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Journaliste indépendant, observateur aguerri de la scène municipale, je ronge mon frein depuis des lustres face à cet imbroglio qui fait de Montréal une métropole en perte de vitesse. Proche de Projet Montréal (PM), je m'étais un petit peu laissé berner par le chant des sirènes de la rectitude verte. Puis Michel Brûlé m'a mis le pied à l'étrier.
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Pour en finir avec ce système de copinage qui nous pourrit la vie à l'Hôtel de Ville de Montréal

Il y a à peine un mois de cela j'ai passé un coup de fil à l'éditeur indépendant Michel Brûlé. Le but de l'appel ? Lui proposer d'aller le rencontrer pour parler de politique municipale. J'avais eu le plaisir de m'entretenir avec lui à propos de son intention de briguer le poste de maire de Montréal au printemps 2011 et, depuis, nous avions continué notre petit bonhomme de chemin. Jamais je ne croyais qu'il allait se lancer dans la mêlée pour de vrai, croyant avoir affaire à un canular bien ficelé.

Quand le journaliste ronge son frein

Journaliste indépendant, observateur aguerri de la scène municipale, je ronge mon frein depuis des lustres face à cet imbroglio qui fait de Montréal une métropole en perte de vitesse. Proche de Projet Montréal (PM), je m'étais un petit peu laissé berner par le chant des sirènes de la rectitude verte. Croyant que la formation de Richard Bergeron constituait une alternative viable, j'estimais qu'il fallait leur laisser une chance... Toutefois je conservais une forte dose d'incrédulité au vu de l'entêtement du chef de PM face à ses projets chimériques de tramway et de développements urbains autant linéaires que monolithiques.

La fatalité

Michel Brûlé l'a déjà dit : «Richard Bergeron est courageux, mais il n'a pas de charisme et il est un peu déconnecté de la réalité...» C'est avec cette impression en tête que je me suis pointé à la résidence du chef d'Intégrité Montréal, histoire de baliser le terrain avec lui pour voir dans quelle mesure un candidat de sa trempe aurait pu s'associer avec Bergeron pour le secouer de sa torpeur idéologique.

Naguère, j'avais bien tenté, à mon corps défendant, de pousser certains militants de Madame Harel à tendre une perche aux troupes de PM, mais s'était sans compter sur l'obstination de Richard Bergeron. Dogmatique comme pas un, le principal intéressé ne voulait rien entendre d'un partage des pouvoirs avec Louise Harel. L'histoire aura eu raison de mes meilleures intentions.

Les dés sont pipés

Louise Harel a sacrifié ses troupes histoire de s'associer à un candidat parachuté par certains lobbies financiers bien connus et Projet Montréal s'est enfoncé dans sa rectitude butée. La voie était libre pour tous les Denis Coderre de ce monde, trop heureux de venir récupérer les dépouilles de l'ancien parti du Maire Tremblay et de rassembler ceux qui ne veulent surtout rien changer à la situation actuelle. La table était mise pour que les électeurs restent chez eux ... encore une fois. On aurait dit que les élections de 2009 allaient se répéter de la même façon, mais avec quelques changements de casting, histoire de faire diversion.

Michel Brûlé, lors de ma visite impromptue, m'a scié les jambes. Alors que je tentais de ménager le chou et la chèvre ou de le pousser dans quelques retranchements..., il m'a servi une réplique qui n'était pas prévue au programme. «Patrice, c'est hors de question que je m'associe à Bergeron, c'est un gars qui a les mains liées par le NPD. Pourquoi tu ne te présentes pas avec moi ?». Sincèrement, je ne m'attendais pas à celle-là.

Le démon de la politique

La politique, c'est bien connu, est une pratique discutable. Les journalistes sont des gens bien trop objectifs (mon oeil) pour succomber au chant des sirènes de la classe politique. Pourtant, nos vaillants pousse-crayon partagent les mêmes cocktails, conférences et autres mondanités que les méchants politicailleurs et il arrive même que certains d'entre eux fassent le saut fatidique.

De fait, le traitement de l'information et la gestion des affaires publiques représentent des vases communicants. Fatigué de ma posture de voyeur, j'ai décidé de sauter la clôture. À mes risques et périls, puisque la politique est un malaxeur qui parvient à broyer à peu près tout le monde. À quelques rares exceptions.

Michel Brûlé est-il un démon ? En tous cas, il a le tour de motiver ses troupes et il ne pratique pas «la langue de bois». Nous ne partageons peut-être pas les mêmes références en termes de culture politique, mais ce dernier est capable de mettre le doigt sur une foule de trucs qui m'ont toujours fait tiquer. Il dénonce l'enflure bureaucratique qui gangrène les Mairies d'arrondissement, la gestion opaque des sociétés para-municipales, le gaspillage de sommes astronomiques pour des projets farfelus alors que les plus mal lotis sont laissés pour compte et ne comprend pas pourquoi Montréal semble être condamné à demeurer un chantier perpétuel.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Bien de l'eau a coulé sous les ponts en l'espace de quatre semaines et Michel Brûlé a réussi l'exploit de réunir une équipe de 26 candidats autour de lui. Tout ce beau monde est novice en politique, y compris le démon lui-même. Mais nous partageons cette hantise pour une gestion simplifiée de l'appareil municipal. C'est un secret de Polichinelle, Brûlé souhaite faire subir un régime minceur à tout l'appareil politique à la tête des mairies d'arrondissement. Pour tout dire, nous souhaitons abolir les postes de maires d'arrondissement, réduire de façon drastique la taille du personnel politique et, pourquoi pas, fusionner quelques arrondissements au besoin.

Servir les citoyens, pas se bourrer la face

Les arrondissements ont été créés - sous le règne de Jean Doré - pour servir de guichet de communication entre les élus locaux et les citoyens contribuables. Malheureusement, les mairies d'arrondissement sont devenues des fiefs qui permettent à une poignée de roitelets de lancer des appels d'offre, de graisser la patte d'une multitude de parasites et de faire dans le clientélisme politique (verser des subventions à des organismes qui feront cheminer votre plateforme politique en douce et recruteront des bénévoles qui viendront vous prêter main-forte sur le mode bien connu du retour d'ascenseur).

Pour nous, histoire de mettre les points sur les I et les barres sur les T, un arrondissement sert à coordonner les travaux d'entretien des infrastructures locales, à gérer les services de proximité et à recueillir les doléances des payeurs de taxe. On a trop souvent tendance à l'oublier : le citoyen est un payeur de taxes et le politicien devrait lui être redevable à 100 %. Intégrité Montréal entend profiter de l'élection d'un premier noyau dur de candidats pour faire en sorte que les arrondissements soient ramenés à leur plus simple expression en l'espace d'un seul et unique mandat.

Les ailes du désir

Les Montréalais sont moroses, mais le cœur de la cité bat toujours la chamade à l'approche du printemps. C'est bien connu, notre métropole renaît à la fonte des neiges, comme un animal qui aurait hiberné trop longtemps. Montréal doit sortir de son hibernation, le printemps n'est pas loin... même si les élections se tiendront le 3 novembre prochain.

Je me suis rendu en joggant au bureau du Directeur des élections, ma déclaration de candidature en main, avec des papillons dans le ventre. Je me lance dans la mêlée, fort de ma connaissance du terrain, jouissant d'un grand nombre de points de contact et déterminé à faire avancer certains dossiers-clefs pour l'arrondissement du Sud-Ouest.

Michel Brûlé a tout à fait raison : il faut faire simple. Pour que tout le monde puisse enfin s'y retrouver.

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