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Port pétrolier à Cacouna: les conséquences de l'indifférence du Québec

Les Québécois ont de bonnes raisons de s'inquiéter du projet de port pétrolier à Cacouna. Mais n'oublions pas qu'il existe de nombreux Cacouna au Québec - des milieux marins exceptionnels qui ne bénéficient toujours pas de protection. Il est grand temps que le gouvernement du Québec sorte de sa torpeur et pose des gestes concrets pour créer un véritable réseau d'aires marines protégées.
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Le projet de port pétrolier que souhaite implanter TransCanada à Cacouna n'augure rien de bon pour l'écosystème marin du Bas-Saint-Laurent. Le port, qui y serait construit pour exporter le pétrole albertain acheminé par oléoduc, serait situé en plein coeur de la pouponnière des bélugas du Saint-Laurent.

Nous savons depuis longtemps que l'espèce est menacée, voire en voie de disparition. Mais comment expliquer qu'un site d'une telle importance ne soit pas protégé? Malheureusement, l'absence de conservation marine à Cacouna ne fait que mettre en évidence une situation très inquiétante à l'échelle du Québec : le manque de volonté du gouvernement québécois de créer un réseau d'aires marines protégées.

À l'heure actuelle, seulement 1,3 % du milieu marin québécois est protégé. Dans le golfe du Saint-Laurent, où l'on trouve une biodiversité et des écosystèmes exceptionnels, ce pourcentage tombe à... 0 %. Un bilan pitoyable et inexcusable. La science est pourtant claire sur l'importance critique des aires marines protégées, autant pour maintenir la biodiversité marine que pour soutenir les communautés côtières qui en dépendent.

Le Québec propose maintenant de protéger 10 % de son milieu marin d'ici 2020, conformément aux objectifs internationaux (le gouvernement précédent proposait de devancer l'échéancier à 2015). Mais comment prendre au sérieux un tel engagement, alors que la conservation progresse à pas de tortue? Une tortue qui évoluerait dans la mélasse, en béquilles et le vent dans la face. Car au rythme actuel, il faudrait littéralement des siècles pour atteindre l'objectif.

Le flagrant manque de volonté du Québec est également apparent sur le terrain. En Gaspésie, un comité a récemment été mis sur pied pour étudier le projet d'aire marine protégée du Banc des Américains. Toutes les parties prenantes y sont représentées: gouvernement fédéral, chercheurs, utilisateurs du milieu, groupes environnementaux. Toutes, sauf le gouvernement du Québec, qui n'a pas daigné s'impliquer dans le processus. Si le Québec ne lève pas le petit doigt pour protéger ce site unique - un milieu qui abrite des espèces vulnérables comme le loup atlantique, la tortue luth, et le rorqual bleu - c'est qu'il n'est tout simplement pas sérieux dans sa volonté de protéger son milieu marin.

On devine facilement d'où provient cette réticence. Le gouvernement et les principaux partis d'opposition n'en ont que pour les réserves potentielles d'hydrocarbures, sur terre et en milieu marin. Ces derniers craignent sans doute qu'une aire marine protégée vienne bloquer un éventuel accès à la ressource. Ce que le gouvernement ne semble pas comprendre, c'est que nonobstant le débat sur les hydrocarbures (nous croyons qu'un moratoire est nécessaire dans le Golfe), la conservation marine doit tout de même avancer. D'autres menaces pèsent sur les écosystèmes, telles que des méthodes de pêche destructrices, les rejets de polluants, ou le transport maritime - notamment celui qui serait généré par le port pétrolier de Cacouna. Même si les hydrocarbures n'étaient pas exploités au cours des prochaines décennies, de nombreuses espèces poursuivraient leur déclin, faute de protection.

Les Québécois ont de bonnes raisons de s'inquiéter du projet de port pétrolier à Cacouna. Mais n'oublions pas qu'il existe de nombreux Cacouna au Québec - des milieux marins exceptionnels qui ne bénéficient toujours pas de protection. Il est grand temps que le gouvernement du Québec sorte de sa torpeur et pose des gestes concrets pour créer un véritable réseau d'aires marines protégées.

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