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On ne peut pas considérer qu'il y a aujourd'hui un « crash du bitcoin » mais il est clair que l'avenir de la « cryptomonnaie reine » est de plus en plus aléatoire.
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Le bitcoin est dans un cycle qui ne lui est pas propice

De fait, si la monnaie a vu son cours contre dollar multiplié par 20 dans le courant de l'année 2017 (passé de 1000 à 20 000 dollars l'unité), elle a rencontré quelques difficultés dans les deux mois qui ont suivi et est toujours à la peine. Le cours a dégringolé de 20 000 à 7500 presque sans interruption en janvier-février, puis s'est repris pour monter à près de 10 000 dollars l'unité. Il est à nouveau retombé en dessous de 8000 dans les 15 premiers jours de Mars.

Pendant toute cette période, la « monnaie cryptée reine » a dû subir deux « forks » qui ont donné naissance à deux nouvelles cryptomonnaies : bitcoin gold et bitcoin cash. Cela fait donc trois bitcoins. Il semblerait qu'une quatrième version soit sous presse. Tout ceci sur fond de révision complète de son logiciel blockchain (trop lent, insuffisant en termes de volumes et trop consommateur d'énergie).

Enfin, il parait de plus en plus que le bitcoin, une idée américaine, est devenu une production chinoise soit à raison des capitaux investis, soit à raison de l'implantation des fameuses fermes. La démocratie et la décentralisation "bitcoin" sont en train d'en prendre un coup.

À cela s'ajoute le fait que la capitalisation du Bitcoin est maintenant relativement concentrée : les manipulations de prix seront donc plus fréquentes. C'est une vraie menace sur la valeur du bitcoin.

Le bitcoin est de plus en plus considéré comme un actif financier et non comme une monnaie de circulation

En d'autres termes, le bitcoin n'est plus un instrument de libération de l'humanité contre les monstres froids et voraces que sont les banques. La plupart des techniques de paiements nationaux et internationaux supplantent par leur rapidité et leur sécurité toutes les monnaies cryptées à commencer par le bitcoin.

Le protocole le plus évolué en matière de circulation monétaire est Ripple, qui est aux antipodes des « idéaux » d'ouverture, de transparence et de démocratie du Bitcoin (à ses débuts). Ripple a réussi à fédérer les plus grandes banques autour de ses développements ! Les vieux « tiers de confiance » ont encore de belles années à vivre !

Ripple a réussi à fédérer les plus grandes banques autour de ses développements !

Mais si le bitcoin est un actif financier, alors il doit suivre les règles posées en la matière par tous les pays développés et qui concernent le fonctionnement des marchés financiers, les règles en matière de conservation et de dépositaire et celles qui touchent à l'appel public à l'épargne. C'est en sens que les États-Unis ont tranché, déniant toute dimension monétaire aux cryptomonnaies.

La régulation des ICO's sera-t-elle fatale au bitcoin ?

Pour éviter de tomber sous le coup de la réglementation américaine des émissions de valeurs mobilières, les collectes de fonds ont été « déviées » sous la forme d'apports en monnaies cryptées de la part des souscripteurs et non pas contre remise de fonds en « fiat monnaies » (ou monnaies souveraines). Les entreprises ayant recours à des ICO's pouvaient ainsi prétendre qu'elles « n'émettaient pas de valeurs mobilières » et qu'elles ne faisaient qu'échanger des tokens contre des monnaies cryptées, majoritairement le Bitcoin. Résultat : l'explosion des ICO's a conduit les investisseurs à acquérir massivement des Bitcoins pour pouvoir souscrire aux ventes de tokens.

Les autorités américaines de régulation des marchés financiers ont vigoureusement réagi à l'encontre de ces ICO's considérant qu'il s'agissait d'émissions d'actions déguisées. La SEC s'est penchée, en juillet 2017 sur le cas de l'émission de tokens par Ethereum et, dans son rapport d'investigation, a conclu que « les tokens offerts et vendus par une organisation virtuelle sous le nom de « The DAO » étaient des valeurs mobilières soumises aux lois fédérales sur les valeurs mobilières ».

Le régulateur américain a donc requalifié un certain nombre d'ICO's en émissions de valeurs mobilières, concluant qu'elles avaient enfreint la réglementation des marchés. De nombreux pays ont suivi le même chemin. Simultanément, la réflexion sur les besoins auxquels correspondent les ICO's a progressé : certains pays, comme la France, sont en passe de mettre en œuvre une réglementation assouplie. Contourner la loi n'aurait plus de sens, les monnaies cryptées perdraient leur utilité dans les ICO's, la demande de bitcoin et sa valeur en subiraient nécessairement le contrecoup

La valeur du bitcoin va-t-elle s'effondrer ?

On voit que la cryptomonnaie est soumise à de nombreux coups de boutoir de la part des États sur trois thèmes : la fiscalité, la protection de l'épargne et la transparence des marchés. Or, il faut admettre qu'avec la mise en place de la transparence des transactions, ICO's compris et l'élimination de l'anonymat, le marché du bitcoin sera durement atteint même si une analyse, un peu étonnante, a montré que l'anonymat des transactions répondant aux besoins de l'économie « sale » et cette dernière pesant des centaines de milliards de dollars, la valeur du bitcoin ne pourrait pas descendre en dessous d'un certain prix !

S'il ne faut pas s'attendre à un crach au sens d'un effondrement soudain et brutal conduisant la cryptomonnaie vers zéro en très peu de temps, les éléments qu'on a détaillés plus haut confrontés aux risques qui suivent pourraient provoquer de véritables paniques.

Risque de la toxicité : les demandes faites ici ou là de « financiariser » le bitcoin, de créer des produits dérivés, des CFD et des produits à terme peuvent conduire à infiltrer le bitcoin dans des portefeuilles en recherche de rendements. C'est ce qui s'est passé avec les produits madoff et les subprimes qui ont coûté fort cher aux banques et aux assureurs du monde entier.

Celui de la liquidité : les investissements en bitcoins ne bénéficient pas d'organisation de marché qui permet d'assurer les désinvestisseurs contre les risques d'immobilisation et de report des ventes. Ce genre de situation est à l'origine d'effondrements brutaux des prix. Les paniques financières pouvant s'accentuer en raison de l'impossibilité de vendre.

Celui de l'endettement : un nombre de plus en plus important de spéculateurs se sont endettés pour pouvoir « jouer » gros et « gagner à coup sûr » comme le leur promettait de nombreuses « officines » de vente et de conseils. Ajoutons que quelques Hedge funds se sont lancés dans l'aventure des monnaies cryptées, recourant eux aussi à l'endettement (mais à une autre échelle). Au moindre coup dur, ce seront de vraies paniques. Or, les systèmes du bitcoin et ses délais de réponse sont totalement inaptes à gérer des ventes massives dans des laps de temps très courts.

Si ces trois risques se manifestaient de façon groupée, dans le contexte de fragilisation du bitcoin, les cours souffriraient vraiment !

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