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Si j'étais Grec...

On entend peu parler de la Grèce au Québec. Il est vrai que Star Académie a repris du service, que le Canadien joue avec nos nerfs et que le printemps hâtif annonce plutôt le retour du barbecue que l'avènement d'une nouvelle révolution tranquille. On aurait pourtant, il me semble, encore beaucoup de choses à apprendre de ce berceau de notre civilisation. Ne fusse que pour ne pas nous retrouver nous aussi à la merci des créanciers d'un emprunt qui ne nous a jamais profité.
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AP

Je jetterais des pavés en criant ma colère et je barbouillerais les murs de l'Acropole de graffitis dans la langue de Socrate. Si j'étais Espagnol, je descendrais dans la rue en hurlant à l'injustice et au complot des promoteurs de promesses. Si j'étais Français, je m'empresserais de militer contre le président sortant pour qu'il soit définitivement sorti. Si j'étais Syrien, j'essayerais de ne pas me faire tuer. Si j'étais éducatrice en garderie, je jetterais des couches pleines à la face de ceux qui se moquent de moi. Si j'étais étudiant, je me tiendrais debout en me faisant matraquer par la police de Bachand...

N'attendons pas d'être pour devenir. Parce que pour l'instant, c'est une poignée d'autres qui décide pour nous.

En Grèce, un jeune sur deux est au chômage, si ce n'est pas plus. Des dizaines de milliers de néo-sans-abris ont envahi les rues des grandes villes, un tiers de la population est passée sous le seuil de la pauvreté.

Il y a huit ans, ce pays organisait les Jeux olympiques et remportait brillamment l'Euro 2004 de soccer.

Aujourd'hui, ses dirigeants ont mis le pays au bord du gouffre en jouant à la roulette avec les grandes banques. Et pour sauver les couilles des banquiers, le portefeuille des riches et le confort des puissants, l'Europe impose un (autre) plan d'aide qui met le pays sous perfusion et étrangle ce qui lui reste de forces vives.

D'après ce que j'ai compris, ce pays va devenir le paradis d'Éric Duhaime et de ses compagnons: bye bye le droit du travail, appauvrissement à l'extrême des pauvres qui l'étaient de toute façon déjà, suppression de la classe moyenne, bouleversement des acquis sociaux et transformation de la société en un état sans services publics, où le privé dessert les privilégiés, où les écoles publiques et les hôpitaux tombent en ruine, où le travail précaire est la norme et l'exploitation un nouveau droit. La belle grosse liberté sale et l'abandon des responsabilités sociales, au profit du chacun pour soi et tout pour moi!

La Grèce est en train de boire la cigüe que lui sert la troïka composée de l'Union Européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international jusqu'à la lie. Le pays qui a inventé la démocratie et la philosophie n'est plus maître de son destin.

On entend peu parler de la Grèce au Québec. Il est vrai que Star Académie a repris du service, que le Canadien joue avec nos nerfs et que le printemps hâtif annonce plutôt le retour du barbecue que l'avènement d'une nouvelle révolution tranquille.

On aurait pourtant il me semble encore beaucoup de choses à apprendre de ce berceau de notre civilisation. Ne fusse que pour ne pas nous retrouver nous aussi à la merci des créanciers d'un emprunt qui ne nous a jamais profité.

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