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Le sort incertain de l'Hôtel-Dieu à Montréal

Selon toute vraisemblance, le gouvernement québécois changera la vocation et, peut-être, vendra l'édifice patrimonial qui abrite l'Hôtel-Dieu de Montréal depuis 1861. Quelle bizarre façon de célébrer, en 2017, le 375e anniversaire de la métropole en la coupant ainsi de ses racines!
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Selon toute vraisemblance, le gouvernement québécois changera la vocation et, peut-être, vendra l'édifice patrimonial qui abrite l'Hôtel-Dieu de Montréal depuis 1861. Il a décidé en effet de fermer cet hôpital devenu «bâtiment excédentaire» suite à la construction du nouveau CHUM rue Saint-Denis. Ainsi, Montréal perdra son institution la plus ancienne puisqu'elle a été fondée en 1642 par Jeanne-Mance la même année que Ville-Marie. Quelle bizarre façon de célébrer, en 2017, le 375e anniversaire de la métropole en la coupant ainsi de ses racines!

On flotte dans une incertitude fébrile en attendant le rapport du groupe d'experts mandaté par le gouvernement pour décider de l'avenir de cette institution fondatrice. Plusieurs font pression pour que l'Hôtel-Dieu se transforme en un hôpital de proximité doté d'une urgence -réaménagée à grands frais il y a quelques années- pour répondre aux besoins de la population de ce secteur du centre-ville. Mais rien n'indique que le gouvernement va adopter cette solution, au contraire. On espère tout au moins que le nouvel usage qu'on réserve à l'édifice lui conservera sa vocation publique. Mais ce n'est pas certain non plus. Par ailleurs, si une entreprise privée acquérait l'immeuble, il y a alors de fortes chances que le nouveau propriétaire rentabilise son investissement en y aménageant des condos. Le risque que le bâtiment soit saccagé est d'autant plus grand que ni Québec ni la Ville ne semblent avoir pris jusqu'ici des mesures suffisantes pour le protéger.

Le sort en est jeté depuis longtemps, mais, en toute logique, c'est l'Hôtel-Dieu, et non l'hôpital Saint-Luc, qui aurait dû abriter le nouveau CHUM. Il y a en effet sur ce site suffisamment d'espace inutilisé pour loger tous les édifices en construction rue Saint-Denis. De plus, ces terrains de grande valeur auraient coûté beaucoup moins cher aux contribuables puisqu'ils appartiennent en grande partie déjà au gouvernement et pour le reste aux Soeurs hospitalières de Saint-Joseph qui sont dans le portrait depuis 1659. On aurait pu réaliser des économies considérables fort bienvenues dans le contexte de disette budgétaire chronique qui est le lot du gouvernement québécois.

Pour tuer dans l'œuf la possibilité d'un seul mégahôpital

Après la tentative ratée de l'ex-ministre libéral de la santé Marc-Yvan Côté de déménager l'Hôtel-Dieu à Rivière-des-Prairies, au début des années 1990, le projet du CHUM est arrivé sur le tapis. On a donc lancé le processus pour choisir le site de ce mégahôpital. Plusieurs ont été suggérés et pris en considération. Bizarrement, jamais celui de l'Hôtel-Dieu n'a été considéré sérieusement par les gouvernements successifs, péquistes comme libéraux. On rejetait cette possibilité d'un ton péremptoire en invoquant des prétextes qui ne tenaient pas compte des arguments pertinents avancés par les partisans de ce site.

Comment expliquer cette attitude? Après mûre réflexion je formule l'hypothèse suivante. On craignait de fournir des munitions à ceux qui auraient pu réclamer la construction sur le site de l'Hôtel-Dieu d'un seul mégahôpital qui aurait intégré le CHUM et le CUSUM. La proximité géographique de l'Hôtel-Dieu avec l'hôpital Royal Victoria et l'Hôpital général aurait certes renforcé la position de ces derniers et, qui sait, ils auraient pu finalement remporter la mise. Ces derniers soulignaient notamment que les sommes faramineuses consacrées à la construction, à l'équipement et au fonctionnement de deux établissements géants grugeraient considérablement un budget qui aurait du normalement être affecté aux soins de santé dans le reste du Québec.

Comme l'éventualité de l'implantation d'un seul mégahôpital était impensable aux yeux des membres d'un establishment francophone au comportement colonisé, on a donc tout fait pour ne pas mécontenter les anglophones, même si on n'avait raisonnablement pas les moyens de se payer deux mégahôpitaux. « Comme des quêteux à cheval », aurait dit mon grand-père.

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