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Après la victoire de Syriza, quels scénarios pour la Grèce?

Après la victoire écrasante d'Alexis Tsipras et de son parti d'extrême-gauche Syriza aux élections législatives en Grèce, le plus difficile va commencer.
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Après la victoire écrasante d'Alexis Tsipras et de son parti d'extrême gauche Syriza (autrement qualifié de gauche radicale) aux élections législatives en Grèce, le plus difficile va commencer.

Une euphorie collective vite déçue?

Le soir des élections pour le parti victorieux est toujours un moment d'euphorie collective: on fait la fête, on danse, on boit. Les militants pleurent de joie et sont comme envoûtés. Dans le même temps, les dirigeants du parti, qui fêtent bien sûr cette victoire sur les plateaux de télévision, commencent en coulisse à se concerter pour la formation du nouveau gouvernement qui doit intervenir rapidement. Ils savent hélas que dès les premières heures de gouvernement, ils doivent rapidement déchanter et décevoir les espoirs immenses mis dans la victoire. La formation du gouvernement de M. Tsipras constituera en effet le premier signe envoyé à l'Union européenne et à la communauté internationale. Le premier geste politique va consister en la nomination du ministre de l'économie et des finances, grand argentier qui sera en charge de renégocier la dette...

Le FMI, la Commission européenne, l'Allemagne intransigeants

La situation issue de la victoire de Syriza est des plus délicate au regard notamment des prises de position de ses dirigeants dans leur refus affiché de ne plus honorer les dettes du pays et de dire un non très clair aux demandes de réformes structurelles exigées tant par la Commission européenne que par le Fonds monétaire international.Tant Christine Lagarde, directrice générale du FMI que la chancelière Angela Merkel ont été on ne peut plus claires. Il n'y aura aucune échappatoire possible pour la Grèce: soit elle accepte de se réformer en profondeur et de payer ses dettes, soit toutes les subventions qui devaient être versées seront suspendues.

La Grèce serait alors dans une situation catastrophique: la dette ne pourrait être remboursée, le pays serait en cessation de paiement et les fonctionnaires ne pourraient plus être payés. Ce serait alors le chaos, obligeant la Grèce à quitter en urgence la zone euro, voire la monnaie européenne. La commission européenne, aujourd'hui aux mains des partisans de l'orthodoxie budgétaire maximum, malgré la présence d'un socialiste Pierre Moscovici, ne fera à la Grèce aucun cadeau non plus.

Tsipras va donc recevoir la mission de former un nouveau gouvernement. Toutefois, avec 149 sièges, alors que la majorité absolue est de 151 sièges, il va devoir chercher des alliances pour conforter sa position au parlement. Il devrait alors composer avec un autre parti politique ce qui pourrait bien sûr l'empêcher d'avoir les coudées franches. Même en cas de gouvernement homogène, M.Tsipras a d'ores et déjà annoncé que son programme gouvernemental ne serait pas aussi radical que ses promesses électorales le laissaient entendre... Ce qui pourrait bien fragiliser sa majorité en cas de non-respect des promesses faites aux électeurs et, en cas de crise, conduire à des élections législatives anticipées dans quelques mois...

Une marge de négociation quand même?

Toutefois, tant l'Union européenne que le FMI pourraient aussi réfléchir à un autre scénario. Faire comme si ces élections n'avaient pas eu lieu serait dire qu'une élection démocratique n'a aucune importance sur la façon de gouverner et de gérer les affaires du pays. Aussi, les instances décisionnelles pourraient-elles être conduites à réfléchir à un autre scénario qui pourrait permettre de prendre en compte le rejet massif par les électeurs, de l'austérité insupportable imposée aux citoyens.

Une négociation pourrait avoir lieu afin de conduire à un rééchelonnement de la dette afin de l'étaler dans le temps et rendre la cure d'austérité moins douloureuse dans la durée. Certains estiment aujourd'hui que la totalité de la dette grecque devrait être effacée. Ce scénario nous paraît à la fois irréaliste et dangereux. La Grèce n'est pas un pays sous-développé et ce serait un très mauvais signe que d'aller dans ce sens au moment où les pays dits vertueux imposent eux-mêmes des sacrifices à leurs citoyens. En d'autres termes, le nouveau gouvernement serait amené à opérer des revirements stratégiques afin d'être en mesure d'éviter la banqueroute.

En tout état de cause, si une telle victoire pouvait avoir un effet d'entraînement dans d'autres pays de l'Union européenne, il n'est pas certain que cela se traduise dans les urnes par un vote en faveur de l'extrême gauche... Les scrutins à venir pourraient toutefois être très anti-européens, l'Europe étant accusée, à tort, d'être à l'origine de tous les difficultés des États qui ont été, dans le meilleur des cas, incapables de se restructurer en profondeur ou pire, se sont faits, comme en Grèce, les complices d'une fraude et d'une corruption généralisées. Au détriment bien sûr des jeunes générations.

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