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Michael Jackson avait un bon fond

Un nouvel album qui n'en est pas un. Un travail de studio sur des archives. Un résultat plutôt convaincant. «», me disait l'autre jour un ami journaliste. C'est drôle et vrai. À moitié.r.
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Un nouvel album qui n'en est pas un. Un travail de studio sur des archives. Un résultat plutôt convaincant. «Michael Jackson n'a jamais fait d'aussi bons morceaux que depuis sa mort», me disait l'autre jour un ami journaliste. C'est drôle et vrai. À moitié.

Dangerous, son meilleur album

Pour être franc, c'est à mon âge canonique que je commence à apprécier la musique de Bambi. À quinze ans, j'écoutais autre chose. Je n'étais pas un admirateur absolu de l'album Thriller qu'on m'avait matraqué jusque dans les recoins les plus intimes de mon «adulescence»: chez l'épicier, le coiffeur, au pressing chinois et dans les relais d'autoroute. Je ne kiffais pas trop les clips de Bad et Beat It qui défilaient de façon hypnotique sur la télévision familiale. J'en voulais un peu à Michael d'avoir posé les bases d'un R'n'B mièvre qui n'avait pas fini de se répandre en mille charts. En outre, j'étais totalement acquis à la cause princière que je trouvais inspirée et sauvage. Pour rien au monde, je n'aurais échangé mon baril de Lovesexy contre deux barils de Bad. «On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade», écrivait Rimbaud.

Et puis est arrivé l'album Dangerous, qui, par sa diversité, reste pour moi son meilleur. J'ai commencé à revoir ma copie, tardivement, et suis même allé l'entendre à Longchamps pour une tournée qui me laissa un souvenir mitigé: une grande émotion gagna le public quand il chanta Heal The World. Mais les musiciens étaient cachés au profit des danseurs. Ce qui n'empêchait pas la machine Jackson de galvaniser les foules, totalement acquises.

Les qualités évidentes d'Off the Wall

J'ai réécouté Michael. Sa voix est superbe (surtout quand il fait les choeurs) et son Moonwalk reste l'emblème de toute une génération. Les Jackson Five étaient en droite ligne avec Sly Stone. Plus tard dans sa carrière, son live à Wembley de 1987 (qui figure dans le coffret Deluxe de l'album Bad) atteint des sommets d'entertainement.

Il m'a donc fallu balayer les scories d'une campagne marketing permanente pour enfin apprécier les qualités évidentes d'un album comme Off the Wall». Aujourd'hui, j'ai de la sympathie pour ce garçon dont l'image commerciale a dépassé son être et qui ne pouvait acheter un sorbet sans provoquer une émeute.

Revenons à son actualité puisque vient de sortir un album posthume intitulé Xscape. Gageons que c'est d'abord une affaire de gros sous, mais cela ne nous regarde pas...

Love Never Felt So Good

Sur le fond, c'est une compilation de démos rematricées par les habitués de studio que sont Timbaland, Rodney Jerkins et le duo Stargate. On ne peut ignorer ce tube obsédant qu'est Love Never Felt So Good, feat. Justin Timberlake: comme dirait l'autre, «ça fonctionne». Une grande chanson est peut-être de celle qu'on a envie de chanter. La version originale au piano est signée Paul Anka, l'auteur de My Way. Chicago, le deuxième titre, est totalement jacksonien. Loving You est une ballade sucrée dont il avait le secret. A Place With No name est un pastiche pop du titre A Horse With No Name d'America, enregistré en 1972. Issu des sessions Dangerous de 1991, Slave to The Rythm, initialement co-écrit par Babyface, est un titre addictif. Do You Know Where Your Children Are provient de la période Bad. Quant à Blue Gangsta, c'est une bombe grâce aux réarrangements de Timbaland (la version originale date d'Invicible, l'album passé à l'as.). Xscape enfin, titre éponyme, est une démo de la même époque, qui balance plutôt bien. (On en fait de belles choses en studio avec des producteurs de talent.)

Notons que la deuxième partie de l'album comprend tous les titres originaux. On apprécie de les disséquer au regard des nouvelles.

Écouter Michael est un plaisir qu'il ne faut pas bouder. Oui, ce nouvel album n'est pas qu'un recueil de fonds de tiroir. Au contraire, il remet en lumière le génie de MJ. Il comblera les admirateurs abandonnés et les dancefloors du moment. Jackson est un jalon important de la Great Black Music, ce n'est un scoop pour personne. Le King Of Pop a encore de beaux jours devant lui, à en croire sa notoriété exponentielle.

Je vois encore cette image d'un noir américain parlant de la première fois où Michael avait pratiqué son Moonwalk, ce pas de danse digne du mime Marceau. «On s'est tous reconnus» disait-il. C'était émouvant. N'oublions pas que Bambi est le premier artiste noir à être passé sur MTV. Un phénomène de société, un jackpot en mocassins, mais une image commerciale qui s'est emballée, au détriment de sa propre personne. À la fin de sa vie, Michael était dépassé par Jackson. Ça ne devait pas être drôle tous les jours.

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