 septembre prochain, mais ne sachant pas capitaliser sur des idées substantives pour notre société, le PQ y va ces jours-ci de son modus operandi moderne qui a mené de grands esprits comme Jean-Martin Aussant à quitter ce parti: le populisme de peur. Je fais référence ici, entre autres, à la proposition du PQ d'étendre la loi 101 au CÉGEP pour empêcher les étudiants francophones de fréquenter un CÉGEP public anglophone. La grande société, Mme Marois, on la bâtit derrière des barbelés?

Je suis québécoise francophone (« pure laine » comme on dit) et j'ai été élevé par des parents qui ne parlaient pas anglais. Mes parents ont toujours voulu toutefois que je l'apprenne, et surtout mon père ultra-souverainiste qui croyait que malgré tout, l'anglais demeurait la clé aujourd'hui pour une carrière d'envergure et une ouverture sur le monde. Mon père était donc fier lorsque je fus accepté au Champlain Regional College de Saint-Lambert, un CÉGEP anglophone, où j'ai appris à maîtriser l'anglais, au frais de l'État québécois. Nous n'avions pas les moyens de me payer des voyages et des immersions dans des camps et, soyons réaliste, les programmes d'anglais de langue seconde dans le système public francophone ne mènent à guère plus qu'à des yes, no, toaster. C'était donc ma seule option réaliste pour apprendre l'anglais.

Grâce à ma maîtrise de l'anglais, j'ai pu obtenir un résultat presque parfait au TOEFL (test d'aptitudes de langue anglaise international) qui était requis pour être admis à l'Université Harvard, où j'ai suivi deux cours il y a deux ans, épuisant du coup toutes mes petites économies. J'ai aussi été en échange étudiant pour un semestre en France (attention!), où j'ai pu me faire des amis de partout dans le monde qui étaient là en échange avec moi. Des Suédois, des Espagnols, des Brésiliens, des Allemands, des Kazakhs, des Chinois, des Indiens, des Tchèques et vous saviez quelle langue commune nous utilisions pour communiquer entre nous? Shakespeare's darling!

Un jour, un ami anglophone (Mme Marois, en avez-vous?) m'a dit le fond de sa pensée sur la loi 101, et j'aimerais vous la traduire (il me l'a dit en anglais). Mon ami m'a dit : «Phil (les anglos m'appellent comme ça), tu sais, la loi 101, ce n'est pas pour protéger la langue française des méchants anglos comme moi, c'est pour protéger le PQ des francos qui apprennent l'anglais et s'ouvrent au monde comme toi. Le PQ n'a pas peur de moi, il a peur de toi».

Comme je le disais, je suis un « pure laine ». Je vais à l'étranger, et lorsqu'on me demande mes origines, je mets toujours le French avant le Canadian. Je suis assez fier de ma culture pour avoir confiance en elle; je sais qu'elle va perdurer quoiqu'il arrive ou quelles que soient les lois de mon pays, car c'est une culture louable et riche, qui ne se console pas en se comparant, elle se démarque. Je n'ai pas besoin d'entourer ma culture et ma langue d'une muraille pour qu'elle prospère, elle fait ça toute seule et se comporte de toute façon bien mieux lorsque je la laisse aller voir ailleurs. Par contre, pour aller voir ailleurs, il y a cette autre langue, qui malgré qu'elle ne soit pour moi qu'une langue seconde, me sert comme pas une. Je tiens d'ailleurs à remercier les contribuables québécois de m'avoir permis d'apprendre cette langue, l'anglais. J'espère, contrairement à Mme Marois, que d'autres jeunes francophones comme moi auront un jour cette chance.

Finalement, si vous avez cette peur de l'assimilation linguistique et de la disparition de notre culture distincte, je ne puis qu'avoir des regrets pour vous, car vous vous accrochez à vouloir faire survivre par tous les moyens une société à laquelle vous ne croyez pas vraiment. Si vous croyez au fait français en Amérique et en l'authenticité et l'essor de la culture québécoise, ce n'est pas en isolant notre peuple du monde externe que vous encouragerez quoi que ce soit, si ce n'est que la stagnation, l'exode, et le détachement. Si la souveraineté est votre tasse de thé, sachez que ce n'est pas en restreignant les libertés que vous vendrez votre projet, mais plutôt en en vantant les avantages.

Plutôt que de vous tourner vers un PQ populiste qui tente de vous tenir par la peur, vous auriez tout avantage à considérer d'autres options beaucoup plus nobles qui s'offrent à vous, comme le parti Option Nationale de Jean-Martin Aussant, qui, malgré que je n'y adhère pas, offre un vrai programme et une vraie vision. Je me demande si M. Aussant, souverainiste francophone convaincu et membre de l'Assemblée Nationale, aurait pu avoir une carrière de financier international à Londres sans maîtriser l'anglais? Qu'en pensez-vous?

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