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Conservation de la nature dans le Nord: un recul de trop

Alors que le Québec encourage l'industrie à développer le Nord, ce territoire fragile a besoin davantage de protection, non pas de spectaculaires reculs. Nous exhortons le gouvernement à faire preuve dedans ce dossier et de fixer dès maintenant des cibles de conservation ambitieuses pour son territoire.
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CP

De passage à Chibougamau le 7 mai dernier, la première ministre Marois a dû répondre aux questions d'une journaliste concernant ses engagements pour la conservation des milieux naturels dans le Nord québécois. Sa réponse, aussi brève fût-elle, nous a tout simplement sidérés. Mme Marois a laissé entendre que le Québec serait prêt à abandonner sa cible en matière de conservation fixée par le gouvernement précédent - protéger 20 % du territoire nordique d'ici 2020 - pour plutôt viser 12 %. S'en est suivi une confusion généralisée à savoir si cette affirmation inattendue était réellement la nouvelle position gouvernementale. Il semblerait malheureusement que « oui ». Nous nous sentons obligés de préciser ici ce que signifierait un tel recul.

Le Nord québécois est un territoire immense, dont les écosystèmes fragiles et exceptionnels comptent parmi les dernières grandes superficies relativement intactes de la planète. Amputer la cible de 20 %, tel que le propose Mme Marois, aurait l'effet d'éliminer près de 10 millions d'hectares d'aires protégées en devenir - soit 17 fois la superficie de l'Île-du-Prince-Édouard. De nombreux territoires à très hautes valeurs écologiques et culturelles, de la Côte-Nord en passant par l'Abitibi et le Nunavik, resteront ouverts à l'exploitation industrielle indéfiniment.

Les Québécois peinent encore à croire les reculs déplorables du Canada sur le plan international (abandon des traités sur le climat et la désertification). Voici maintenant que le Québec tournerait le dos à l'objectif international en matière de conservation (17 % d'ici 2020) découlant de la Convention sur la diversité biologique - organisme onusien dont le siège, ironiquement, est situé à Montréal. Pourtant, de nombreux pays dépassent déjà cette cible, et plusieurs juridictions redoublent d'effort pour y arriver. La Nouvelle-Écosse, par exemple, atteindra prochainement 13 % d'aires protégées - supérieur à ce que propose Mme Marois pour le Nord québécois, pourtant 170 fois moins densément peuplé.

Notre travail nous permet de constater quotidiennement à quel point la population québécoise valorise les milieux naturels et leur protection: il suffit de se remémorer le tollé qu'avait provoqué le retrait de 459 hectares du parc du Mont Orford. On parle aujourd'hui de 10 millions d'hectares de territoires protégés qui ne verraient pas le jour.

Alors que le Québec encourage l'industrie à développer le Nord, ce territoire fragile a besoin davantage de protection, non pas de spectaculaires reculs. Nous exhortons le gouvernement à faire preuve de leadership dans ce dossier et de fixer dès maintenant des cibles de conservation ambitieuses pour son territoire.

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