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Cambodge, une dérive qui passe sous le radar

L'obscurité relative derrière laquelle se cache le régime de Phnom Penh ne doit pas durer plus longtemps.
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De peur de pousser ce pays encore plus dans les bras de la Chine, les pays occidentaux gardent un silence coupable face aux abus du régime cambodgien, même si la situation a été soulevée au Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
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De peur de pousser ce pays encore plus dans les bras de la Chine, les pays occidentaux gardent un silence coupable face aux abus du régime cambodgien, même si la situation a été soulevée au Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

L'avantage et le désavantage d'un petit pays sont qu'il tombe souvent « sous le radar ». Qui parle du Monténégro? De Tuvalu? Ou encore du Lesotho?

Sauf que de nos jours, avec la communication électronique, presque chaque détenteur d'un téléphone portable est un média en lui-même. Ce qui fait qu'il est de plus en plus difficile, même dans les pays les plus fermés, d'échapper totalement à l'œil externe. Le Myanmar et la crise des Rohingyas, dont il a déjà été question dans ce blogue, sont un exemple de situation qu'il est désormais impossible de cacher au reste de la planète.

Isolé du monde, qui en savait très peu de choses, le Cambodge, victime collatérale de la guerre du Vietnam, pendant les années 1970, a vécu une tragédie génocidaire. Sous le régime de Pol Pot et des Khmers rouges, vingt pour cent de la population fut éliminé par un régime détraqué. Sorti de cet enfer, le pays a ensuite connu presque vingt ans de guerre civile.

Certes, ses tortionnaires khmers rouges renversés, certains, mais trop peu d'entre eux jugés par un Tribunal spécial de la Cour pénale internationale, le Cambodge a retrouvé aujourd'hui une certaine sérénité.

Mais cette quiétude apparente cache quand même un régime parmi les plus liberticides du monde. Amnistie internationale juge sévèrement la répression politique présentement en cours. L'Opposition, qui s'est approchée du pouvoir en 2013, a depuis été décimée par les persécutions du régime de Hun Sen, au pouvoir depuis 33 ans.

Ce qui se passe au Cambodge ressemble beaucoup, sur le plan de la dérive autoritaire toujours plus marquée, à ce qui se passe aux Philippines.

L'an dernier, la Cour suprême du pays, complice de Hun Sen, a dissout le principal parti d'opposition. Tous les coups (arrestations, emprisonnement, menaces, etc.) sont permis, pas seulement à l'endroit de l'opposition politique, mais de la société civile aussi qui peut servir de point de ralliement pour contester le gouvernement. Récemment, des écologistes ont été emprisonnés. Ce qui se passe au Cambodge ressemble beaucoup, sur le plan de la dérive autoritaire toujours plus marquée, à ce qui se passe aux Philippines et dont il a aussi déjà été question dans ce blogue.

De peur de pousser ce pays encore plus dans les bras de la Chine, les pays occidentaux gardent un silence coupable face aux abus du régime cambodgien, même si la situation a été soulevée au Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Il y a deux semaines, un comité de la Chambre des communes aurait tenu des audiences sur le sujet, mais aucun écho ne nous est parvenu dans les médias.

Où sont les États-Unis, jadis porte-voix de la liberté dans le monde?

L'obscurité relative derrière laquelle se cache le régime de Phnom Penh ne doit pas durer plus longtemps. Mais, pour qu'un éclairage permette de voir les abus du régime, il faut que ceux qui portent la torche de la liberté la tiennent bien haut. Ce n'est pas ce qui est arrivé, l'automne dernier, lors du Sommet Asie-Pacifique. Le premier ministre cambodgien s'était alors félicité que, lors de leur entretien, contrairement au président Obama, le président Trump n'ait pas soulevé la question des droits de la personne avec lui! En fait, les deux leaders se sont trouvé des atomes crochus. D'ailleurs, les militants des droits de la personne en Asie ayant compris à qui ils ont affaire, pour eux, désormais, la présidence américaine se retrouve au nombre des abonnés absents.

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