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Peut-on expliquer les mouvements massifs de hausse et de baisse du bitcoin?

Ce n'est donc qu'une question de mois ou d'années : le bitcoin ne peut que remonter.
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Dado Ruvic / Reuters

Les « bitcoiners » déchantèrent le jour où le bitcoin plongea. Cela fut rude: de 20 000, il s'était retrouvé à 8000 dollars. Il était bien remonté un peu du côté de 10 000, mais le sort s'acharnant, il replongeait vers 6500... Et aujourd'hui, le bitcoin est parti pour reconquérir les sommets perdus.

Que comprendre? Si le bitcoin remonte, qui garantit qu'il ne plongera pas à nouveau? Que vaut vraiment le bitcoin? De quoi dépend son cours? Pourquoi baisse-t-il, si souvent? Mais aussi pourquoi remonte-t-il?

On ne va pas proposer de réponse ici, mais dresser un décor et de collationner des opinions.

Le bitcoin à 1 000 000?

Si le bitcoin devenait la monnaie mondiale qu'annonce ses « geeks », on ne pourrait pas le voir en dessous de valeurs du type un million de dollars par unité voire deux ou trois. Il suffit, pour aboutir à ce chiffrage, de penser à la monnaie en circulation dans le monde et de diviser par 21 millions (le nombre maximum de bitcoins devant circuler selon les édits de son inventeur).

Tim Draper, un « venture capitaliste » particulièrement « success full » annonçait il y a peu que le bitcoin vaudrait 250 000 l'unité « à la fin de l'année 2022, ce qui mettrait la capitalisation totale de la monnaie cryptée-star, à un petit 5000 milliards de dollars. Pour comparaison, la capitalisation boursière américaine tournait à 30 000 milliards de dollars...

Mais Tim Draper est prudent : cela ne devrait arriver que dans 4 ans. On a vu ce qu'étaient devenues les prévisions heureuses de croissance faites en 2006... Plus prudent parce que moins ambitieux, ou plus audacieux parce que ce qu'il annonce est pour demain, Tom Lee, un analyste de Wall Street, voyait le bitcoin à 25 000 dollars à la fin de 2018 après avoir tourné le dos à la « correction » subie en avril.

Les cours vont reprendre leur chemin vers le ciel.

Ce n'est donc qu'une question de mois ou d'années : le bitcoin ne peut que remonter. Les cours vont reprendre leur chemin vers le ciel.

Et pourtant, ceux pour qui le bitcoin ne vaut rien ou peu de choses, les « naysayers » continuent à sévir.

Une bulle ou une illusion? Les deux à la fois?

La réaction la plus violente vint du patron de JP.Morgan pour qui le bitcoin n'était qu'une fraude. Du côté des scientifiques, économistes et prix Nobel, on trouve Jean Tirolle complètement hostile et Robert Shiller, un prix Nobel d'économie, pour qui le bitcoin est «a sort of bubble»: «une belle histoire qui va plus loin qu'elle ne le mérite!»

Bien d'autres partagent cet état d'esprit : Ken Griffin, patron fondateur du hedge fund « Citadel » renvoyait le bitcoin à la fameuse tulipe hollandaise. À la Barclays, alors que le bitcoin se remettait de sa chute et retrouvait le chemin de la hausse, on considérait ce mouvement comme de la mousse... qui passerait. Enfin, Warren Buffet n'était pas tendre: «En matière de cryptomonnaies, je peux dire avec quasi-certitude qu'elles finiront mal». Il faudrait ajouter les économistes et consultants français, suisses ou allemands... sans compter les représentants de banques centrales.

Dans ces conditions, comment comprendre les hausses folles et les baisses sidérantes?

Dans ces conditions, comment comprendre les hausses folles et les baisses sidérantes? Manipulations ou immaturité? Forces du marché ou hystérie de geeks qui passeraient d'un état de surexcitation exubérante à une humeur profondément dépressive?

Pourquoi ces hausses et ces baisses?

Pourquoi les baisses? Toutes les explications ont déferlé entre décembre et avril quand deux épisodes de baisse violente se sont succédé.

