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Les vieux partis sont pratiquement morts sur la scène montréalaise. Union Montréal, le parti de l'ancien Maire Tremblay, s'est désintégré et Vision Montréal, la formation de Louise Harel, est en voie de se faire avaler par la Coalition pour Montréal. De fait, l'arrivée des Denis Coderre et Marcel Côté semble sonner le glas d'une certaine façon de faire de la politique.
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Les lignes bougent alors que les prochaines élections municipales se rapprochent

Les vieux partis sont pratiquement morts sur la scène montréalaise. Union Montréal, le parti de l'ancien Maire Tremblay, s'est désintégré et Vision Montréal, la formation de Louise Harel, est en voie de se faire avaler par la Coalition pour Montréal. De fait, l'arrivée des Denis Coderre et Marcel Côté semble sonner le glas d'une certaine façon de faire de la politique.

Électrons libres parachutés

Denis Coderre, à défaut d'un programme en bonne et due forme, met de l'avant le concept de «ville intelligente». Présenté comme une véritable panacée à l'incurie municipale, ce concept table sur une meilleure gestion des données numériques de la ville et sur un accès universel à l'Internet sans fil. L'idée étant de permettre aux citoyens d'avoir accès aux données de leur municipalité en temps réel à partir de la plateforme de données ouvertes de la métropole. Le principal intéressé pointe du doigt la ville de Boston qui dispose d'applications informatiques qui lui permettent de recenser diverses problématiques liées aux infrastructures municipales. C'est bien beau, mais tout cela nous fait penser à une campagne promotionnelle conçue pour nous vendre de nouveaux «gadgets» qui règleront nos problèmes en un tour de main. Pour l'instant, l'ancien ténor libéral est incapable de présenter une mise en perspective de la problématique montréalaise.

Le nouveau venu, Marcel Côté, est le candidat vedette des milieux d'affaires. Rendu célèbre par la firme d'experts comptables Secor, une entreprise qu'il avait cofondée en 1975, Monsieur Côté est un redoutable partisan du néolibéralisme et il n'a pas fait dans la dentelle lorsqu'est venu le temps de conseiller Jean Charest pour l'implantation d'un gigantesque programme de partenariat public-privé (PPP) sensé assainir les finances des grands projets d'infrastructures du Québec (...).

Par ailleurs, la main tendue par Louise Harel s'expliquerait par le fait que ce dernier ait plus de facilité à rejoindre la clientèle anglophone dans un contexte où les convictions souverainistes de Mme Harel sont toujours sujettes à caution. Mais, c'est la participation de Marcel Côté à la réalisation du rapport Côté-Séguin, un pavé commandé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), qui pourrait avoir été un argument de poids dans toute cette histoire qui fait penser à une chaise musicale politique. Rappelons que ce rapport proposait, entre autres, une plus grande centralisation des services municipaux.

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Pierre Karl Péladeau

Qui se présente? Qui ne se présente pas?

Des intérêts dissonants

Montréal est livrée à des guerres de tutelle qui font en sorte d'écarteler les pouvoirs de l'administration centrale. Il en résulte une gestion opaque qui favorise le copinage, voire la corruption en bonne et due forme. Contrairement à Coderre, l'équipe Côté-Harel jouit d'une solide connaissance des rouages administratifs de Montréal et ses ténors ont leurs entrées dans plusieurs milieux locaux. Dans un contexte où les troupes de Vision Montréal ont réalisé d'importantes percées auprès des communautés culturelles, tout en consolidant leurs bastions de l'Est de l'île, l'arrivée de Marcel Côté pourrait rallier plusieurs milieux anglophones rébarbatifs à l'idée de se réconcilier avec l'ancienne responsable du projet des fusions municipales. Denis Coderre ne pourra pas se fier seulement sur sa maîtrise des médias sociaux - ou sur ses anciens réseaux politiques - pour parvenir à percer auprès d'un électorat qui est désabusé et surtout ... échaudé. Il lui faudra s'entourer de lieutenants qui possèdent une «connaissance fine» des problèmes réels sur le terrain.

