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Référendum en Écosse: l'insurrection tranquille

Des nationalistes Écossais disent se préparer à une «insurrection tranquille» afin d'avoir un «pays normal», se sentant oublié par Londres et ses politiques conservatrices depuis les années 1980. Les deux derniers sondages publiés mercredi donnent une victoire du Non à 52% contre 48% après répartition des 14% d'indécis.
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Patrick White

ÉDIMBOURG - À quelque 24 heures du référendum sur l'indépendance de l'Écosse, la fébrilité a envahi les rues d'Édimbourg et du «royaume» tout entier.

Des nationalistes écossais disent se préparer à une «insurrection tranquille» afin d'avoir un «pays normal», se sentant oublié par Londres et ses politiques conservatrices depuis les années 1980.

Les deux derniers sondages publiés mercredi donnent une victoire du Non à 52% contre 48% après répartition des 14% d'indécis.

14% c'est énorme! Ce sont eux qui pourraient faire la différence jeudi soir. Donc le vote est hyper serré et il est impossible de prédire l'issue du référendum en ce moment. Tout est volatile. Tout risque se décider dans l'urne pour bien des gens. Un vote de dernière minute. Et ce vote peut aller d'un côté comme de l'autre.

Les résultats officiels sont attendus à 6h du matin heure locale vendredi, soit 1h du matin au Québec. Les bureaux de vote ferment à 22h locales, soit 17h heure du Québec. Le Huffington Post Québec sera aux premières loges du référendum jeudi soir et vendredi matin.

Près de 97% des électeurs écossais se sont inscrits pour voter jeudi, ce qui augure bien pour le taux de participation. Au Québec en 1995, 93% des électeurs avaient pris la peine de participer au référendum sur la souveraineté. Cette implication citoyenne est vitale pour toute démocratie.

Malgré une campagne de peur menée par la majorité des médias anglais et écossais sans oublier les partis politiques britanniques, le camp du Oui a mené une campagne positive et rassembleuse, au point où le Oui et le Non sont au coude à coude dans les intentions de vote. On parle d'une hausse de 20 points dans les sondages en deux mois.

Avec 5,3 millions d'habitants et un PIB de 150 milliards de livres sterling (270 millions $ canadiens), l'Écosse dispose d'énormes réserves pétrolières dans la mer du Nord et son économie la place au-devant de la Grande-Bretagne même si elle ne représente que 8% de la population du Royaume-Uni. Si le Kosovo et la Lettonie peuvent être des pays, l'Écosse a une ambition légitime de devenir un État-nation. Et l'Écosse a été un pays du 13e siècle au 18e siècle.

L'incertitude économique entourant le vote de jeudi pourrait refroidir les ardeurs de certains. En effet, un bon nombre de banques et de compagnies d'assurance ont déjà indiqué leur désir de déménager leur siège social à Londres si le Oui l'emporte jeudi. Et les marchés financiers seront nerveux en cas d'instabilité en Écosse. L'Écossais moyen a encore des doutes sur la viabilité économique du projet souverainiste.

Donc il est clair que bien des gens vont voter non en raison de l'incertitude au sujet de la monnaie, des finances publiques et de l'attachement à la Couronne britannique.

Si le Non l'emporte, Londres s'est déjà engagé à transférer encore plus de pouvoir au Parlement écossais (qui n'existe que depuis la fin des années 1990 et a peu de pouvoirs comparé au Québec). Les Écossais se sont éloignés du Royaume-Uni au fil des années en raison des politiques conservatrices et unionistes de Margaret Thatcher et de leur fort attachement à une social-démocratie qui leur ressemble.

L'Écosse est très égalitaire et se sent sous-estimée et peu écoutée à Londres. Les deux entités sont plus éloignées que jamais.

Et le Québec là-dedans?

Ce qui me frappe ici à Édimbourg c'est de voir le grand héritage écossais au Québec, comme par exemple les noms de rues et de familles : les Sutherland, Dalhousie, Fraser et Mackenzie sont légions ici et chez nous. Ils ont eu un impact formidable sur l'histoire de Montréal et de la ville de Québec, que ce soit en philanthropie, en éducation ou en finances.

Lundi soir, je suis allé à une conférence du grand philosophe politique écossais Tom Nairn, un des fondateurs du mouvement nationaliste ici, et un des vieux messieurs qui m'ont parlé après la soirée a commencé à me chanter «La Bastringue»! C'était vraiment sorti de nulle part. Très charmant et touchant.

Il y a beaucoup de liens entre l'Écosse et le Québec. Ce n'est pas pour rien que des centaines de Québécois (et bien des politiciens de chez nous) sont ici cette semaine pour vivre cette expérience historique. Car oui ce vote est historique.

L'Écosse a eu le mérite de tracer la voie avec une question référendaire claire sur l'indépendance ainsi qu'une concertation hors de l'ordinaire avec Londres sur les règles référendaires. En plus, Londres a déjà accepté de reconnaître le vote de jeudi, peu importe le résultat (50% + une voix). On est bien loin du Canada où le gouvernement libéral de Jean Chrétien n'aurait pas reconnu un Québec indépendant avec 50,01% des voix pour un Oui.

Le Québec a des leçons à tirer de ce grand exercice démocratique en Écosse.

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