Signé par Daniel Léger, le récit Objectif Katahdin a de quoi plaire au voyageur qui someille au fond de chacun. Empreint de sagesse, l'ouvrage résume le cheminement de l'auteur qui a parcouru à pied les 3 500 kilomètres du sentier des Appalaches reliant l'état de la Georgie à celui du Maine.
Surnommé Koonacky par les autres randonneurs pour refléter ses origines acadiennes, Daniel Léger a entrepris ce périple en mars 2000, et ce, sans nécessairement arriver à mettre le doigt sur ce qui le poussait à relever ce défi. Au fil du trajet, on comprend qu'en fait, il était avant tout parti à sa propre rencontre. Les nombreuses réalités auxquelles il a dû faire face seul au cours de cette randonnée avaient certainement de quoi forger la personnalité d'un jeune adulte qui cherche sa voie.
Appelé à faire la connaissance de nombreux randonneurs sur sa route, Koonacky se révèle être à l'écoute des gens qu'il accompagne, parfois pour une journée, parfois pour plusieurs jours. Que ce soit en termes de matériel requis pour effectuer le trajet ou d'objectif quotidien pour se rendre à destination, à mesure qu'il avance, le marcheur évolue dans sa pensée. S'il accordait au départ une certaine importance au matériel que contenait son sac de 45 livres, il a peu à peu pris davantage confiance en lui et a remis en question sa dépendance à certains items pour s'alléger au sens propre comme au figuré.
Nourrie par les péripéties et les anecdotes, la narration rend la lecture agréable et pique la curiosité. La description des paysages et des conversations avec les personnes rencontrées donnent parfois l'impression au lecteur d'être lui-même dans le sac à dos et de traverser les montagnes avec l'auteur, plutôt que de lire paisiblement son histoire.
Si le récit permet de faire ressentir au lecteur les hauts et les bas de cette excursion pendant les 186 premières pages du livre, les 25 dernières le laissent un peu sur sa faim et dégagent une impression d'inachevé. Contrairement à la première partie, qui est riche en détails, dans la seconde, l'enchaînement des événements est tellement rapide qu'on croirait que c'est une liste plus ou moins complète des faits saillants du voyage à laquelle on aurait supprimé le contexte qui aurait dû les accompagner.
Publié par les Éditions Perce-Neige, ce livre fait partie des publications marginales qui sont écrites en suivant la nouvelle orthographe. Si ce choix n'entrave pas la compréhension du lecteur, parions que les puristes seront quand même agacés, entre autres par l'absence de l'accent circonflexe sur le «i» dans le mot «connaître», qu'on peut facilement confondre avec une faute si on a omis de lire l'inscription à ce sujet au tout début du bouquin.
Artiste dans l'âme, celui qui verse depuis un certain temps dans différentes formes d'art, comme le cinéma et la musique, montre une nouvelle facette de sa personnalité en témoignant d'un défi sportif dans son premier livre. L'auteur peut donc dire «Pari réussi!» deux fois plutôt qu'une.
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