Toutefois, la coalition mise en place par Marcel Côté est hétéroclite et il est difficile d'y déceler un réel esprit de corps qui témoignerait d'un travail de réflexion de longue haleine mené par les militants et autres constituantes. Madame Harel a toujours été la défenderesse d'une vision républicaine d'un Montréal accessible pour tous, avec le souci évident de protéger les populations des anciens quartiers ouvriers francophones de la métropole. La vision très néolibérale de Marcel Côté pourra difficilement plaire à la clientèle de Mme Harel. S'ils partagent un réel souci pour l'amélioration des structures de gouvernance, les deux comparses auront de la difficulté à convaincre leurs troupes de s'engager dans ce mariage de raison.

Les irréductibles

Le seul et unique parti qui reste dans la mêlée, Projet Montréal, fait plutôt figure d'un groupe d'irréductibles gaulois repliés sur leurs fortifications du Plateau Mont-Royal. Ils ont, néanmoins, réussi à faire quelques brèches dans les fiefs des anciens partis municipaux. Et, contrairement aux gros cannons parachutés, les leaders de Projet Montréal possèdent de l'expérience en politique municipale, un programme bien étayé et ils peuvent compter sur l'appui d'une cohorte de militants aguerris et prêts à mener une véritable guerre de tranchées aux autres formations en lice. Outre ses positions, bien connues, à propos de la bonification du transport en commun et d'un développement urbain plus respectueux, la jeune formation promet de mettre en place des mesures de démocratie participative, de favoriser le retour des familles en ville et de remettre à contribution la fonction publique montréalaise.

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Malheureusement, les expériences de gestion du Plateau Mont-Royal ont ulcéré une part importante des commerçants et de l'électorat. Il faudrait, toutefois, souligner le fait que Projet Montréal soit parvenu à juguler un important déficit d'opération qui lui avait été légué en 2009 et qu'il aura dû hypothéquer plusieurs services de proximité pour y parvenir. Toujours est-il que cette formation compte sur un important réseau de militants bien implantés dans leurs milieux de vie et qui possèdent des compétences qui pourraient faire toute la différence quand viendra le temps d'administrer des conseils d'arrondissement.

Projet Montréal nous fait penser à l'ancien Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM), une formation qui tablait sur la démocratie municipale et la mise en place d'une meilleure planification du développement urbain de la métropole. Il s'agissait d'un parti de militants et non pas d'un parti populaire. C'est sans doute ce qui explique le fait que le RCM n'ait pas été en mesure de perdurer. Par ailleurs, le talon d'Achille de Projet Montréal pourrait être son manque de vision au niveau économique et son incapacité à bâtir des ponts avec, non seulement les milieux d'affaires, mais tout autant les milieux populaires.

Changer la donne

Certaines observations s'imposent presque comme des évidences. Nous avions, déjà, proposé que Alan de Sousa se joigne à Projet Montréal et soit nommé, en cas de victoire, à la tête du Comité exécutif de la Ville de Montréal. Monsieur de Sousa a occupé d'importantes fonctions au sein du «cabinet» Tremblay et il s'est penché sur plusieurs dossiers de prime importance en matière de protection de l'environnement ou de gestion des budgets municipaux.

Ce fiscaliste de renom est un politicien aguerri qui règne depuis longtemps sur son fief de Ville Saint-Laurent et qui pourrait contribuer à aider Projet Montréal à réaliser d'importantes percées en périphérie du centre de la métropole. De Sousa a été responsable du développement durable au Comité exécutif de la Ville de Montréal et possède ses entrées dans tous les organismes qui s'occupent de ce créneau.

Outre la corruption et l'inertie qui règnent en politique municipale, plusieurs s'inquiètent du manque de vision de nos édiles et réclament des projets susceptibles de relancer Montréal de façon pérenne. À l'heure où le gouvernement Marois étudie l'option d'une stratégie des transports électrifiés à l'échelle provinciale, il est temps que Richard Bergeron lui tende une perche. De fait, contre toute attente, c'est bien la coalition Bergeron-De Sousa-Marois qui pourrait l'emporter le 3 novembre prochain. Encore faudrait-il que Richard Bergeron ait le courage de ses convictions et qu'Alan De Sousa laisse tomber ses anciennes accointances. Un changement de paradigme s'impose en définitive.

À l'heure où la population est désabusée et dans un contexte où les électeurs pourraient être tentés de rester chez eux... tout est possible!

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