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Margaret Thatcher: Une décennie de fer

Le 4 mai 1979, pour la première fois en Europe, une femme accède au rang de premier ministre. Margaret Thatcher va diriger la Grande-Bretagne d'une main de fer, au point d'être considérée par le président français François Mitterrand comme «le seul homme du gouvernement anglais».
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A popular event in the two-day programme of the Conservative Women's Conference was the address on education by Margaret Thatcher, Education Secretary.
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A popular event in the two-day programme of the Conservative Women's Conference was the address on education by Margaret Thatcher, Education Secretary.

Le 4 mai 1979, pour la première fois en Europe, une femme accède au rang de premier ministre. Margaret Thatcher va diriger la Grande-Bretagne d'une main de fer, au point d'être considérée par François Mitterrand comme "le seul homme du gouvernement anglais".

"Une fille d'épicier": tel était le jugement lapidaire du président Valéry Giscard d'Estaing sur celle qui, le 4 mai 1979, était la première femme à devenir première ministre britannique. Et qui allait le rester jusqu'au 28 novembre 1990, battant tous les records de longévité! La durée de son mandat (1979-1990), le nombre et l'ampleur des réformes accomplies, sa volonté inflexible, permettent bel et bien de parler d'une "révolution thatchérienne"- une telle personnalisation du pouvoir ayant jusqu'alors été exceptionnelle outre-Manche.

Née le 13 octobre 1925, Margaret Hilda Roberts était originaire de Grantham, petite ville du sud-ouest du Lincolnshire où son père, Alfred Roberts, était effectivement épicier. Après des études de chimie à Oxford, et son mariage avec Denis Thatcher, un homme d'affaires de douze ans son aîné, elle fut élue en 1959 député conservateur à Finchley, banlieue du nord-est de Londres.

Secrétaire parlementaire de 1961 à 1964, Margaret Thatcher reçut, en juin 1970, le portefeuille de l'Éducation. Son ambitieux programme de modernisation des écoles fut rapidement rendu inapplicable en raison de contraintes budgétaires qui l'obligèrent à supprimer la distribution matinale de lait aux enfants des écoles; et les Anglais de la surnommer "la voleuse de lait".

Le billet de Philippe Chassaigne se poursuit après la galerie

En février 1974, les conservateurs repartaient dans l'opposition. Il était temps pour le parti tory de se donner un nouveau chef; l'élection de Margaret Thatcher à ce poste en 1975 fut une surprise générale. Pour la première fois, une femme accédait à la direction du parti, alors que les conservateurs ne passaient pas pour des partisans acharnés de l'égalité entre les sexes.

Jusqu'alors, Margaret Thatcher n'avait jamais eu l'occasion d'exprimer ses convictions personnelles -les politologues s'accordent pour dire que l'on ne peut parler de "doctrine thatchérienne", car une doctrine suppose une solide armature conceptuelle. Or, la première ministre se référait avant tout au simple bon sens, et manifestait beaucoup de réserve envers les échafaudages trop abstraits. À ses yeux, pour remettre le pays sur les rails de la réussite - les années 1970 avaient été particulièrement difficiles sur le plan économique- les solutions étaient simples: il fallait avant tout que les Anglais abandonnent leurs habitudes d'assistés et reprennent leur destin en main. Elle entendait donc remettre à l'honneur les idéaux victoriens de travail et d'effort -ceux-là mêmes dans lesquels elle fut élevée-, garants d'ascension sociale, mais aussi de loi, d'ordre et de morale.

Une fois le gouvernement de Margaret Thatcher constitué, le 4 mai 1979, ces principes furent rapidement mis en action et, en moins de cinq ans, les grands axes de la nouvelle politique conservatrice, empruntés aux théories des néolibéraux Friedrich von Hayek et Milton Friedman -on raconte qu'elle avait toujours dans son sac La Route de la servitude de Hayek -, se trouvèrent appliqués: déréglementation de l'économie, privatisations, baisse des impôts, limitation des prestations sociales versées au titre du Welfare State.

Le billet de Philippe Chassaigne se poursuit après la galerie

1984

Margaret Thatcher's Style

Le bilan économique et social de l'expérience Thatcher est des plus contrastés. La Grande-Bretagne traversa une crise très grave en 1981-1982, mais l'inflation fut domptée et le chômage diminua au milieu des années 1980. Puis une nouvelle récession ébranla le pays en 1989-1990. Pourtant, au-delà de ces aléas conjoncturels, les réformes ont permis à la Grande-Bretagne de connaître, à partir de 1993, une croissance durable, dont elle bénéficie encore.

Sur le plan international, on ne peut contester que la première ministre rendit, selon ses propres termes, "la Grande-Bretagne à nouveau grande": par sa "relation spéciale" avec le président Reagan, la guerre des Malouines en 1982 ou ses positions souverainistes avant l'heure sur l'Europe. De même, en réhabilitant le marché et la libre entreprise dans l'économie, la "fille d'épicier" provoqua une véritable révolution politique. Son exemple fut même suivi, de façon plus ou moins avouée, par tous les autres dirigeants des pays industrialisés.

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Meryl Streep dans "La Dame de fer"

Margaret Thatcher à l'écran

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