Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Être une femme active en 2020

Si l'on en croit les enquêtes d'opinion les femmes actives brillantes doivent trouver le juste milieu entre aller de l'avant, garder un œil sur le plafond de verre et surveiller leurs arrières pour ne pas se faire avoir par des concurrents, le tout dans un environnement bien moins fraternel qu'on le pensait...
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La scène suivante est tirée de la série télévisée Mad Men.

Roger Sterling: "Ma mère disait toujours 'fais attention à ce que tu souhaites, cela pourrait bien se réaliser. Et ensuite les gens deviennent jaloux et essaie de te voler'".


Don Draper: "Je ne pense pas que ce soit la façon dont ça se passe vraiment"

Cette scène -- extraite d'une série qui capture "l'avant" dans l'"avant/après" de la transformation du monde du travail pour les femmes -- est un résumé utile. Les récompenses financières et émotionnelles d'une égalité réelle, qui faisait rêver la génération précédente de femmes, est maintenant clairement en ligne de mire. Mais malgré toutes les avancées, une quantité surprenante de débris de vieilles habitudes encombrent toujours le chemin du futur et empêchent de profiter des progrès qui ont été faits.

Si l'on en croit les enquêtes d'opinion -- et que l'on analyse les commentaires qui les accompagnent -- les femmes actives brillantes doivent trouver le juste milieu entre aller de l'avant, garder un œil sur le plafond de verre et surveiller leurs arrières pour ne pas se faire avoir par des concurrents, le tout dans un environnement bien moins fraternel qu'on le pensait.

Même en étant très souple, difficile de travailler dans une position pareille.

Cependant: ce n'est peut-être pas "la façon dont ça se passe vraiment". Peut-être que la variété d'obstacles qui semble aujourd'hui définir la vie professionnelle des femmes est trompeuse. Peut-être n'est-ce qu'un symptôme du fait que quand des agences ou des organisations -- tout particulièrement les médias -- décident de se confronter à un problème, ces problèmes prennent le dessus: "quand vous êtes un marteau, tout ressemble à un clou".

Si nous voulons vraiment voir le monde des femmes et du travail, nous devrions étendre notre regard en direction du futur. À quoi ressemblera le monde du travail pour les femmes en 2020?

Un quelconque coup d'œil dans l'avenir doit d'abord se faire par l'intermédiaire de la génération Y: une armée de 80 millions de personnes aux États-Unis et de 2,5 milliards dans le monde. En 2025, la génération Y dirigera tout et représentera 75% des travailleurs.

Les femmes de cette génération sont à la fois ambitieuses et optimistes. Une étude récente du Pew Research Center a montré qu'autant de jeunes femmes que de jeunes hommes inscrivaient la réussite professionnelle et une carrière bien rémunérée dans la liste des éléments importants de leur vie. Et pour la première fois, plus de jeunes femmes que de jeunes hommes ont mis la réussite professionnelle tout en haut de leur liste. D'autres études montrent d'ailleurs que ce désir d'avoir plus de responsabilités professionnelles signifie aussi que les femmes prennent les devants.

"Actuellement, la situation est plutôt pas mal pour les femmes"

Au cours de mes recherches sur les femmes et le travail, j'ai discuté avec Carla, analyste de 28 ans pour une entreprise de matières premières basée à Chicago. Je lui ai demandé si, d'expérience, la réalité était à la traine par rapport aux désirs des femmes.

"Je vois tout ce que les articles dénoncent comme étant mauvais dans le monde du travail pour les femmes", m'a-t-elle répondu. "Je vois des hommes qui préfèrent travailler avec des hommes. Je vois des femmes qui gardent jalousement leur territoire. Je vois des politiques qui pourraient être améliorées dans le but de trouver plus facilement un équilibre entre le travail et la vie. Mais le truc c'est que je ne vois pas tout ça à chaque fois. Dans la plupart des cas, la situation est plutôt pas mal pour les femmes.


