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Une cruauté institutionnalisée

Les médias ont fait grand cas de la vidéo diffusée le 10 décembre dernier paret montrant des porcelets au crâne fracassé contre le sol ou encore des truies étouffées, mutilées, battues ou couvertes de plaies et confinées dans des cases de gestation à boire de l'eau souillée d'excréments, dans une usine de production manitobaine de la compagnie Puratone, fournisseur de Metro, Loblaws, Sobeys et Walmart. Cette pratique est pourtant la norme en Amérique du Nord.
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Les médias ont fait grand cas de la vidéo diffusée le 10 décembre dernier par Mercy for Animals Canada et montrant des porcelets au crâne fracassé contre le sol ou encore des truies étouffées, mutilées, battues ou couvertes de plaies et confinées dans des cases de gestation à boire de l'eau souillée d'excréments, dans une usine de production manitobaine de la compagnie Puratone, fournisseur de Metro, Loblaws, Sobeys et Walmart. Cette pratique est pourtant la norme en Amérique du Nord.

Au Québec, les animaux d'élevage ne sont pas protégés par la partie sur la sécurité et le bien-être des animaux de la Loi sur la protection sanitaire des animaux. L'article 55.9.15 exclut spécifiquement les animaux sur lesquels sont pratiqués « les activités d'agriculture » et « les pratiques rituelles prescrites par les lois d'une religion ». Passons sur les superstitions religieuses comme l'abattage halal, qui sont défendues à cor et à cri par les tenants de la rectitude politique, et attardons-nous aux activités agricoles. Ces activités ont essentiellement pour but de produire un aliment à moindre coût pour le producteur et le consommateur. Or, cet objectif trouve sa réalisation ultime dans l'élevage industriel.

L'élevage industriel pratiqué depuis les années 1950 se caractérise par le confinement d'un grand nombre d'individus d'une même espèce dans un même établissement. Afin de maximiser les profits, ces animaux sont considérés comme des machines. Pour contrer les risques épidémiologiques liés à une promiscuité anormale, des antibiotiques préventifs comme la pénicilline et la tétracycline leur sont systématiquement inoculés. Soumis à une croissance accélérée, souvent trois fois supérieurs au rythme normal, il sont gavés d'additifs alimentaires aux effets secondaires nocifs comme le chlorydrate de ractopamine. Certains subissent des mutilations corporelles, comme le brûlage du bec chez les poulets, ou encore la castration à vif chez les porcelets mâles.

Maintenus captifs dans des enclos exigus et nauséabonds, les animaux développent des problèmes comportementaux liés au stress. Ils sont alors soumis à des mesures encore plus contraignantes. Par exemple, pour contrecarrer les risques que les truies écrasent certains de leurs porcelets dans l'espace minime qui leur est alloué, elles sont confinées dans cages dans lesquelles elles ne peuvent plus se déplacer. Alors qu'elles viennent d'être bannies en Europe et en Océanie, ces cases de gestation sont encore permises par les autorités fédérale et québécoise. La Fédération des Producteurs de Porcs du Québec a rappelé à maintes reprises que le renoncement à cette pratique entraînerait des contraintes économiques importantes susceptibles de désavantager ses membres et la perte d'un avantage concurrentiel face aux autres provinces ou aux états américains.

Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que l'attention accordée par les producteurs au bien-être physique et émotif des animaux soit pratiquement inexistante. L'attitude des autorités est elle aussi révélatrice. Les normes relatives aux actes de cruauté qui ont été négociées avec les producteurs se résument dans la réglementation canadienne et québécoise à quelques articles épars. Leur terminologie vague du type « les animaux pour alimentation humaine doivent être manutentionnés de façon à ne pas subir de souffrances inutiles » laisse toute la place à l'arbitraire des inspecteurs gouvernementaux des ministères à vocation agricole. Ces derniers, accaparés par les normes sur la salubrité des aliments qu'ils peinent à faire respecter, ont bien d'autres intérêts que les actes de cruauté envers des créatures destinées de toute façon à être abattues à court terme.

Pourquoi se surprendre alors de ces images prises en catimini chez un producteur titulaire d'un permis conforme et inspecté par les autorités ? En attendant, les idéalistes peuvent signer ici une pétition initiée par Mercy for Animals Canada et appuyée par la SPCA .

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