Une explication simplissime: les porteurs de bitcoin ont cherché à profiter de leurs gains de 2017 et ont vendu.

Mais aussi: en Asie du Sud-Est et en Chine, les autorités de régulation et les pouvoirs publics interdisaient la conversion du bitcoin en monnaie souveraine pour les uns et les autres s'en prenaient aux «plateformes» les accusant d'être les vecteurs d'une fraude fiscale massive. L'enthousiasme des détenteurs de bitcoin avait fléchi. Ils avaient vendu.

Un autre argument, fiscal celui-ci: les sociétés et les particuliers qui avaient enregistré des gains considérables en 2017 ont été obligés de payer des impôts auxquels ils n'avaient peut-être pas pensé: le bitcoin et les autres monnaies cryptées n'étaient-elles pas anonymes? Le fisc américain aurait contourné l'obstacle! Pour payer, les investisseurs se sont mis à vendre faisant plonger le marché des crypto-monnaies.

Un argument purement financier a aussi été invoqué : les ICOs qui ont marqué l'année 2017 sont des appels à l'épargne publique et aux investisseurs professionnels qui passent par des échanges de crypto-monnaies « entrepreneuriales » contre des monnaies cryptées « globales » c'est-à-dire, des bitcoin, ether, monero et autres litecoins. Les critiques et mises en garde de la Security Exchange Commission, le régulateur de la finance américaine, aurait conduit certains émetteurs à plus de vigilance : c'est-à-dire à moins recourir ces échanges entre monnaies cryptées. La demande aurait donc été moins forte. Dans cette série « financière » d'arguments, il faudrait aussi mentionner, le fait que des opérateurs sur le marché des dérivés auraient été obligés de céder des bitcoins : ventes importantes doublées d'une baisse des demandes.

Un autre argument, psychologique celui-là, était proposé: le goût acidulé du bitcoin se serait fait moins excitant. Les investisseurs potentiels et existants se seraient lassés...

Quels arguments pour la hausse?

On passera sur la folie des investisseurs particuliers qui faisaient la queue devant des « boutiques » pour participer à la fête : de véritables névroses se répandent en Corée du Sud où l'obsession est de ne pas arriver trop tard sur le marché.

Des phénomènes de crédulité moutonnière doublés de l'esprit libertarien qui avait fait son chemin parmi les geeks ont donc propulsé à la hausse le bitcoin et le marché des monnaies cryptées. S'y sont ajoutées des communications inquiétantes sur l'endettement des nations les plus riches et la méfiance à l'égard des monnaies nationales.

Des arguments financiers ont joué leur rôle : l'explosion des ICOs durant l'année 2017 s'était ajoutée aux causes précédentes.

Si ces arguments peuvent expliquer la hausse de 2017, les acteurs, même les plus impliqués, ont du mal à comprendre la hausse du milieu avril : alors que le bitcoin venait de perdre près de 20% en une quinzaine de jours, il remontait de 16% en moins d'une demi-heure à la suite «d'achats massifs».

Les masses financières nécessaires à ce mouvement ont été très importantes et posent donc crument la question de l'origine des fonds.

Il reste que les mouvements sont si violents que d'aucuns ont peine à y voir la main de professionnels spécialistes des marchés.

Il faudrait trouver l'explication dans l'arrivée de nouveaux investisseurs sur le marché, car la hausse du bitcoin ne semble pas refléter un arbitrage contre les autres crypto-monnaies. Parmi ces investisseurs et non les moindres, les fonds « Rockefeller » et ceux de George Soros. Il reste que les mouvements sont si violents que d'aucuns ont peine à y voir la main de professionnels spécialistes des marchés.

Que faut-il conclure ? Quelles forces sont à l'œuvre ?

Quelques partisans des thèses complotistes vont-ils laisser entendre que les Russes sont à la manœuvre ? Ou que les Chinois usent du bitcoin pour affaiblir le dollar? La réponse serait, pour l'instant, qu'il faut se contenter de suivre les cours et de lire dans le marc de café.

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