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De l'Action démocratique du Québec au Parti indépendantiste britannique

Les récentes élections municipales dans le nord de l'Angleterre et celle d'un siège à Westminster, celui de South Shields, ont démontré un phénomène que nous avons expérimenté au Québec. Celui de la perte de confiance et de la rupture entre le peuple et la classe politique.
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Les récentes élections municipales dans le nord de l'Angleterre et celle d'un siège à Westminster, celui de South Shields, ont démontré un phénomène que nous avons expérimenté au Québec. Celui de la perte de confiance et de la rupture entre le peuple et la classe politique.

Le United Kingdom Independence Party, ou UKIP, a remporté 147 sièges aux seins des conseils municipaux alors qu'il n'en avait que huit auparavant et a même dépassé le Parti conservateur dans une législative partielle pour prendre la deuxième place derrière le Parti travailliste (Labour) qui a dominé historiquement le comté de South Shields.

UKIP est un indicateur d'une tendance qui prend de l'ampleur dans plusieurs pays car UKIP était un parti marginal, à l'exception des élections européennes, mais qui a su capitaliser sur le désenchantement de l'électorat avec la classe politique.

UKIP est mené par Nigel Farage qui a pris des allures d'un Mario Dumont lors des élections législatives provinciales de 2007 alors que l'ADQ avait passé à un doigt de former le gouvernement à la surprise de tous après n'avoir jamais possédé plus qu'une poignée de sièges dans son histoire.

Nigel Farage a fait campagne contre une élite politique jugée déconnectée des citoyens en s'adressant directement à une classe moyenne qui se sent de plus en plus abandonnée par les deux partis principaux, soit le Parti travailliste ou conservateur.

Le leader du parti indépendantiste a su se former une image d'homme du peuple (malgré qu'il vienne du monde de la haute finance de la City) en faisant campagne dans les pubs iconiques de la culture britannique et en ayant un discours fortement en faveur d'une sortie de l'Union européenne par le Royaume-Uni. UKIP et Farange sont aussi fortement opposés à l'immigration de masse; pour une réduction des impôts et une décentralisation des pouvoirs de Westminster.

Si plusieurs y voient un jeux politique entre partis, il semble que les clivages politiques que nous chérissons, celui de la gauche et la droite ont parfois peu d'importance chez l'électorat.

Comme Max Wind-Cowie du magazine Prospect le dépeint, la situation est plus complexe pour expliquer la montée de UKIP qu'un simple déplacement des votes entre deux parties de droites au sein d'un électorat déjà acquit idéologiquement. Wind-Cowie explique comment l'électorat de UKIP vient en grande partie de l'électorat du partie travailliste et libéral-démocrate (Lib Dem), donc du centre-gauche. Ces derniers ont pris la « classe ouvrière blanche » comme acquise alors que cette dernière serait solidement située dans les tranchées de la gauche depuis les années Thatcher, mais c'est ce même électorat qui vient de basculer à droite.

Wind-Cowie voit un phénomène illustré par UKIP alors que ce dernier s'oppose à l'establishment politique en étant «post-libéral» et de son «libéralisme social et économique». Si la gauche se croyait héritière de la classe ouvrière, l'électorat, lui, différencie la gauche et la droite de moins en moins et voit bien que la distinction entre les partis principaux n'est que des écrans de fumée qui camouflent la similarité entre les partis.

Le phénomène de perte de confiance et du vote protestataire s'est aussi manifesté lors des présidentielles françaises de 2012.

Lors du premier tour, les candidats présidentiels à l'extrême gauche et à l'extrême droite, Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et Marine Le Pen (Front national), avaient recuilli une part élevée de l'électorat alors que Mélenchon avait obtenu 11 % des voix et Le Pen 18 %, un record pour les deux acteurs politiques français. Marine Le Pen battait même les résultats de son père en 2002 alors que ce dernier avait réussi a finir deuxième derrière Jacques Chirac et accéder au deuxième tour des présidentielles, ce qui était une première.

Les Français n'avaient pas nécessairement basculé vers les extrêmes, eux qui sont habitués à la rhétorique du Parti communiste et du Front national, mais ils avaient désavoué la classe politique représentée par le Parti socialiste et l'UMP (Union pour un mouvement populaire). La critique venant du Front national qui accusait le Parti socialiste de François Hollande et l'UMP de Nicolas Sarkozy d'être en accord sur tous les enjeux principaux, soit la question de l'Union européenne, l'Euro et la mondialisation, donc qui n'offrait aucun choix réel, avait trouvé un écho au sein des classes populaires qui ne se reconnaissent plus dans le discours de ses partis.

La poussée électorale de UKIP n'est donc pas un phénomène isolé. Il représente une réaction à l'homogénéisation d'une classe politique qui s'éloigne des populations qu'ils sont supposés représenter. Le clivage n'est plus simplement celui entre la gauche et droite, mais entre les discours des élites politiques et ce que la population désire réellement en tant que leadership politique. Les cas de l'ADQ en 2007, des présidentielles Françaises de 2012 et les récentes élections municipales anglaises ne seront surement pas les derniers exemples d'un vote protestataire par l'électorat envers la classe politique. Il reste à voir si cette dernière saura écouter et s'ajuster.

VOIR AUSSI:

10 controverses de l'UKIP compilées par nos collègue du HuffPost à Londres (diaporama en anglais)

Anne-Marie Crampton

Ukip controversies

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