Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La folie bitcoin en proie à la chute des cours

Il est frappant de constater que les opinions même les plus mesurées commencent à prendre leurs distances.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Dado Ruvic / Reuters

Pour Bill Gates, «[le bitcoin] en tant qu'actif ne produit rien, par conséquent, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il monte. C'est le plus pur investissement représentatif de "la théorie du plus grand fou"». Quant à Charlie Munger, il ne mâche pas ses mots: «c'est anti-social, stupide et immoral».

Évidemment, ce ne sont que des propos de «vieux milliardaires»: les Bill Gates, Warren Buffet, Charlie Munger et autres personnalités trop âgées pour voir les forces disruptives à l'œuvre. Ils sont dans le confort de fortunes considérables et ne peuvent donc se rendre compte à quel point le monde est en train de changer et comment les crypto-monnaies et blockchains en sont les instruments.

Le bitcoin qui a sévèrement plongé (une fois de plus) et qui, à nouveau, a atteint ses «plus bas que jamais», est de plus en plus souvent mis en cause entraînant dans son sillage l'ensemble des crypto-monnaies et faisant peser quelques menaces sur le monde des ICOs. De son plus bas, le bitcoin avait semblé se relever. À cette occasion, on vit déferler sur les «réseaux» les soupirs de soulagement, les commentaires souriants et entendus des gourous qui commençaient à déprimer. Il est vrai qu'il est beaucoup plus difficile de rassurer ses suiveurs dans les périodes d'effondrement des cours que dans celles où le ciel semble enfin à portée des arbres. Soulagements de joueurs de roulette, ceux-là qui ne se souviennent plus combien ils ont perdu, mais sautent de joie quand un petit signe de gain surgit enfin des brumes du jeu.

Dans ces moments, le commentateur qui passe son temps à jouer les lanceurs d'alerte fait penser à Caton l'Ancien et à ses invectives contre Carthage.

Qui en voudrait au bitcoin?

Il a baissé en début 2018? Ne fallait-il pas y voir l'effet «futures». Les produits structurés à base de bitcoin lancés par des fonds d'investissements dynamiques auraient eu un effet dépressif sur les cours : en effet, pour monter des produits «bitcoin», il fallait bien disposer de réserves de la monnaie cryptée reine. Les fonds d'investissement avait probablement fait monter les cours en achetant ce dont ils avaient besoin. Puis, leurs emplettes faites, ils s'étaient retirés, provoquant un vide, néfaste pour le maintien des cours.

C'est une explication, mais, dans cet esprit on en trouve d'autres : par exemple pour la baisse qui a eu lieu courant avril, le fautif aurait pu être un hack particulièrement audacieux et fructueux (pour les hackers). Un peu plus tard on insinua que la faillite d'une grosse plate-forme aurait causé un plongeon du cours.

Si on voulait aller un peu plus loin, d'aucuns, à commencer par les autorités de marché américaines, commençaient à penser à des manipulations de cours. Les commentaires allaient bon train sur les fonds d'investissement énormes et leurs bonnes ententes.

Ce ne sont cependant pas les annonces qui manquent pour des lendemains qui chantent et des cours qui deviennent vertigineux : Phillip Nunn, PDG du Blackmore Group, continue à croire très fort en l'avenir du bitcoin. Pour lui, c'est certain, à la fin de 2018, le bitcoin sera passé à 60 000 dollars, venant de 6 000.

Le célèbre Steve Wozniak, «co-inventeur de Apple», n'a-t-il pas déclaré ubi et orbi qu'il espérait que le bitcoin devienne un jour a one-world currency, opinion partagée par quelques enthousiastes.

D'autres arguments sont assez surprenants! Une analyse vaguement chartiste s'appuie sur la bonne nouvelle de la baisse des volumes de vente (mais on rappellera que si les volumes de vente baissent, les volumes d'achat, suivent le même chemin!!!) et sur le fait que lorsque les cours plongent, les plongeons sont moins impressionnants qu'au début de l'année 2018. «The trend is "flattening out" » C'est faire peu de cas de la succession des montées et des descentes qui donnent non pas l'image d'une tendance à la stabilisation, mais plutôt de celle d'une baisse.

Vers les 5 000 et moins

En revanche, il est frappant de constater que les opinions même les plus mesurées commencent à prendre leurs distances et on peut lire ici ou là que le passage du bitcoin à « 5 000 » (ou moins encore) est possible, probable et même certain.

«Pourquoi le bitcoin n'est pas l'avenir de la monnaie» dans cet article, Rober Skidelsky, professeur d'économie politique à l'université de Warwick, fait un sort aux idées libertariennes et s'étonne même qu'on en soit encore à débattre de questions aussi évidentes : la monnaie libertarienne n'existerait pas.

Même le PDG de Goldman Sachs, dont les fans du bitcoin avaient loué la «vision», semble revenu sur ses enthousiasmes, déclarant qu'il n'aimait pas la crypto-monnaie reine dont il pensait qu'elle pourrait bien être une bulle. Chez Goldman Sachs, le scepticisme aurait supplanté une stratégie «crypto» orientée.

Dans quelques articles précédents, on avait listé les nombreuses raisons pour lesquelles les cours du bitcoin s'orientaient à la baisse depuis le début de cette année. Une chronique où l'idée que le bitcoin pourrait bien perdre 80% de sa valeur avait valu à son auteur de violentes prises à partie. «Par qui était-il payé pour tenir en permanence des propos défaitistes». Mais les esprits changent et se découvrent de nouvelles raisons de voir le bitcoin dans de mauvais draps.

Parmi les raisons nouvelles, celle-ci qui indique que si le bitcoin fait encore rêver ceux qui s'y sont aventurés, les «early adopters», il attire beaucoup moins de «nouveaux entrants». Son marché manque de «new adopters». Le déclin de cet intérêt est retraçable au travers des requêtes «bitcoin» sur Google. Une récente étude a montré que, depuis le mois de décembre, elles ont baissé de 85%.

Quelques arguments techniques viennent renforcer ces traits négatifs : c'est ainsi que Brad Garlinghouse, PDG de Ripple, faisait valoir que les transactions sous XRP était «un millier de fois plus rapides» que celles impliquant le bitcoin, décrite comme «quite slow». Les comparaisons avec des spécialistes du paiement à distance comme Visa avaient déjà montré que pour effectuer une transaction en bitcoin, il fallait être patient, la faute à la POW, «proof of work».

En France, l'hostilité des autorités bancaires et financière est toujours aussi vive. Elle ne craint pas l'anecdote! Après «l'affaire Nabilla», le tennisman Gaël Monfils passionné de monnaies cryptées s'est attiré les foudres de l'Autorité des marchés financiers. «L'AMF rappelle à Gaël Monfils que c'est au mieux très risqué, au pire une arnaque». Le tweet est suivi d'un lien vers sa page internet alertant sur les risques du bitcoin et autres cryptomonnaies.

C'est la dernière tendance, les régulateurs se font facétieux: la SEC n'a-t-elle pas lancé une fausse ICO... qui aboutit sur son site à la rubrique «méfiez-vous des arnaques».

Voir aussi:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.