À qui sont ces ordures?

Avec le printemps qui revient, la neige qui s'en va et le gazon qui pointe le bout du nez gelé par l'hibernation, c'est le retour de la saison des poubelles qui fleurissent dans les ruelles, des journaux qui volent au vent et des crottes de chien qui fondent sous les semelles.

C'est à croire que le sens des responsabilités s'en est allé avec le bon sens passer l'hiver dans un paradis fiscal. C'est du propre! Au lieu de marcher le visage tourné vers la caresse du soleil, c'est le regard plongé par terre que nous devons avancer pour éviter les merdes et les emmerdes.

À l'instar des habitants des bidonvilles les plus lointains, les piétons de nos contrées marchent en effet dans le caca, les autos roulent dans les ordures et les enfants jouent joyeusement au milieu des poubelles éventrées.

Et n'allez pas croire que ça n'arrive qu'à Montréal. J'ai vu d'immondes immondices apparaître sous la neige de nos campagnes, sur les pistes de nos stations de ski, sur les terrains de la vieille capitale... À croire que notre planète est devenue une poubelle.

Qui faut-il blâmer?

Les malbouffeurs qui jettent leurs restes de McDo derrière les clôtures ? Les buveurs de boissons gazeuses qui effoirent leurs canettes dans le caniveau ? Les mères de famille surmenées qui accumulent les plastiques de supermarchés ? Les maîmaîtres à leurs toutous qui ramassent leurs crocrottes, mais abandonnent le sac encore fumant sur le bord du trottoir ? Les ados boutonneux qui lâchent distraitement l'emballage de leur chips au vinaigre en pleine rue, yo man ? Les fumeurs qui froissent leurs paquets vides par terre avant d'écraser leurs mégots un peu plus loin ?

La ville devrait-elle être belle seulement en été ? On y vit pourtant toute l'année, non ?

L'hiver prochain, rappelez-vous que tout ce que vous jetez sous la neige reste sous la neige tant que la neige est là. Mais une fois le printemps revenu, vos ordures sont plus tenaces que les jonquilles et moins jolies que les crocus.

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