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Entre guillemets

Un «travail» peut tout aussi bien vouloir dire que vous gagnez votre vie à ne rien faire ou que vous travaillez sans le déclarer. Alors qu'il est bien plus valorisant d'avoir du travail sans guillemets. Un «honorable» ministre serait évidemment plus juste, quoiqu'un brin ironique, que sa version officielle sans guillemets.
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AFP

Mettre un mot entre «guillemets», c'est un peu comme jeter un doute sur ce qu'on veut dire. À fortiori quand on entoure d'un geste du majeur et de l'index recourbés en forme de crochets pendus dans le vide les mots qu'on va prononcer.

Les guillemets sont-ils un manque de vocabulaire? Ou une marque de pudeur à peine voilée? Une petite gêne passagère? Ou une agression qui ne dit pas son nom? Un sincère manque de conviction? Ou un flagrant délire de moquerie verbale? Une précaution oratoire? Ou une méfiance ostentatoire?

Il y a un monde entre un ami et un «ami». «L'ami» s'apparente à une vague connaissance voire à quelqu'un avec qui nous n'avons aucun point commun et dont on ne connaît que le nom. Alors que l'ami, sans artifice typographique, est toujours là quand vous avez besoin de lui. Des «amis«, vous en avez des centaines, peut-être plus, sur Facebook. Mais des amis, vous pouvez les compter sur les doigts d'une seule main.

Un «travail» peut tout aussi bien vouloir dire que vous gagnez votre vie à ne rien faire ou que vous travaillez sans le déclarer. Alors qu'il est bien plus valorisant d'avoir du travail sans guillemets. Un «honorable» ministre serait évidemment plus juste, quoiqu'un brin ironique, que sa version officielle sans guillemets. Et le «très honorable» premier ministre nous permettrait d'ajouter toute la défiance que nous inspire l'actuel démembreur du Canada.

Une «blonde» devrait se méfier de son «chum» surtout si celui-ci la met entre guillemets. Et que dire de la «paix» qui unit les peuples sur terre?

On le voit, les guillemets hypothèquent l'amour, galvaudent l'amitié et détournent le sens des choses. C'est pourquoi nous répugnons à les utiliser.

Par contre, nous aurions aimé que le premier ministre du Québec et ses sbires saupoudrent leurs discours à l'emporte-pièce de guillemets précautionneux lorsqu'ils parlaient abondamment ce printemps de «vandalisme» à propos des manifestations étudiantes, de «violence» quand il s'agissait de carré rouge ou de «menace» alors que ce n'étaient que des casseroles. Mais il vrai que la nuance n'est pas la spécialité de nos «chers» politiciens par les temps qui courent.

Entre parenthèses, chers, sans guillemets, lecteurs, il faut que je vous avoue que ce billet m'a été inspiré par un «vieil» «ami».

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