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La Chine s'impose comme consommateur et producteur de vin

On est loin de l'époque où je voyais des cadres chinois ajoutés de grands cubes de glace dans leur verre de vin dans les banquets officiels!
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Reuters Staff / Reuters

La Chine, aujourd'hui cinquième consommateur mondial de vin, grimpera au deuxième rang d'ici deux ou trois ans. Certes, la consommation par personne (un peu plus d'un litre par an) demeure faible, mais cela ne fait que mettre en relief le potentiel de croissance de ce marché, si on le compare à d'autres. Par exemple, en France, qui vient au premier rang mondial, la consommation annuelle de vin par personne est d'environ 45 litres, suivie de près par plusieurs pays des Balkans, contre cinq litres en Irlande (50 rang); au Québec, second marché en Amérique du Nord, la consommation par personne annuelle de vin se situe à environ 23 litres (derrière le District de Columbia où les habitants de la capitale américaine en consomment quatre de plus).

Notez que le Vatican, qui n'est pas inclus dans ce classement, devance la France avec 74 litres par habitant! Il parait que ce n'est pas seulement de vin de messe!

Depuis quelques années, il ne passe pas une semaine sans qu'on annonce l'achat d'un vignoble français par un quelconque investisseur chinois au point où cette tendance fait polémique de plus en plus. Plus d'une centaine de vignobles du Bordelais sont déjà passés aux mains de Chinois.

Un marché en pleine formation

Les choses ont bien évolué. Je me souviens, lors de mes premières années en Chine, il y a quinze ans, avoir vu, dans des restaurants, du vin conservé dans des cuisines surchauffées où la température devait dépasser les 40⁰. À l'époque, si nous voulions du vin importé dans des conditions correctes, il nous fallait commander auprès de compagnies internationales qui livraient hors taxes aux ambassades ou, sinon, connaître des importateurs privés.

En Chine, il n'y a pas de monopole d'État pour la vente du vin et des spiritueux de sorte que les Chinois peuvent acheter du vin dans des épiceries ou dans des boutiques spécialisées, surtout les vins importés.

Le goût du bon vin et notre capacité à l'apprécier ont évolué progressivement, grâce à l'ouverture des marchés et, aussi, à l'influence de nouveaux Québécois d'origine européenne.

Souvenons-nous qu'il n'y a pas si longtemps, au Québec, notre culture du vin était limitée, que le premier vin que nous goûtions provenait des barils à vin de nos grands-pères et que notre ration d'alcool venait de boissons fortes. Nous buvions surtout l'insipide bière des grandes brasseries commerciales. Le goût du bon vin et notre capacité à l'apprécier ont évolué progressivement, grâce à l'ouverture des marchés et, aussi, à l'influence de nouveaux Québécois d'origine européenne.

Les Chinois ont suivi à peu près notre cheminement côté consommation d'alcool et aujourd'hui ce pays, de plus en plus riche, est devenu un paradis pour le vin, quoique celui-ci y soit en général beaucoup plus dispendieux.

Cette évolution des goûts et des habitudes de consommation est accompagnée par des expositions, salons du vin, clubs de dégustation qui se multiplient. Des milliers de Chinois ont fréquenté le grand salon Vinexpo qui se tenait à Hong-kong il y a deux semaines.

Récemment, les producteurs du fameux Saint-Émilion ont tenu une de leurs activités de promotion les plus prestigieuses en Chine.

Bref, on est loin de l'époque où je voyais des cadres chinois ajoutés de grands cubes de glace dans leur verre de vin dans les banquets officiels!

Mais en Chine, qui dit opportunité d'affaires dit souvent fraude. Je me souviens qu'un millésime des années 1990 du fameux vin chinois Great Wall, réputé excellent, était souvent l'instrument des fraudeurs qui ciblaient des clients peu connaisseurs. Ces malfrats remplissaient des bouteilles avec des vins quelconques, les étiquetaient comme provenant de cette récolte primée et les vendaient au gros prix! Les faux grands crus, français en particulier, car le snobisme de certains acheteurs les porte à vouloir acheter ce que l'on dit être le meilleur, ne manquent pas non plus. Ces vins trafiqués peuvent rapporter des milliers d'euros par bouteille. Bien sûr, ces fraudes ne sont pas l'apanage de la Chine seule et les fraudeurs du vin sont actifs ailleurs, y compris aux États-Unis.

On consomme, mais on produit aussi du vin

Mais la Chine ne fait pas que consommer des vins importés. Plusieurs endroits de son territoire et presque toutes ses régions climatiques se prêtent à la production de vins. D'ailleurs, la Chine a une longue tradition de production vinicole, mais celle-ci avait décliné en quantité et en qualité depuis longtemps.

La renaissance de ce secteur en Chine, depuis les années 1990, a d'abord été tributaire des connaissances d'étrangers et des cépages qu'ils y ont transplantés. La Chine voit maintenant ses vins primés de plus en plus dans des concours internationaux, ce qui en a surpris plus d'un !

Certes, la Chine, bien qu'elle ait triplé son domaine viticole depuis quelques années et que celui-ci soit le deuxième plus vaste au monde, n'est encore que le sixième producteur mondial de vin, loin derrière des pays comme l'Italie, la France et l'Espagne, mais certains affirment que l'on peut déjà voir poindre le jour où, dans ce secteur également, elle occupera le premier rang.

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