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Démission d'Alexis Tsipras: le temps de la clarification

En proposant sa démission de son poste de Premier ministre au président de la République, Alexis Tsipras a pris la décision qui s'imposait. Cette décision est courageuse de prime abord.
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En proposant sa démission de son poste de premier ministre au président de la République, Alexis Tsipras a pris la décision qui s'imposait. Cette décision est courageuse de prime abord. Telle une tragédie grecque, le premier ministre grec renoue en quelque sorte avec la fonction tribunitienne authentique du parti politique en allant chercher auprès de son peuple une nouvelle légitimité.

Nul ne saurait dire aujourd'hui le résultat qui sortira des urnes lorsque ces élections seront organisées.

Des élections législatives inévitables

Mais force est de constater, au-delà de l'audace de son geste, qu'Alexis Tsipras n'avait plus guère le choix. Dans un article paru le 25 janvier dernier dans Le Huffington Post, https://www.huffingtonpost.fr/patrick-martingenier/victoire-de-syriza-grece_b_6542682.html, nous avions prévu déjà prévu le scénario "d'élections législatives anticipées dans quelques mois" notamment en raison d'une fracture dans sa majorité politique. Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances, vient de confirmer cette vision en estimant que la "grande majorité du peuple grec" avait été "trahie".

M. Tsipras n'avait donc plus guère d'autre choix que de provoquer des élections législatives anticipées après avoir négocié un nouveau plan d'aide à la Grèce.

L'enjeu est de taille. Arrivé au pouvoir par le rejet de toute politique d'austérité, Alexis Tsipras avait d'emblée adopté un langage plus modéré pour rencontrer ses pairs européens. Les négociations avaient été menées par le radical Yanis Varoufakis qui avait indisposé au plus haut point l'ensemble des ministres des Finances ayant une appartenance à l'eurogroupe, notamment l'intraitable M. Schaüble, ministre allemand des Finances.

Au final, M.Tsipras avait dû se défaire de ce ministre dogmatique et encombrant. Toutefois, ayant sollicité le peuple grec par référendum au mois de juillet sur une question dont au final on ne savait pas exactement ce qu'elle signifiait (s'agissait-il de donner un blanc-seing au gouvernement ou de voter non pour permettre au premier ministre de négocier un meilleur accord?), le non l'avait largement remporté avec plus de 60% des suffrages.

Sanction ou plébiscite?

Mais l'accord négocié par la suite et récemment adopté par le parlement grec impose une tutelle sans merci sur ce pays pendant des années et il est possible de dire que le gouvernement grec ne maîtrisera plus sa politique budgétaire. Bref après avoir honni les créanciers, voilà le grand retour de la "troïka", terme que le parti de M. Tsipras ne voulait plus entendre.

Après avoir fait adopter le train de réformes exigées par les créanciers à l'aide des partis de l'opposition notamment, Alexis Tsipras avait parfaitement conscience qu'avec la fracture au sein de son propre parti, les partis traditionnels ne lui feraient plus aucun cadeau et qu'il ne disposait plus de majorité pour gouverner.

Il va donc devoir se battre pour conserver son poste de premier ministre. Les partis traditionnels que sont Nouvelle démocratie et le Pasok ne lui feront aucun cadeau. Mais surtout, la gauche de Syriza, après avoir dénoncé les conditions de l'accord signé avec les créanciers, ne pourra raisonnablement apporter son soutien au premier ministre.

Son seul salut dépendra donc du vote du peuple grec: sanctionnera-t-il ce qu'il regardera comme une trahison à la fois par rapport au mandat donné lors des élections législatives du mois de janvier, mais aussi par rapport au "non" du mois de juillet dernier? Ou plébiscitera-t-il son dirigeant pour l'avoir sorti d'une position humiliante tout en permettant à la Grèce de rester dans la zone euro?

Il appartiendra à Alexis Tsipras de convaincre son peuple. S'il remporte une nouvelle majorité absolue en s'étant débarrassé de son aile gauche, alors ce sera la consécration et Alexis Tsipras pourrait être au pouvoir pour longtemps. Mais s'il échoue à obtenir une majorité claire, les autres partis politiques ainsi que ce qui restera de la gauche parlementaire de Syriza feront tout pour lui barrer la route et laisser la place à un nouveau gouvernement dont la mission sera de mettre en œuvre sur plusieurs années les accords négociés par lui!

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