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J'ai plus peur de la télé que de l'État islamique

A-t-on compté la valeur du temps d'antenne que les médias consacrent aux délires de l'État islamique? Imaginez le poids publicitaire que l'organisation terroriste obtient sans débourser un sou.
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A-t-on compté la valeur du temps d'antenne que les médias consacrent aux délires de l'État islamique? Imaginez le poids publicitaire dantesque que l'organisation terroriste a obtenu sans débourser un sou. En moins de temps qu'il n'en faut à Donald T. pour se mettre le pied dans la bouche, les médias sont devenus les porte-voix des outils de propagande les plus sombres. Et après on s'étonne que le monde ait peur.

Pourquoi les terroristes tuent-ils des innocents? Pour que vous parliez d'eux.

Ils égorgent pour faire la une. Ils assassinent pour être connus. Ils massacrent pour exister.

Arrêtez d'en parler, ils perdent 90 % de leurs motivations.

Bien sûr, il y a le droit à l'information. Mais est-ce de l'information quand un média, par exemple la semaine dernière, titrait «Les attaques terroristes sont en hausse de 126 % au Canada» alors que le contenu de l'article parlait plutôt «d'affaires criminelles liées au terrorisme»?

On comprenait d'ailleurs en lisant le texte que les chiffres étaient gonflés. Depuis Harper et sa loi antiterroriste, le Canada compte en effet des choses qu'on ne comptait pas auparavant. Un jeune qui désire, par exemple, aller en Syrie est désormais considéré comme une «affaire criminelle liée au terrorisme».

Avec ce genre de titre effrayant, on vient de franchir une nouvelle étape dans la guerre au bon sens. Les terroristes n'ont même plus besoin de se faire exploser pour que les médias nous fassent peur.

«En voulant nous informer, les médias nous ont fait peur.»

Les médias jouent le jeu des terroristes. Ils jettent de l'huile sur le feu. Ils échauffent les esprits. Ils embrasent une situation déjà explosive. La peur fait vendre, se disent-ils, alors faisons peur. Le candidat républicain au poste de commandant en chef des États-Unis l'a bien compris. Les criminels de l'organisation État islamique le mettent en pratique depuis des années.

Et si on arrêtait de diffuser à répétition les revendications, les menaces, les vidéos de propagande, les photos d'horreur? Timidement, quelques médias européens ont décidé de ne plus montrer les photos des terroristes. Mais c'est trop peu. Trop tard. On connaît tous par leurs prénoms les acteurs des attentats de Charlie, du Bataclan, de Bruxelles. Certains sont plus connus que le gagnant de La Voix.

En voulant nous informer, les médias nous ont fait peur. Et les esprits dérangés de l'État islamique jubilent en voyant que leur plan machiavélique fonctionne.

Quand on était petit et qu'on se faisait embêter par le grand frère ou la grande de sœur, maman nous disait «ignore-le, il va finir par se fatiguer». En effet, à force de lancer des paroles en l'air qui, en apparence, ne semblait pas émouvoir la cible, le méchant se ramollissait et finissait par arrêter ses frappes fielleuses. Et si on essayait cette tactique? Ça coûte moins cher que d'envoyer des missiles sur des villages syriens et ça fait moins de dégâts collatéraux.

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