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Remplacement des CF-18: le F-18E/F refait surface

Selon le journaliste spécialisé dans les questions de défense et de sécurité David Pugliese, le gouvernement Trudeau aurait ramené à la vie l'option d'un achat intérimaire de Boeing F-18E/F Super Hornet, sans appel d'offres, pour le remplacement des McDonnell Douglas CF-18 Hornet de l'Aviation royale canadienne.
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MONTRÉAL - Selon le journaliste spécialisé dans les questions de défense et de sécurité, de l'Ottawa Citizen et rédacteur du blogue Defense Watch, David Pugliese, le gouvernement Trudeau aurait ramené à la vie l'option d'un achat intérimaire de Boeing F-18E/F Super Hornet sans appel d'offres pour le remplacement des McDonnell Douglas CF-18 Hornet de l'Aviation royale canadienne.

En juin dernier, le gouvernement fédéral libéral proposait d'acheter, sans recours à un appel d'offres, des Boeing F-18E/F Super Hornet et ainsi repousser à 2030, toute nouvelle compétition accompagnée d'un appel d'offres. Mais face à l'opposition de l'industrie et aux députés de l'opposition, l'idée sembla alors avoir été mise de côté.

Mais cette option semblerait toujours être favorisée par le bureau du premier ministre canadien sur les conseils de son ministre de la Défense, Harjit Sajjan, qui a répété à plusieurs reprises que le besoin du remplacement des CF-18 devenait pressant. De leur côté, des officiers de l'Aviation royale canadienne affirmeraient le contraire, avançant que les CF-18 pourraient encore voler jusqu'en au moins 2025.

Cette rumeur qui veut que le gouvernement Trudeau achèterait 20 Boeing F-18E/F renverrait ainsi toute compétition dans une dizaine d'années. De la sorte, Justin Trudeau respecterait sa déclaration sans équivoque, au cinquantième jour de la campagne électorale, le 20 septembre 2015 à Halifax, en Nouvelle-Écosse: «We will not buy the F-35 fighter jet» dont le gouvernement Harper envisageait passer commande de 65 exemplaires.

D'ailleurs, l'aversion de Justin Trudeau envers l'avion de combat de cinquième génération Lockheed Martin F-35 Lightning II ne s'est pas affaiblie depuis, car le 7 juin dernier, en réponse aux critiques des membres de l'Opposition à la Chambre des Communes, il rétorqua que le F-35 «does not work and is far from working».

En juillet 2016, Ottawa a émis une demande d'information à laquelle cinq constructeurs donnèrent suite : Boeing avec le F-18E/F Super Hornet, Lockheed Martin avec le F-35 Lightning II, Dassault Aviation avec le Rafale, Eurofighter avec le Typhoon et finalement Saab avec le Gripen.

Il est vrai, comme le rappelait Marillyn A. Hewson, PDG de Lockheed Martin lors d'une allocution lors du sommet de l'aérospatiale canadienne, mardi dernier à Ottawa, que 110 entreprises canadiennes fournisseurs du F-35 ont déjà bénéficié de commandes d'une valeur d'un milliard de dollars en dépit du fait que seulement un peu plus de deux cents Lightning II aient été construits. D'ici 2023, de 170 à 180 F-35 devraient être produits annuellement.

Les F-18 de l'Aviation royale canadienne sont-ils vraiment rendus en fin de vie ou peuvent-ils encore servir une dizaine d'années?

Boeing, pour sa part, lui qui déjà achète pour plus d'un milliard de dollars de biens et services au Canada chaque année en plus d'employer directement dans ses installations au Canada près de 2000 personnes, pourra offrir des retombées sur ses programmes civils et même militaires en développement. Le F-18E/F, dont la production est à son crépuscule, offre peu d'occasions de retombées économiques hormis sur les pièces de rechange et l'entretien.

Néanmoins, cette comédie pose plusieurs questions. Les F-18 de l'Aviation royale canadienne sont-ils vraiment rendus en fin de vie ou peuvent-ils encore servir une dizaine d'années? Pourquoi cet intérêt qui semble plus électoral qu'autre chose de Justin Trudeau pour le F-35 depuis cette déclaration du 20 septembre 2015?

Que se cache-t-il derrière cet acharnement de Justin Trudeau contre le F-35 alors qu'il fut quand même rappelé que ce furent les libéraux de Jean Chrétien, son maître à penser, qui firent entrer le Canada dans le programme Joint Strike Fighter en 1997 par un versement initial de 10 millions de dollars? Le comportement du premier ministre rappelle celui de Jean Chrétien contre l'hélicoptère EH-101 dont il annulera dès son élection en 1993, la commande passée sous les conservateurs de Brian Mulroney pour finalement l'acheter sous le nom de Cormoran.

Quoi qu'il en soit, un achat mixte de F-18E/F et de F-35A est tout à fait faisable, car l'Australie a opté pour cette solution. Une telle option permettrait au gouvernement Trudeau de se présenter aux électeurs pour un second mandat en soulignant que sa promesse du 20 septembre 2015 a été tenue.

Le gouvernement doit aller de l'avant sur ce dossier, car à court terme, il va devoir trancher sur la question du choix d'un appareil sans le cadre de la compétition Projet de remplacement d'aéronefs de recherche et sauvetage à voilure fixe ou Fixed-Wing Search and Rescue Aircraft Replacement Project (FWSAR-ARVSF) et à plus long terme, amorcer le processus de remplacement des avions de transport et de ravitaillement en vol Airbus CC-150 Polaris et des hélicoptères utilitaires de transport tactique (HUTT) Bell Helicopter CH-146 Griffon.

Entre-temps, comment se fait-il que les milieux associatifs et politiques québécois restent muets sur la question du remplacement des McDonnell Douglas CF-18 Hornet dont les enjeux sont, sans équivoque, en termes de retombées économiques et d'emplois.

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