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La privatisation des aéroports canadiens: une folie

Les aéroports sont des pôles de développement économique et non pas des pompes à argent pour l'état ou pire, pour des entrepreneurs privés.
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Le ministre des Transports, Marc Garneau, a en main depuis février 2016 un rapport sur la modernisation de la Loi sur les transports dans lequel il est suggéré au gouvernement d'étudier l'idée de privatiser les aéroports du Canada. Il y est recommandé «la transition, d'ici trois ans, vers une structure à capital-actions pour les aéroports importants, avec un financement par capitaux propres d'investisseurs de grands établissements».

Le mois dernier, l'Institut C.D. Howe, en se fondant sur les expériences néo-zélandaises, australiennes et européennes au cours des dernières années, a affirmé dans une étude que la privatisation de ces actifs pourrait rapporter au trésor fédéral de sept à seize milliards de dollars.

Une telle somme permettrait au gouvernement fédéral de financer les opérations de la nouvelle Banque de l'infrastructure que veut lancer le ministre des Finances d'ici la fin de l'année, mais surtout de renflouer, en partie, des finances publiques qu'il a mises à mal dès son élection, après des années de rigueur budgétaire du gouvernement conservateur de Stephen Harper, par des dépenses décidées sur des considérations électoralistes, dont l'allocation canadienne aux enfants.

Le gouvernement de Justin Trudeau a trouvé dans la vente des aéroports canadiens, une solution facile pour éponger une partie de sa folie dépensière dont encore aucun montant n'a encore été dévolu à son fameux programme d'infrastructures.

En termes plus crus: le présent gouvernement «vend le mobilier de la famille pour régler les factures d'épiceries».

En termes plus crus: le présent gouvernement «vend le mobilier de la famille pour régler les factures d'épiceries».

Mais la privatisation est loin d'être la panacée surtout s'il s'agit de vendre des infrastructures de transport à des intérêts commerciaux privés.

Des aéroports peuvent appartenir à des états, des villes, des entreprises publiques à but non lucratif ou même à des chambres de commerce. La chose devient toute différente quand il s'agit d'entreprises privées à but lucratif. Le rendement sur l'investissement devient alors l'objectif numéro un pour ne pas dire l'unique objectif et non plus le bien public.

Mais les aéroports tout comme les ports, les routes, les transports en commun urbains sont d'utilité publique.

Les aéroports sont des pôles de développement économique et non pas des pompes à argent pour l'état ou pire, pour des entrepreneurs privés.

Les aéroports sont des outils de développement économique majeurs. Cela n'est pas pour rien si des aéroports européens offrent des ponts d'or au transporteur aérien à rabais Ryanair afin de les desservir.

Des aéroports accessibles et abordables financièrement pour ses utilisateurs ne stimulent pas seulement le tourisme, mais aussi les déplacements d'affaires. Ils facilitent le déplacement d'étudiants et de stagiaires et encouragent la tenue de congrès, séminaires, symposiums et salons à proximité.

Il n'y a qu'à voir la privatisation de services dans les aéroports qui ont mené à des augmentations substantielles de tarifs. L'exemple de la hausse vertigineuse du coût du stationnement à l'aéroport Montréal-Trudeau depuis qu'il est dans les mains de la compagnie française Vinci en est une preuve patente.

D'ailleurs, les aéroports deviennent malheureusement de plus en plus souvent des centres commerciaux agrémentés de très nombreux comptoirs alimentaires et restaurants afin de vider le plus possible les poches des passagers. Dans bien des aérogares, la connexion WiFi et même les chariots à bagages sont payants.

D'ailleurs, un gestionnaire privé d'aéroport avait déclaré récemment que son but était que chaque passager laisse en moyenne 50 dollars dans l'aéroport... quel beau programme!

Il ne faut pas se faire d'illusion: la privatisation des aéroports se traduira par une hausse significative des tarifs qui sera assumée exclusivement par l'utilisateur et par personne d'autre au détriment de l'intérêt général.

Le gouvernement fédéral peut céder ses 26 aéroports aux provinces, aux villes ou à des chambres de commerce qui en feront des outils de développement économique.

Les vendre à des entreprises privées ne fera que gonfler les dividendes des actionnaires des nouveaux propriétaires, des entreprises commerciales souvent cotées en bourse.

Que le gouvernement Trudeau se souvienne que même si 60% des passagers à Montréal-Trudeau sont des voyageurs d'affaires, l'essentiel du reste des 40% est issu de la classe moyenne pour qui le premier ministre et ses ministres nous serinent qu'ils souhaitent son bien.

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