Les hommes ont leurs petits groupes et vont fumer des cigares ou je ne sais quoi, mais les femmes aussi. On s'entend tous bien. Et lorsque vous travaillez en équipe pour parvenir à quelque chose, toute l'attention se concentre sur cet objectif. Les problèmes hommes/femmes seraient bien la dernière chose à entraver la réussite du groupe. Je pense vraiment que l'on en est arrivé au niveau où ce qui compte vraiment c'est ce que l'on apporte à une équipe. Ce n'est peut-être pas le cas pour tout le monde tout le temps mais ce n'est pas évident de trouver une entreprise parfaite en tout point".

Et pourtant, d'après une étude par McKinsey, les femmes obtiennent 53% des métiers de management les moins exigeants. En tant que cadres, elles ne sont plus que 37%. Et à des postes à hautes responsabilités, cette proportion tombe à 28%. Où vont-elles? Pourquoi restent-elles coincées en bas de l'échelle?

À ce niveau-là d'évolution dans le monde du travail, ce n'est plus une question de politique. Les recours collectifs devant la loi tendent en effet à montrer le chemin de l'égalité aux entreprises récalcitrantes. Le problème serait plutôt dû aux mentalités. L'étude effectuée par McKinsey a confirmé que la présence de nombreux coupables: la préférence pour les hommes qui ont longtemps été préparés à la gloire, le manque de points communs avec un potentiel patron masculin, la tension constante d'être vue comme trop agressive ou trop passive, de correspondre à un soi-disant profil, la peur de faire reculer toutes les femmes si l'on échoue lorsqu'une mission compliquée nous est confiée. (Échangez les mots "homme" et "femme" dans ce paragraphe et vous verrez à quel point la situation est dépassée).

"À votre avis, qui obtient la promotion?"

"C'est un excellent moyen de commencer une discussion", m'a affirmé un homme responsable des ressources humaines. "Mais on ne peut pas ignorer les effets de l'autosélection. En termes très généraux, et en admettant que ce n'est pas toujours dans les cartes pour les femmes, je pense que les hommes sont plus à même de déraciner leur famille pour accepter un emploi, peut-être dans un endroit qui ne plait pas particulièrement à sa famille. Peut-être à l'étranger. Peut-être pour un emploi qui ne les satisfait pas vraiment.


Personne ne dit qu'une femme doit faire quoi que ce soit de tout ça. Personne ne va dire qu'une femme n'est pas capable de travailler en équipe. Mais disons qu'une opportunité d'embauche se présente: l'un a accepté les déménagements, fait des sacrifices et acquis de l'expérience. L'autre a choisi l'équilibre. À votre avis, qui obtient la promotion?"

Il existe une expression en anglais qui dit: "There are those who, unhappy with the rain, will legislate sunshine"(Il y a ceux qui, mécontents de la pluie, écriront des lois pour rendre le soleil obligatoire, ndlr). Les organisations peuvent faire des lois sur l'égalité. Elles peuvent créer des structures de soutien. Mais l'équilibre émotionnel entre les femmes et le travail se fera probablement au cas par cas.

Mais revenons-en à l'étude de McKinsey. Si les chiffres mettent en lumière le nombre de femmes qui ne passent pas à l'étape supérieure, ils révèlent aussi le nombre de femmes qui y parviennent. Si elles sont plus de 50% à occuper des emplois en bas de l'échelle, de plus en plus de femmes vont gravir des échelons et arriver aux côtés de celles qui sont déjà en haut et qui compte bien y rester.

Combinez la pression de ces nombres avec le pourcentage grandissant de femmes à classer leur carrière parmi leurs priorités, ajoutez à cela le besoin urgent de trouver des remplaçants talentueux aux baby-boomers qui s'en vont. Multipliez par le fait que dans un peu moins de dix ans une génération de femmes qui a vu des hommes et des femmes travailler ensemble en grandissant accèdera à des postes à responsabilités et que les mentalités dépassées seront remplacées.

Au final, le vrai changement pour cette cohésion entre les femmes et le travail n'est pas seulement souhaitable: il est inévitable.

Angelina Jolie

Les 10 mamans les plus influentes

INOLTRE SU HUFFPOST

Angelina Jolie

Les 10 mamans les plus influentes

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.