Rien ne va plus en Italie. Les élections du 4 mars suscitent une inquiétude d'autant plus forte que cela a justifié, la semaine dernière, le déplacement à Rome du président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, pour rendre visite à Paolo Gentiloni, président du Conseil.
Paolo Gentiloni voudrait bien rester au pouvoir et d'ailleurs, le président français, Emmanuel Macron, lors de la visite qu'il lui a faite récemment lui a, d'une façon peu nuancée, apporté son soutien. Mais s'il devait rester, ce ne serait certainement pas en raison de sa force de conviction où à son charisme dont il manque cruellement, mais parce qu'il n'y aurait pas d'autres majorités pour gouverner l'Italie.
L'extrême-droite en embuscade
En effet, ce pays est divisé et rongé par les phénomènes qui mêlent le chômage, la misère de certaines catégories de population, le chômage, la corruption, la place de la mafia dans le sud de l'Italie. Tous ces phénomènes ont convergé pour faire monter en puissance le populisme et les partis de droite et d'extrême-droite.
Le meurtre d'une jeune fille à Macerata, ville moyenne située sur les bords de la mer adriatique, pour lequel des migrants sont soupçonnés, a conduit une agression raciste dans cette même ville perpétrée par un sympathisant d'extrême-droite proche des milieux néo-fascistes. Cette mouvance personnalisée par le mouvement CasaPound qui porte fièrement ses idées fascistes, est au cœur des grandes manifestations antifascistes organisées pendant la campagne ces quinze derniers jours.
Le sujet est à fleur de peau en Italie pour les raisons que l'on connaît, le pays ayant subi le fascisme pendant plus de deux décennies. Le souvenir est encore vivace et douloureux.
Chacun pour soi, avant l'Italie
Les partis politiques de droite essayent de gommer toute référence à cela. En particulier la Ligue, qui ne s'appelle plus Ligue du Nord, qui essaye de se développer sur tout le pays. Matteo Salvini, son leader et député européen, espère bien faire une entrée massive dans le parlement pour gouverner lui-même. Ce serait une catastrophe.
Silvio Berlusconi, qui apparaît aujourd'hui comme le rempart de centre-droite, est tantôt honni, tantôt adulé : il pourrait aussi remporter une victoire. Mais il serait de toute façon écarté du pouvoir en raison de son inéligibilité. Peut-être voudra-t-il faire voter une loi d'amnistie qui lui permettrait d'être élu président de la République en cas de majorité favorable : on serait alors dans la perpétuation d'un régime corrompu.
Mais quid du parti 5 étoiles du loufoque Beppe Grillo qui s'est toutefois effacé derrière Luigi di Maio, un jeune trentenaire agréable de prime abord, comme de nombreux dirigeants populistes d'ailleurs. Luigi di Maio affiche clairement la couleur : il veut être président du conseil. Et il a de solides atouts avec lui. Un sondage récent montre qu'il recueille la première place parmi les jeunes qui voteront pour la première fois, soit 35% de leurs suffrages. Il se dit pro-européen tout en voulant quitter la zone euro.
Quant au centre gauche, il est à la peine, qu'il s'agisse de Matteo Renzi ou de Paolo Gentiloni qui lui a succédé comme président du Conseil.
Dimanche 4 mars, on verra donc si l'Italie a basculé du côté obscur ou si ce pays réitère son attachement aux valeurs de l'Union européenne dont il a été porteur depuis la seconde guerre mondiale. Les enjeux sont énormes pour l'Europe.