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Martine Ouellet et l'éolien: une réappropriation sans aboutissement

J'avoue que je me suis trompé en affirmant que le Parti québécois ne s'intéressait pas à l'industrie éolienne. Son programme s'engage, en effet, à «nationaliser le développement futur de l'industrie éolienne afin que celui soit contrôlé par Hydro-Québec». Mais comme dans bien d'autres domaines, notamment en matière de souveraineté, les gouvernements péquistes ont eu la fâcheuse habitude d'oublier le programme de leur parti lorsqu'ils sont au pouvoir.
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Fin avril, l'ex-ministre péquiste des Ressources naturelles, Martine Ouellet a déclaré dans une entrevue qu'Hydro-Québec devait devenir propriétaire des parcs éoliens, donc que ce secteur devait être nationalisé. J'ai réagi en demandant à la députée de Vachon pourquoi elle n'avait pas agi en ce sens alors qu'elle était ministre. Elle a répondu qu'au contraire, elle avait mis en place une «démarche de réappropriation de l'éolien» et géré une transition qui ouvrait la porte à la participation d'Hydro-Québec en tant que propriétaire de ces parcs.

J'avoue que je me suis trompé en affirmant que le Parti québécois ne s'intéressait pas à l'industrie éolienne. Son programme s'engage, en effet, à «nationaliser le développement futur de l'industrie éolienne afin que celui soit contrôlé par Hydro-Québec». Mais comme dans bien d'autres domaines, notamment en matière de souveraineté, les gouvernements péquistes ont eu la fâcheuse habitude d'oublier le programme de leur parti lorsqu'ils sont au pouvoir. C'est ce qui s'est produit dans ce dossier où la ministre Mme Ouellet a défendu son point de vue en marchant sur la pointe des pieds et en s'excusant presque de vouloir mettre en œuvre le programme de son propre parti.

Au Parti québécois, il y a belle lurette que le mot «nationalisation» est tabou. Il a été pudiquement remplacé par le terme «réappropriation» de crainte de mécontenter l'industrie privée. C'est ce qui s'est passé dans le secteur de l'éolien. Dans les communiqués officiels du Parti québécois publiés à cette occasion, il n'est nullement mentionné que cette décision constitue un premier pas vers la nationalisation de l'industrie. Au contraire, la première ministre n'en a que pour l'industrie privée. D'ailleurs, en date des élections le 7 avril dernier, rien n'avait encore bougé de ce côté alors que les contrats destinés à l'industrie privée avaient été accordés pour la plupart. Si René Lévesque avait agi ainsi, il est évident qu'il n'y aurait jamais eu de nationalisation de l'électricité.

Ne surtout pas déplaire à l'industrie éolienne

Allons aux faits. Le 10 mai 2013, la première ministre Pauline Marois a annoncé à Matane l'attribution de 800 mégawatts (MW) pour de nouveaux projets dans la filière éolienne. De ce bloc, seulement 200 MW ont été attribués à Hydro-Québec Production. C'est cette décision que l'ex-ministre Ouellet décrit maintenant comme une démarche de «réappropriation de l'éolien».

Mais, si l'on se réfère au communiqué émis par le PQ à cette occasion, il n'est nullement question de réappropriation et encore moins de nationalisation de l'éolien, comme le prévoit pourtant le programme de leur parti. La première ministre a plutôt tenu à rassurer l'industrie éolienne en déclarant qu'avec l'attribution de 800 MW, «le gouvernement du Québec confirme son engagement et son soutien envers (elle) et s'assure que ce secteur industriel demeure fort à long terme.»

Lors du caucus des députés péquistes tenu à Carleton en Gaspésie à la fin d'août 2013, la ministre Ouellet a annoncé de son côté l'implantation d'un bloc de 450 MW réservée à l'industrie privée sans mentionner ce qu'il adviendrait du bloc de 200 MW prévu pour Hydro-Québec Production. En fait, rien n'avait encore bougé de ce côté lorsque les péquistes ont quitté le pouvoir. On se demande maintenant ce que fera le gouvernement libéral qui, comme on le sait, est loin d'être favorable à ce genre de mesure.

Autre incident révélateur du poids négligeable de la ministre Ouellet au sein du cabinet Marois : le 19 septembre suivant, le député péquiste et ex-ministre de l'Environnement, Daniel Breton a dénoncé un projet de propriété étrangère dans la région de la Matapédia dirigé par la pétrolière albertaine Enbridge et l'entreprise française EDF. La première ministre et plusieurs ministres se sont aussitôt dissociés du député Breton. Mais la ministre Ouellet ne l'a pas fait entrant ainsi en contradiction avec ses collègues. Par contre, un de ses subalternes, sous-ministre adjoint, n'a pas hésité à rassurer EDF en l'informant que le gouvernement se dissociait complètement de cette déclaration.

Au dossier éolien s'ajoute celui des redevances minières où le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a damé le pion à la ministre des Ressources naturelles. Puis, ont suivi les décisions du gouvernement sur l'exploitation pétrolière de l'île d'Anticosti où Mme Ouellet a dû avaler d'autres couleuvres.

Des candidats péquistes qui font fi du programme de leur parti

Au cours de la dernière campagne électorale, les candidats péquistes se sont, eux aussi, bien gardés, de parler de la nationalisation de l'éolien. À preuve, le coup de sonde effectué par le journal électronique gaspésien graffici.ca auprès des candidats dans les comtés de Gaspé et de Bonaventure, où cette industrie est florissante. Les deux péquistes, l'ex-ministre Gaétan Lelièvre et le député Sylvain Roy, ont tous deux ignoré cet élément même s'ils se sont prononcés en faveur du développement de l'industrie. De tous les candidats en lice, seul ceux de Québec solidaire, Patricia Chartier et Daniel Leboeuf, se sont prononcés en faveur de la nationalisation de l'éolien comme le propose la plateforme de leur parti.

Pour toutes raisons, je répète qu'il est grand temps pour Martine Ouellet, si elle veut conserver sa crédibilité, d'adopter un véhicule politique qui corresponde mieux à sa vision ; que ce soit un parti ou une organisation non partisane. L'expérience a prouvé amplement qu'elle ne se sentira jamais à l'aise au sein du Parti québécois. À moins qu'elle ait un penchant pour le masochisme idéologique...

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