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Le diable est aux vaches! (2)

À quoi bon agir? Parce que ces efforts individuels, ces clapotis dans la mer, conjugués ensemble, deviendront des vagues révolutionnaires qui changeront les choses et nous donnerons une mesure de contrôle sur nos destins.
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Jacob Ammentorp Lund via Getty Images

Dans le blogue précédent, j'ai traité des dérives autoritaires actuelles qui, de par le monde, engendrent de nouveaux dirigeants ivres de leur pouvoir et le sentiment d'impunité qui vient avec la puissance des grands et avec la richesse, plus ou moins légitimement acquise.

Avez-vous remarqué que ceux qui veulent notre bien finissent toujours par l'avoir?

Que faire?

Que faire face aux multinationales sans autre conscience que les profits? Que faire face aux nouveaux leaders du monde qui puisent une partie de leur légitimité dans des processus démocratiques déréglés ou, comme aux États-Unis, d'un système perverti par des médias sociaux où vérités et mensonges se fondent, ou encore par l'argent des lobbys religieux et économiques? Face à la manipulation des systèmes politiques par l'argent corrompu, le vernis démocratique est bien mince! René Lévesque ne disait-il pas « Dis-moi qui te finance et je te dirai qui tu sers! ».

Pour les puissances économiques et politiques qui dictent la conduite des affaires mondiales, la loi et l'ordre sont la loi du plus fort et l'ordre qu'elles dominent. Devant la dictature du grand capital et confronté à la nouvelle économie numérique, « algorithmée » de façon à nous programmer vers de nouveaux sommets de consommation tout en envahissant notre vie privée, que reste-t-il pour le peuple?

Que faire donc face à la rupture évidente du lien de confiance entre l'État et le citoyen?

Pour reconstruire ce lien, les masses doivent avoir un mot à dire dans l'élaboration d'un nouveau contrat social. Comment? Il faut accepter de s'impliquer, ne pas simplement subir. Certains jeunes, comme Catherine Fournier, le font et encouragent les autres jeunes. C'est aussi ce que propose Jean-Martin Aussant. Le devoir d'engagement appartient à tous et chacun d'entre nous peut contribuer. S'impliquer ne veut pas dire un tweet anonyme, sans conséquence. Lapider par salves de 140 ou 280 caractères n'est pas une façon constructive d'agir, mais du simple défoulement, la façon moderne de lyncher. S'impliquer ne veut pas nécessairement dire faire de la politique non plus, quoique ce soit noble. Il y a des centaines d'organismes communautaires et d'associations de tout genre qui peuvent accueillir les bonnes volontés et dont la seule orientation est le désir de changer les choses pour le mieux.

Lapider par salves de 140 ou 280 caractères n'est pas une façon constructive d'agir, mais du simple défoulement, la façon moderne de lyncher.

On peut aussi revendiquer le droit d'être insoumis. De contester. De s'indigner. De ne pas tout accepter en se disant « qu'ils sont les plus forts », « que le système est comme ça » ou « qu'on n'y peut rien ».

Se rebeller ne veut pas dire, comme au temps de Jefferson, de causer des émeutes. Il s'agit plutôt de ne pas sagement accepter tous les devoirs d'obéissance, que les médias et les politiciens serviles nous claironnent, au nom du maintien du statu quo. À l'ère numérique et virtuelle, des mouvements citoyens peuvent faire tache d'huile, comme le montrèrent les révolutions non violentes de diverses couleurs dans le Caucase, les printemps arabes ou encore les mouvements des Occupy et des Indignés.

Bien entendu, il ne s'agit surtout pas de se servir du droit à la contestation pour tout saccager. Les casseurs professionnels, minables petits entrepreneurs du crime, n'ont aucun droit de se réclamer de la contestation démocratique. Les masques qu'ils portent ne cachent pas seulement leurs visages, mais surtout leur laideur morale.

Non, il s'agit plutôt pour les citoyens de s'organiser, de résister aux abus et de dénoncer les profiteurs corporatifs dont le seul intérêt est l'enrichissement d'actionnaires anonymes, dont la conscience se borne à des marges de profit et n'ayant aucun souci de l'environnement (développement durable) ou de la santé publique (qu'on pense aux sucres, produits chimiques et autres éléments ajoutés aux produits transformés). Et que dire du scandale des produits informatiques à l'obsolescence programmée, exemple nouveau d'abus contre les consommateurs et de course effrénée aux profits! Les scandales des Panama et Paradise Papers montrent bien que les riches pensent d'abord à eux-mêmes et que, pour la plupart d'entre eux, la conscience sociale n'existe pas. Ils répliquent souvent que « tout est légal! ». Mais, justement, ce sont eux et leurs amis qui ont fait ces lois pour mieux les servir! Ces nouveaux accapareurs sont devenus si puissants qu'ils ont érigé le système commercial et financier international pour servir leurs intérêts et, avec la complicité des médias, beaucoup en sont venus à croire que ces spoliateurs des biens publics et les détourneurs fiscaux s'enrichissent pour notre bien!

Faisons l'éloge du droit de nous rebeller. Chacun de nous peut le faire et, suite logique, passer à l'action en visant quelque chose de noble, le bien commun, le mieux-être collectif, la justice, une vie démocratique où les citoyens ont vraiment leur mot à dire plutôt que d'être des faire-valoir dans des consultations publiques-bidons.

Unissons-nous davantage pour le bien commun et faisons du Québec un phare dans un monde qui sombre vers la noirceur de la soumission économique des masses et de nouvelles profondeurs dans la barbarie humaine.

À quoi bon agir? Parce que ces efforts individuels, ces clapotis dans la mer, conjugués ensemble, deviendront des vagues révolutionnaires qui changeront les choses et nous donnerons une mesure de contrôle sur nos destins. Unissons-nous davantage pour le bien commun et faisons du Québec un phare dans un monde qui sombre vers la noirceur de la soumission économique des masses et de nouvelles profondeurs dans la barbarie humaine.

Avril 2018

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